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Témoignage d’Abdoulkarim Mohamed: L’impunité et la corruption à la direction générale des impôts de NGAZIDJA

impot comoresLorsque, j’ai mis mes pieds à la Direction générales des impôts, j’étais fier d’appartenir à une institution de l’État dont le nom est une vertu : la justice fiscale et l’égalité de tous devant l’impôt. Ma conception de fiscaliste était simple. Elle se fondait sur la signification du mot qui évoque la grandeur, la supériorité, et sur le rôle social des Fiscalistes. Pour moi, un Fiscaliste, on devait attendre plus que des qualités. C’est donc, tout naturellement que j’espérais pouvoir m’épanouir dans ce corps.

Mais, après quelque temps d’exercice de cette profession que j’aime tant et pour laquelle je me suis investi sans compter, je constate avec regret et amertume que l’organisation administrative dans laquelle sont enserrés les Fiscalistes met en danger les plus vulnérables et jette la suspicion sur les plus courageux.

Cela ne correspond ni à mes idéaux de justice et d’équité fiscale, ni à ma conception de fiscaliste. Dans ces conditions, il ne me reste pas beaucoup d’alternatives : en fait, elles sont deux. Soit je me confonds dans la moule, soit je rentre en rébellion.

Comme je n’ai pas été éduqué dans l’acceptation de compromission, j’ai choisi de défendre le système en dénonçant ses malheurs et son dysfonctionnement.

Je me bats pour la justice de mon pays comme je l’aurais fait pour n’importe quelle autre cause noble…

La corruption est devenue un principe. Soit tu rentres dans le mouvement, et tu deviens riche. Soit tu restes en marge de ce phénomène, et tu auras du mal à voir le bout du tunnel. Peu importe ce qu’on dit ou ce qu’on pense de moi, je fais mon choix.

Quand un agent des impôts accepte de l’argent ou des biens de quelqu’un qui a son dossier devant lui, peu importe ce qu’ils se sont dits, moi, j’y vois la corruption. Les justifications du genre « ce sont des cadeaux, des dons » me semblent fallacieuses. Personnellement, je considère que s’il y a un seul agent des impôts corrompu, cela est très grave parce qu’il va brimer un citoyen en faveur d’un autre, voire quand c’est plusieurs.

Il ne faut pas se voiler la face, l’ampleur de la corruption au sein de la Direction Générale des Impôts est plus que modérée, je suis bien placé pour le dire. Il faut simplement avoir le courage de sanctionner les agents indélicats, ceux-là qui, avec un salaire modique, mènent une vie de nabab. Ils doivent s’expliquer et partager leur secret, sinon ils doivent payer leur corruption. Si l’on attend de voir des contrats de corruption avant de sanctionner, je vous jure qu’on attendra bien longtemps.

‘’La corruption qui sévit dans la société comorienne n’épargne pas le monde fiscal, l’agent des impôts de Ngazidja n’étant pas isolé de son milieu’’. Je suis d’accord. Cependant, j’insiste sur le fait que celui qui prétend contrôler les contribuables doit se mettre au-dessus de la mêlée.

Aujourd’hui, pour beaucoup de citoyens comoriens, la DGI est aux ordres de la corruption et ne taxe pas les pénalités de retard et fait des prorata à celui qui a de l’argent pour corrompre. Et le chef de centre de la Gestion des Patentes est libre d’annoncer aux contribuables que » je ne mettrais pas la pénalité ou je ne multiplierais pas la TPU fois 3 ou 4 à condition que tu me donne un peu » Argent comptant, faisant ainsi de l’administration fiscale un commerce. Ceux-là qui se comportent en hommes d’affaires sont invités à se ressaisir. Nous avons un pays à sauver et un état de droit à instaurer. Malgré cela, le Directeur des impôts est au courant de la situation mais rien ne change. Comment le Directeur peut nommer un agent qui est sous contrôle judiciaire, chef de service ? C’est par ce que ils partagent le gâteau. Ainsi, le combat contre la corruption ne doit pas être mené isolément dans la mesure où « s’il y a des corrompus, il y a des corrupteurs ». Ce qui implique une responsabilité partagée. Récemment, la RAU n’est pas distribuée, Le DG a mal parlé au receveur par intérim du fait qu’elle a voulu distribué la RAU. Mais personne ne sait ce que le DG fait avec cet argent de la RAU à chaque mois. Des questions se posent, telles que : Qu’elle est le rôle du budget d’investissement et les autres recettes du service des domaines? Il est à noter que la RAU permet à l’Administration d’associer plus étroitement les agents à la bonne marche de l’Administration. Cette pratique de rémunération variable permet d’impliquer le personnel dans l’atteinte des résultats de l’Administration.

Il faudra finalement que le comorien se convainc qu’il est possible d’avoir raison sans avoir à user des pots-de-vin ou des relations. Nous demandons à son Excellence le Gouverneur de l’Ile de Ngazidja et au Commissaire en charge des finances de mener des enquêtes sur le train de vie ou d’exiger la déclaration de patrimoine de chaque agent des impôts pour rendre crédible la Direction Générale des Impôts. Avec tous les problèmes qui existent à la Direction Générale des Impôts de Ngazidja, Il y aurait tant à dire…mais nous nous gardons de les dénoncer pour l’instant en espérant le changement.

Mohamed Abdoulkarim   / Propos recueillis pour Comores-infos

 

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