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Tournante 2021: Le fils de l’ancien premier ministre Ibrahim Halidi est candidat à la présidentielle

Voici le message de candidature à la présidentielle de 2021 pour la tournante de l’île d’Anjouan :

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

En cette date si illustre de l’histoire de notre jeune nation, nous devrions être en ce jour, en train de nous rappeler la lutte ineffaçablement gardée en mémoire de celles et ceux qui ont œuvré pour notre indépendance. Nous devrions en ce jour béni nous rappeler les sacrifices, les combats malgré la disproportion des forces, les barouds d’honneurs. Nous devrions être en train de pleurer nos martyrs, de sanctifier nos héros, d’épousseter nos mausolées et de louer nos saints patrons.

Ce jour devrait être spécial pour les comoriens de tout bord. Un jour à marquer d’une pierre blanche comme on dit. Un jour de recueillement mais aussi d’embrassades. De fierté et de cet orgueil si caractéristique d’un peuple musulman et africain.

Oui il devrait. Car, certes, il ne l’est pas. Il n’est ni un jour de recueillement ni un jour d’embrassades. Ce qu’il est c’est un jour triste. Maussade. Semblables aux autres. Un jour de grisaille où en vérité personne n’a le cœur à faire la fête. D’Anjouan à Mohéli. De Ngazidja à Mayotte, où la consternation des compatriotes comoriens comme moi qui aspirent à des Comores prospères est à son paroxysme.

Aujourd’hui, lundi 6 juillet 2020, je regarde en arrière, comme il se doit en ce jour d’introspection, et ce dont je me rends compte c’est de l’ampleur des dégâts. Je vois combien la très grande majorité des comoriens a été flouée. A quel point les différents gouvernements qui se sont succédé ont lamentablement failli. Et je me demande ce que peut bien fêter le gouvernement actuel. Lui qui n’a réussi qu’a torpiller les rares acquis que nous avions à notre actif, les rares motifs de cohésion et de fierté nationale : les accords de Fomboni obtenus de haute lutte et si chers à la population anjouanaise qui en a payé le plus lourd tribut. Je me demande ce qu’il peut bien célébrer : lui qui a démantelé des institutions qui ont été mûrement réfléchies par l’ensemble des forces vives de la nation pour nous imposer des pitreries d’assises nationales qui n’ont pour seul et unique but que de le maintenir au pouvoir malgré les appels à la retenue et à la raison. Parce que s’ils veulent bien l’entendre : il est encore temps !

Si je vous écris aujourd’hui mes chers frères et sœurs comoriens, c’est que j’ai le cœur lourd.

Après plus de quarante ans d’indépendance, moi qui ai eu quarante ans il y’a tout juste quelques semaines de cela, suis intimement convaincu que toute nation qui se respecte devrait s’être déjà frayer un chemin vers la voie du développement. Nous comoriens, après avoir décidé de plein gré de prendre notre destinée à bras le corps en ce fameux jour de juillet 1975, devrions être à ce jour, quarante-cinq ans plus tard en train de célébrer les prémices si ce n’est les fruits du développement. Nous devrions être en train de célébrer la cohésion nationale si chère à nos yeux, la croissance économique d’un pays naturellement pourvu en eau, baignant dans l’abondance d’une mer si nourricière et gratifié entre autres de quelques-unes des cultures de rente les plus prisées au monde. Nous devrions être en train de nous enorgueillir du chemin parcouru et d’une place de choix dans le concert des nations.

Mais en dépit de cela, force est de constater qu’au fil des ans, des décennies, de ce jour dont les différents gouvernements ont contribué à méthodiquement dépouiller le sens, il ne reste que la symbolique.

Et triste est d’avoir à se rappeler en ce jour de bilan que nous caracolons toujours au stade des pays les plus pauvres de la planète. Malgré notre dignité. Malgré les bienfaits de la nature que le bon Dieu a bien voulu nous pourvoir. Malgré notre fierté et notre orgueil.

Alors mes chers frères et sœurs, en ce jour d’introspection, mais aussi de résolutions, je souhaiterais lancer un appel.

Lancer un appel à toute la communauté comorienne d’où qu’elle soit, mais en particulier à la jeunesse. Je souhaiterais les inviter, à compter de ce jour mémorable, à sonner le glas de ces gouvernements métastasés, sénescents, ces gouvernements qui ont fait leur temps sans jamais nous apporter que dissidence, marasme économique et désillusion.

Je les invite à rompre avec tous ceux qui, à un moment ou à un autre de notre histoire, ont eu à occuper des fonctions de hautes responsabilités sous toutes formes que ce soit. Je les invite à prendre eux-mêmes les rênes du pouvoir. Pacifiquement. Démocratiquement. Car ceux qui jusqu’ici ont tenu le gouvernail ont mené le pays à sa perte. Car chers frères et sœur l’heure est au nivellement. Au nivellement par le bas. Et seule une jeunesse consciente, éduquée et aux faites de la marche du monde peut sortir ce pays de l’ornière.

Ainsi je vous invite, jeunes de l’île d’Anjouan, à oser vous présenter massivement et à briguer les élections de 2021 dont la tournante, irrévocablement, revient de droit à l’île d’Anjouan. Et si par malheur des forces obscures venaient à vouloir entraver la bonne marche de notre jeune nation par je ne sais quelles manœuvres dilatoires, je vous invite chers frères et sœurs de l’ensemble des Comores à faire valoir vos droits et vous invite à la désobéissance civile.

Et c’est dans cette optique que je vous annonce aujourd’hui ma candidature aux élections présidentielles de 2021.

Une décision murement réfléchie bien qu’elle soit en partie motivée par l’état de déliquescence dans lequel se trouve le pays. Par l’amateurisme, la navigation à vue et du manque d’égards si ce n’est le mépris des gouvernants actuel envers le peuple comorien.

Je pense qu’il est grand temps d’apporter des réformes sociales dans ce pays. Des réformes dans lesquelles l’humain est au centre de toutes les préoccupations.

Il est inacceptable aujourd’hui que les personnes âgées, les personnes en situation d’handicap ou de précarité soit laissées pour compte. Qu’un enfant soit laissé à la seule charge de ses parents. Sur ce je m’engage solennellement à ce que les comoriens les plus vulnérables aient un revenu social optimal qui leur permette de mener une vie digne et descente.

Il est grand temps d’attaquer à la racine la corruption institutionalisée afin de donner une chance au pays d’attirer les investissements étrangers et nationaux. Sur ce je serais impitoyable face à toute manœuvre visant à privilégier l’intérêt personnel ou partisan au détriment de l’intérêt général.

Et afin de relever le défi de l’excellence, tout recrutement de la fonction publique doit se faire sur la base d’un concours national et les nominations au mérite et à l’expérience.

Et enfin nous demandons à la France, pays ami, de faire valoir sa considération à notre égard par des actions concrètes, pérennes et sans équivoques.

Et pour finir je voudrais demander pardon. Pardon pour avoir contribuer au retour d’Azali. Pardon pour avoir accordé ma confiance à un homme qui a souillé la charge de président de la république. Un homme qui de par le bilan catastrophique et la gestion chaotique est définitivement entré dans les annales comme le pire président de l’histoire de notre nation.

Sur ce, tout en souhaitant bonne fête à toutes et à tous, j’ose espérer que les prochaines célébrations nationales rassembleront dans la joie et l’allégresse l’ensemble du peuple comorien.

HALIDI ABDERMANE IBRAHIM Farid

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