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Tournante : les trois gouverneurs se rapprochent de l’opposition

Les trois gouverneurs ont exprimé à l’unanimité ce mardi leur volonté de défendre la tournante et l’autonomie des îles et demandent à « l’axe du mensonge » à ne pas toucher même une virgule. Tardive mais courageuse, cette position des trois gouverneurs se rapproche de celle de l’opposition qui a eu vent, bien avant, du projet maléfique visant à tripatouiller la constitution et à prolonger le mandat de l’actuel locataire de Beit Salam jusqu’en 2060.

Le mémorandum de ce mardi 6 février est échec cinglant de l’imam qui voulait mettre tout le monde dans une caverne dont seule une bougie allumée par lui seul permettra de savoir les vraies dimensions. Le discours sectaire qu’il a tenu au stade de Moroni en dit long sur ses ambitions de devenir «un monarque constitutionnel ». En voulant trop cacher, le Colonel finit par cracher. « Touche pas à ma tournante, c’est quoi ça, tournante, tournante, pourquoi vous les Moheliens et les Anjouanais… ». Il ne changera jamais…malgré les conseils qu’on lui prodigue tous les petits matins.

Il faut dire que les deux gouverneurs de Ngazidja et de Mohéli ont fait preuve d’une hypocrisie politique et d’une naïveté digne de dindes. Mais leur volonté de s’affranchir de l’imam et de s’unir pour défendre « une cause commune » relève du courage politique. Reste maintenant à défendre cette cause commune jusqu’au bout car le plus dur leur attend : menaces et intimidations, asphyxie financière, possibles gels de leurs avantages, coups bas…

Selon des sources à vérifier et à concorder, on va droit vers la modification de 7 articles de la constitution. Vrai ou faux ? Tout le laisse croire en analysant les déclarations des moutons d’Azali Assoumani qui ne savent pas de quel type de navire, «le Mais si » va leur faire embarquer. On parle d’un mandat de 7 ans au lieu de 5 ans actuellement. On parle de la suppression des gouvernorats et des postes des vice-présidents, on parle d’un possible renouvellement du mandat du chef de l’Etat en exercice.

Rien n’a été dévoilé officiellement mais comme aux Comores tout se sait à la seconde près, ça s’apparente à du vrai. Un referendum avant juillet, des élections avant décembre 2018 ? Rien n’est moins sur d’autant que si referendum ou élections il devrait y avoir, le pays a besoin d’au moins 6 mois minimum de préparation.

Impopulaire mais coriace, Azali Assoumani deviendra-t-il la première victime de ses propres manœuvres ? Doué d’un esprit de suffisance et d’une manie politique à croire rouler tout le monde, il finira par se faire rouler lui-même. Et il n’est pas trop tard d’empêcher l’opposition aux arguments fragiles de tirer les marrons du feu en abandonnant son projet décrié par presque la majorité de la classe politique y compris au sein de son propre camp.

La politique, c’est la somme des intérêts de gens qui la font. Si ces intérêts sont menacés, les claches sont dures à supporter. Les trois gouverneurs viennent de le prouver ce mardi 6 février en adressant un carton jaune au chef de l’Etat. Ils seront suivis par d’autres et bien d’autres encore. Menaces, intimidations, humiliations publiques… L’arrogance n’est pas bonne conseillère. On ne fait pas de la politique avec de la rage sinon tout le monde vous fait barrage.

A.S.KEMBA
JOURNALISTE

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