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Transfert de Bobocha à Moroni : « Pas de procédure d’extradition » selon son avocat

Inssa Mohamed, alias Bobocha, poursuivi pour « complots et détention illégale d’armes à feu » entre autres, est de nouveau transféré à Moroni depuis Madagascar le mercredi 27 janvier à bord d’un « vol privé ». Selon son avocat Me Aliarivelo Maromanana, cette extradition est illégale aux yeux de la loi malgache, car le procureur général de Majunga « n’a jamais déclenché une procédure d’extradition ».

« Bobocha est enfin à Moroni. Il ne nous échappera pas une seconde fois », soupire un membre du gouvernement d’Azali Assoumani. Nous sommes mercredi 27 janvier. Aux environs de 15h, l’avion transportant Inssa Mohamed, alias Bobocha, s’immobilise sur le tarmac de l’aéroport de Hahaya en provenance de Majunga, deuxième ville de Madagascar où le Comorien poursuivi pour association de malfaiteurs, complots et complicité, détention illégale d’armes à feu, non révélation de crimes et délits, recel des malfaiteurs, s’était réfugié.

Une opération voulue discrète par ceux qui ont eu à la conduire. Peut-être parce qu’à la dernière tentative une dizaine de jours auparavant, les autorités comoriennes avaient fait chou blanc. La pression de l’ONU, à travers son agence du Haut-commissariat pour les Réfugiés a eu raison des velléités d’Antanarivo, alors que l’avion était prêt à embarquer le mis en cause à destination de Moroni le 16 janvier 2021.

Pourtant, cette « extradition » n’en est pas une aux yeux de la loi malgache. En effet, à en croire l’avocat d’Inssa Mohamed, Me Aliarivelo Maromanana, que nous avons contacté via la messagerie WhatsApp, l’opération a été conduite dans la clandestinité. « Selon la loi malgache, c’est le ministère de la justice à travers le procureur général qui déclenche une procédure d’extradition. Mais ils ne sont au courant de rien. C’est juste au niveau de la gendarmerie de Majunga que tout a été décidé. Et quand on leur pose la question, ils répondent : c’est un ordre émanant d’en haut », déclare l’homme de droit.

C’est la deuxième fois en l’espace de 6 mois qu’Inssa Mohamed est transféré à Moroni depuis la Grande île. La première remonte au mois de juillet 2020. Une opération qualifiée d’« enlèvement extraterritorial commandité par l’État comorien » par les Nations Unies à travers son agence chargée des Droits de l’Homme à Genève. Pour Me Maromanana, le ministère de la justice malgache « n’a jamais été saisi pour ce dossier du début jusqu’à la fin » et son client « n’a jamais été présenté devant un juge ». « La loi n’a pas été respectée. En tant que demandeur d’asile il avait le droit de refuser d’être transféré dans un pays où sa vie et sa liberté sont menacées ».

Pour rappel, après son premier transfert à Moroni le mois de juillet, celui qui est considéré comme le cerveau de la tentative d’attentat à la dynamite contre l’avion du chef de l’État Azali Assoumani en avril 2020 à Anjouan, était détenu à la maison d’arrêt de la capitale fédérale sous le coup d’un mandat de dépôt, après un court séjour à l’hôpital militaire. Au mois de novembre, profitant de la liesse suscitée par le match opposant la sélection nationale au Kenya, il s’évade de la prison avec des dizaines d’autres détenus et s’est rendu à Madagascar.

A la brigade de la gendarmerie de Majunga où le demandeur d’asile était détenu à la suite de sa nouvelle arrestation le 13 janvier jusqu’ à son transfert à Moroni deux semaines plus tard, il avait les pieds et poings liés au sens propre du terme, d’après son avocat, qui rajoute que son client se plaignait de douleurs « partout ».

Difficile de croire que la gendarmerie et l’aviation civile malgaches aient pu organiser le transfert du « réfugié » sans que leur gouvernement ne soit impliqué dans cette messe basse. Auquel cas, le dindon de la farce aura été l’ONU…Encore faut-il rappeler qu’en 2012, envers et contre tous Moroni avait livré à Antananarivo un officier supérieur de l’armée malgache, le lieutenant-colonel Hubert Balbine, un proche de l’ancien président Didier Ratsiraka, poursuivi par la justice malgache pour assassinat, destruction de ponts et association de malfaiteurs.

Par Toufé Maecha, journaliste

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