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Transition chinoise : les "anciens" vont-ils prendre leur retraite ?

Le président chinois Hu Jintao a dressé un bilan flatteur de son bilan à la tête du Parti, lors de son discours, le 8 novembre, lors de l'ouverture du 18e congrès du PCC, à Pékin.

La nomination de Xi Jinping à la tête de la Commission militaire centrale, l’organe de direction suprême de l’armée, en même temps qu’au poste de numéro un du parti, va permettre à ce dernier de rompre plus nettement avec son prédécesseur, Hu Jintao, que celui-ci avait pu le faire avec l’ancien président Jiang Zemin.

M. Jiang avait conservé pendant deux ans le rôle de chef des armées avant de laisser la place à Hu. Alors qu’il n’a plus aujourd’hui à 86 ans aucun titre officiel, Jiang Zemin était assis à la gauche de Hu Jintao lors des sessions publiques du 18e Congrès du PCC du 8 au 14 novembre, ce qui est révélateur du rôle qu’il a continué de jouer dans les coulisses du parti.

Cette normalisation de la transition chinoise donne, en principe, les mains libres au nouveau secrétaire général du PCC. Un certain nombre de commentateurs spéculent qu’elle a été voulue par Hu Jintao, afin de mettre fin aux luttes internes et à la gérontocratie qui a continué de caractériser la politique chinoise dans l’ère post-Deng Xiaoping.

Selon des sources internes citées par le quotidien japonais Asahi, la décision a été prise le 11 novembre lors d’une réunion interne. Celle-ci aurait en outre entériné le principe de bannir l’intervention dans la vie politique des dirigeants à la retraite. « C’est une bonne chose que Hu ne soit plus président de la commission centrale militaire, cela signifie la fin de la politique des vieux », estime l’ancien journaliste et historien Yang Jisheng. « Celle-ci est une tradition, qui permettait de garder la stabilité au moment de la succession, mais le résultat c’est que les nouveaux dirigeants ont les pieds et les mains liés par leurs prédécesseurs. Comme Deng Xiaoping et Chen Yun qui n’ont cessé d’intervenir en politique après leur retraite. Jiang Zemin a à son tour aussi restreint Hu Jintao après 2002. C’est une marque d’intelligence de Hu Jintao de quitter immédiatement son poste de chef des armées », estime-t-il.

SCANDALE DE L’ACCIDENT DE FERRARI

M. Hu, spéculent d’autres analystes, n’a peut-être pas eu d’autre choix : il a pâti du scandale de l’accident de Ferrari dans lequel a péri le 18 mars le fils de son chef de cabinet, Ling Jihua, en plein scandale Bo Xilai. « Cela peut aussi signifier que Hu Jintao est affaibli. Ling Jihua n’est pas entré au bureau politique, c’est un mauvais coup pour Hu », estime le chercheur Michel Bonnin. Le mystérieux crash, qui s’était produit à l’aube, avait conduit à d’intenses spéculations dans la blogosphère chinoise, car le musèlement des informations avait été particulièrement important. Le conducteur du bolide était mort sur le coup (à moitié dévêtu), tandis que ses deux passagères, en partie nues elles aussi, avaient été gravement blessées (l’une est décédée depuis).

L’affaire Ling Jinhua a refait surface ces derniers jours dans les médias chinois en exil : le quotidien anglophone de Hongkong, le South China Morning Post, a révélé dans son édition que le patron de la CNPC, le géant du pétrole chinois, faisait l’objet d’une enquête disciplinaire, en raison de larges sommes d’argent – plusieurs millions de dollars – données par la CNPC aux familles des deux jeunes femmes accidentées, qui sont tibétaines du Qinghai. Selon l’hebdomadaire hongkongais Yazhou Zhoukan (en chinois ici), l’une était la fille du vice-chef de la police de la province du Qinghai, et l’autre, d’un rinpoche (une réincarnation).

Le site chinois Boxun, basé aux Etats-Unis, avait avancé le 3 juin que les compensations reçues par les familles des deux jeunes femmes avaient été payées par Ling Jihua et Zhou Yongkang, le membre du Comité permanent en charge de la justice et de la police et l’allié de Bo Xilai. Brice Pedroletti

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