23 novembre 2012
Tunisie : levée de l’interdiction d’une interview d’un gendre de Ben Ali
Slim Chiboub, le 3 janvier 2004 à Tunis ©AFP
TUNIS (AFP) – (AFP)
La justice
tunisienne a levé vendredi l’interdiction faite à
la chaîne télévisée Ettounsiya de
diffuser une interview de Slim Chiboub, gendre du
président déchu Zine El Abidine Ben Ali, revenant
sur une première décision qui avait
déclenché des accusations de censure.
« Nous avons gagné (…).Nous diffuserons
l’interview quand nous le voudrons », a déclaré
à Radio Express-FM Moez Ben Gharbia, le
présentateur de l’émission concernée, sans
préciser de date.
Selon les radios Mosaïque et Shems, le contentieux de
l’Etat avait déposé une requête en urgence
demandant d’interdire la diffusion de l’interview jeudi
soir, ce qui avait été accepté.Vendredi, une
seconde requête a demandé que l’interdiction soit
étendue à toutes les chaînes du pays et sur
internet.Cette plainte a été rejetée, et la
décision a aussi libéré Ettounsiya de l’interdit.
Des personnalités politiques et des médias avaient
dénoncé la décision comme un retour à la
censure en vigueur sous M. Ben Ali, chassé par une
révolte populaire en janvier 2011.
Le Premier ministre Hamadi Jebali, un des dirigeants
d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, avait pour sa part
dénoncé l’interview comme « un prélude
à une +normalisation+ planifiée des symboles de
l’ancien régime » et promis que « ce plan
machiavélique » ne serait pas toléré.
Ancien champion de volley-ball et homme d’affaires
surnommé « Monsieur Gendre », Slim Chiboub a
présidé de 1989 à 2004 le club omnisports de
l’Espérance sportive de Tunis (EST), dont l’équipe
de football est l’une des plus populaires du pays.
Réfugié aux Emirats arabes unis, il a été
condamné par contumace en mars à cinq ans de
prison pour détention d’arme à feu sans autorisation.
Ettounsiya TV entretient des relations difficiles avec les
autorités tunisiennes.Son patron, Sami Fehri,
ex-associé d’un beau-frère de Ben Ali, est en
détention depuis août dans le cadre d’une affaire
de détournements de fonds.
Peu avant son arrestation, il avait annoncé cesser la
diffusion d’une émission politique satyrique à la
suite de pressions d’Ennahda, qui a été
accusé à plusieurs reprises de chercher à
contrôler des médias en leur reprochant
d’être au service des tenants du régime déchu.
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