27 décembre 2012
Tunisie : un patron de télévision détenu en grève de la faim hospitalisé
Des manifestants tunisiens en faveur de Sami Fehri, le 27 décembre 2012 à Tunis ©AFP
TUNIS (AFP) – (AFP)
Sami Fehri,
le patron de la chaîne tunisienne Ettounsiya TV
incarcéré depuis fin août, a été
hospitalisé jeudi après une dégradation de
son état de santé au 10e jour d’une grève de
la faim pour exiger sa libération, ont annoncé son
avocat et de son épouse.
Dans la journée, une centaine d’artistes ont
manifesté en silence à Tunis pour exiger la
libération de M. Fehri, pour lequel les rassemblements
de soutien se sont multipliés ces derniers jours,
mobilisant des députés de l’opposition, des
journalistes et défenseurs des droits de l’Homme.
« Sa santé s’est gravement détériorée
et les médecins ont décidé de le maintenir
sous contrôle à l’hôpital », a
déclaré à l’AFP Me Abdelaziz Essid.
Selon son épouse Asma, qui était à son chevet,
il doit passer la nuit au service de réanimation à
l’hôpital Habib Thameur de Tunis, où il avait
été admis en urgence dans l’après-midi. »Sa santé s’est beaucoup dégradée, il a
perdu 13 kilos, mais il a refusé d’être
perfusé », a-t-elle déclaré.
« Malgré le danger qu’il encourt, Sami reste
très déterminé à poursuivre la
grève jusqu’à sa libération, sa famille et
ses amis n’ayant pas réussi à lui faire changer
d’avis », a-t-elle dit à l’AFP.
Sami Fehri observe depuis le 18 décembre une grève
de la faim dite sauvage, se privant de nourriture mais aussi d’eau.
La Cour de cassation a ordonné sa libération fin
novembre, mais le parquet a empêché à deux
reprises l’application de cette décision, assurant que
la Cour de cassation n’était pas compétente.
M. Fehri est
inculpé de complicité de détournement de
fonds publics et risque 10 ans de prison dans le cadre d’une
affaire de corruption remontant à l’époque du
président déchu Zine El Abidine Ben Ali.
Le patron d’Ettounsiya et ses défenseurs évoquent
« un acharnement judiciaire » en représailles
à une émission satirique politique diffusée
par la chaîne pendant l’été et suspendue,
selon M. Fehri, sous la pression de responsables du parti
islamiste Ennahda au pouvoir.
Les autorités affirment vouloir « assainir » le
secteur des complices du régime déchu, rappelant
que M. Fehri était un associé de Belhassen
Trabelsi, beau-frère de Ben Ali aujourd’hui en fuite au Canada.
L’affaire a été renvoyée devant la chambre
d’accusation pour le 3 janvier.
Tous droits de reproduction et de représentation
Réagissez à cet article