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Tunisie : un second islamiste meurt en grève de la faim

17 novembre 2012

Tunisie : un second islamiste meurt en grève de la faim

Mohamed Bakhti, porte-parole des étudiants salafistes, le 8 décembre 2011 à Manuba, à l’ouest de Tunis ©AFP

TUNIS (AFP) – (AFP)

Une figure
des salafistes jihadistes tunisiens, Mohamed Bakhti, est
décédé samedi après deux mois de
grève de la faim pour protester contre sa
détention, devenant le deuxième islamiste à
mourir ainsi cette semaine et laissant craindre des tensions
avec cette mouvance radicale.

« Il est décédé dans la nuit vers 02H00
(01H00 GMT samedi) du matin à l’hôpital », a
indiqué l’avocat, Abdelbasset Ben Mbarek, rappelant
qu’un autre de ses clients, Bechir Gholli, était mort
jeudi après avoir refusé de s’alimenter en
détention pendant près de 60 jours.

Bakhti était dans le coma et dans un état
désespéré depuis plusieurs jours.Son avocat
avait indiqué s’attendre au décès de son
client, qui souffrait aussi d’une hémorragie cérébrale.

Bakhti et Gholli avaient débuté leur grève de
la faim fin septembre, quelques jours après leur
arrestation dans le cadre de l’enquête sur l’attaque de
l’ambassade des Etats-Unis par une foule de militants
islamistes, dont une centaine ont été arrêtés.

Les deux hommes clamaient leur innocence et
dénonçaient leurs conditions de détention,
alors que la mouvance salafiste jihadiste tunisienne
s’estime victime d’une répression injustifiée.

Le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, issu du parti
islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement, avait
laissé entendre vendredi que Bakhti n’était plus
sous la responsabilité des services pénitentiaires
depuis le 11 novembre, date à laquelle la justice a mis
fin sa détention provisoire.

« Son état s’est dégradé après sa
remise en liberté », a affirmé le ministre.

Mais pour Me Ben Mbarek, le défunt était
déjà dans un état désespéré et
il a déclaré à l’AFP vendredi que les
autorités avaient pris la décision de libérer
Bakhti sachant « qu’il allait mourir ».

Le décès de Bakhti est jugé
particulièrement sensible car il était une figure
de la mouvance jihadiste et un proche d’Abou Iyadh,
l’organisateur présumé de l’attaque contre
l’ambassade américaine, qui échappe toujours
à la police.

Condamné en 2007 à 12 ans de prison après des
affrontements sanglants entre l’armée et des islamistes
à Soliman, près de Tunis, sous le régime du
président Zine El Abidine Ben Ali, Mohamed Bakhti a
bénéficié de l’amnistie
décrétée après la révolution de 2011.

Il était aussi la figure de proue d’un mouvement de
contestation au printemps à l’université de la
Manouba (banlieue de Tunis) où des salafistes ont
engagé un bras fer avec la direction de la faculté
pour l’obliger à autoriser les étudiantes à
porter le niqab, le voile islamique intégral.

Un doyen de la faculté, Habib Kazdaghli, doit d’ailleurs
être jugé la semaine prochaine pour avoir
giflé une jeune étudiante portant le niqab.

La mouvance salafiste tunisienne est responsable, selon les
autorités, de plusieurs coups d’éclat, parfois
sanglants, depuis la révolution de janvier 2011.

Fin octobre, deux militants ont été tués dans
un quartier de la Manouba lors de l’attaque de postes des
forces de l’ordre.Le 14 septembre quatre assaillants ont
été tués dans un assaut contre l’ambassade
des Etats-Unis à Tunis.

Aucun incident n’a cependant été signalé
après le décès de Gholli vendredi, le jour de
la grande prière hebdomadaire que les islamistes ont
par le passé privilégié pour organiser des manifestations.

Abou Iyadh, chef du courant Ansar al-charia (Partisans de la
charia), avait appelé le 2 novembre ses partisans au
calme, tout en mettant en garde les autorités contre
une « explosion de colère ».

Libéré lui aussi à la faveur de l’amnistie
post-révolutionnaire, Abou Iyadh était l’un des
dirigeants du groupe de Tunisiens proche des talibans
afghans qui a organisé l’attentat ayant tué le
commandant Massoud le 9 septembre 2001.



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