Entre les promesses électorales du nouveau chef de l’ Etat et une situation budgétaire alarmante, le nouveau gouvernement va être confronté dans les prochains mois à des crises de liquidité. Il sera difficile d’honorer les promesses électorales si les caisses de l’Etat sont vides. C’est pourquoi le nouveau ministre des finances a annulé à la vite les contrats de recrutement signés à partir de janvier 2016.
L’équipe gouvernementale sortante s’est autorisée à recruter à tout va au mépris des recommandations des institutions internationales. La masse salariale a explosé d’une manière inquiétante , ce qui rend le paiement des agents de l’ Etat aléatoire. Ce n’est pas une surprise , les règles de gestion budgétaire ne sont jamais respectées aux Comores.
L’Etat n’est plus capable à des situations pareilles à faire face à ses engagements ( paiement des salaires et règlements des fournisseurs locaux). Plongée dans une crise d’énergie, l’Union des Comores connait depuis décembre 2013 un ralentissement de la croissance économique limitée à 0.69 pour cent et 1 pourcent en 2014.
Avec la fin du programme de citoyenneté économique qui procurait d’importantes ressources budgétaires et les difficultés de l’Etat à opérationnaliser une réelle administration des impôts et domaines ; c’est pourquoi le gouvernement sortant a fait face à certains moments à une vive tension de trésorerie , qui est à l’origine de l’accumulation d’importantes arriérés de salaires ; on se souvient des vingt milliards octroyés par l’ Arabie Saoudite pour éponger les arriérés de salaires d’octobre à décembre 2015. Pour redresser le pays les nouvelles autorités doivent travailler en amont plus particulièrement l’ administration comorienne . Nous tenons à rappeler que la qualité du service public aux Comores est une des plus faibles du continent et l’effectivité du service public n’est pas garantie . La gestion de l’administration publique , notamment des effectifs montre beaucoup plus de faiblesse , ce qui explique que la masse salariale représente presque 70 pourcent des recettes intérieures . La prépondérance des dépenses de fonctionnement notamment salariale dans le budget de l’ Etat constitue une forte contrainte au développement dont le financement est assurément par l’ aide extérieure . On ne peut pas développer ce pays si l’Etat ne dispose pas des recettes propres pour payer les agents de l’Etat , la manie des gouvernements successifs qui consiste à solliciter à nos partenaires extérieurs une aide financière conséquente pour payer les fonctionnaires doit être bannie ; on procède à un emprunt pour investir mais pas pour consommer.
Toutes les études économiques sur les Comores montrent que le secteur administratif explose , pour relever ce pays il faut développer le secteur privé créateur d’emplois ; donc ceci est possible à condition de développer le secteur bancaire soutien en amont de toute initiative privée.
La création des entreprises a besoin des banques or le développement du secteur financier aux Comores est confronté à un environnement juridique très défavorable au secteur bancaire . Il faudrait que le vice- président chargé de l’économie et des finances établit un audit des besoins et de création d’entreprises en collaboration avec des acteurs économiques volontaires à investir au pays et de solliciter aux établissements bancaires existants la création d’un central des risques et les facilités accrues de crédits pour toute création d’entreprises . Les cent jours du gouvernement AZALI 1 risquent de connaître des passes difficiles .
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY
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