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Un vaste trafic de passeports diplomatiques « 2.800 » démantelé

2.800 passeports diplomatiques des Comores ont été délivrés entre 2008 et 2016, chiffre étonnant pour un pays de 800 000 habitants. 184 passeports diplomatiques ont été vendus à des non-Comoriens, précise une enquête de Philipe Engels pour Reuters. L’entreprise belge Semlex, qui s’occupe de la délivrance du passeport biométrique d’une dizaine de pays africains, est dans le viseur de la justice.
Le scandale est arrivé par deux hommes d’affaires qui contournaient l’embargo américain avec l’Iran. Ils avaient tous deux (obtenu) la nationalité comorienne, ce qui a alerté les autorités américaines. Interpol s’est saisi de l’affaire et à découvert des centaines de faux passeports établis aux Comores. 

Les enquêteurs se sont immédiatement tournés vers l’entreprise Semlex qui produit les passeports comoriens. Semlex fournit une dizaine de pays africains en documents de voyage : passeports, permis de conduire, cartes d’identité.
Pour le président de la commission d’enquête du parlement comorien : «Semlex est un acteur clé… Nous avons convoqué son patron Albert Karaziwan pour qu’il vienne s’expliquer mais il ne s’est pas présenté.» Détenteur de trois passeports diplomatiques des Comores, Albert Karaziwan est un homme important pour ce petit archipel, de la côte Est de l’Afrique. Même s’il habite en Belgique.
Corruption et valise diplomatique

En juin 2004, l’écrivain et homme politique bissao-guinéen, Helder Tavares Proenca, a été nommé représentant de Semlex en Guinée-Bissau, selon les documents de la société étudié par Reuters. En novembre 2005, il est devenu ministre de la Défense. Dès le début de l’année 2006, Semlex a obtenu des contrats pour fournir le pays en passeports, visas, cartes d’identité et cartes de résidents étrangers, selon les copies des accords que Reuters a pu consulter.
Les documents de Semlex prouvent que l’entreprise a payé à Helder Tavares Proenca la somme de 94.000 dollars entre 2004 et 2009. L’homme politique a été assassiné en 2009. La police soupçonne que ceci est lié à un trafic de drogue.
Vendre la nationalité comorienne

Albert Karaziwan a aussi été impliqué dans un programme mis en place par le gouvernement des Comores. Son but : fournir la nationalité comorienne aux populations bidounes, bédouins apatrides venant du Koweit ou des Emirats Arabes Unis. Ce programme a permis aux gouvernements du Golfe de doter les Bidounes de documents officiels sans pour autant leur offrir eux-mêmes la citoyenneté. Il a aussi donné aux Comores la possibilité d’augmenter leurs revenus, aux termes de la loi autorisant cette initiative. Des documents du précédent gouvernement comorien, datés de 2012, révèlent que le pays a reçu plus de 4.500 dollars pour chaque nationalité accordée.
Outre ce programme officiel, la citoyenneté comorienne et des passeports ont aussi été vendus à une centaine de personnes, à des prix bien plus élevés. Selon le journaliste indépendant belge Philippe Engels, «chez Semlex, il est arrivé qu’on vende des passeports ou qu’on facilite l’acquisition de passeports à des tarifs qui (atteindraient) 100.000 euros l’unité.» De tels passeports permettent en général à leurs détenteurs de voyager plus aisément, ouvrent des portes et, dans certains cas, facilitent les affaires.
Selon Souef Mohamed El-Amine, l’actuel ministre des Affaires étrangères comorien, le gouvernement essaie d’établir combien de passeports ont été délivrés et qui les a reçus. «Ces documents représentent de potentiels risques pour la sécurité du pays», a-t-il dit.

70 millions de passeports congolais

Les activités d’Albert Karaziwan coûtent cher aux citoyens africains. Reuters révèle comment l’homme d’affaires a conclu un accord visant à fournir des passeports biométriques à la République démocratique du Congo. «Pour ces passeports, les citoyens doivent payer 185 dollars l’unité, contre 100 dollars auparavant. Sur ces 185 dollars, 60 vont directement à une société obscure du Golfe, propriété d’un proche du président congolais Joseph Kabila, selon des documents et une source proche du dossier», affirme Philipe Engels.
Par Michel Lachkar/France info 

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