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Une journaliste refoulée de la Cour suprême à cause de sa tenue

Sa jupe, qui n’a dépassé que très légèrement les genoux, a été jugée « trop courte ». Elle a été priée d’aller se changer et revenir. Les organisations des journalistes ne sont pas restées les bras croisés.

Elle s’appelle Hissane Mhoma. Une journaliste qui travaille pour le quotidien de l’État Al-watwan. Samedi 17 octobre, elle a été envoyée à la Cour suprême couvrir un évènement qui s’y déroulait. Une fois dans la salle, un monsieur qu’elle croit être de l’administration s’est dirigé vers elle. Il lui a intimé l’ordre de quitter la salle à cause de sa tenue (une jupe qui n’a dépassé que très légèrement les genoux) jugée « indécente » et que si elle souhaitait revenir elle n’avait qu’à aller se changer. La reporter a déguerpi le cœur gros.

« C’est une humiliation pure et simple. Jusqu’à quand doit-on encore subir ça ? », s’emporte la directrice de la station radio Hayba FM, Tahamida Mze, rappelant au passage qu’aucun texte n’a été voté dans ce sens. Quant à Hayatte Abdou, une journaliste engagée, elle s’en prend à celui qui a refoulé Hissane Mhoma de la Cour. Elle lui demande de démissionner s’il ne parvient pas à « se retenir » devant des tenues qui ne couvrent pas intégralement le corps de la femme.

Même son de cloche pour les organisations de défense des droits des journalistes. La section comorienne de l’Union internationale de la presse francophone regrette profondément « cette mentalité de certains d’entre nous qui hyper-sexualisent le corps de la femme. A des degrés différents bien évidement, selon la contrée », réagit son président Toufé Maecha, avant de poursuivre : « Je crois que nos institutions, au premier rang desquelles la Cour suprême, se doivent d’être des vecteurs de transmission des valeurs républicaines, qui priment sur les autres valeurs religieuses et coutumières, pour que notre République puisse enfin se porter à merveille ! »

De son coté, le Syndicat national des journalistes qualifie d’« offensant ». « Un homme ou une femme de média c’est comme un soldat », estime son président Ali Abdou, comme pour dire que si le devoir nous appelle, nous n’avons pas à fouiller dans nos dressings avant de partir. « Nous dénonçons formellement cet acte. D’autant plus qu’aucun texte ni loi ne parle du mode vestimentaire de la femme », poursuit le SNJC. Aux dernières nouvelles, la Cour a présenté ses excuses à la rédaction d’Al-watwan. L’auteur de la bévue ne serait pas encore identifié.

Rappelons que ça n’est pas la première fois qu’une journaliste est prise à partie dans de telles circonstances. En 2018, Abouharia Said Abdallah, également journaliste d’Al-watwan, s’était vue refuser l’accès au foyer des femme de Moroni parce qu’elle est…une femme (l’évènement avait rassemblé dese hommes, Ndlr). Leur collègue Faiza, elle, en voit des vertes et des pas mûres. Elle se fait régulièrement agresser tantôt parce qu’elle est une femme, tout simplement, tantôt à cause de sa tenue vestimentaire.

Andjouza Abouheir/La Gazette des Comores

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