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Une longue tradition d’infamies  

Opinion libre : Nous sommes nombreux à avoir appris la débaptisation de l’aéroport AIMPSI en écoutant le journal de Ortega du vendredi 21/09/18 au soir. C’est son directeur actuel qui l’a annoncée lui-même. S’en est suivie une émission de libre expression. Face à l’indignation générale, certains proches du régime ont tenté de se justifier en minimisant voire en niant cette information. Mais, Ortega a repassé l’interview que lui a accordée le directeur pour prouver sa bonne foi et la véracité de l’information.

Depuis vendredi, les soutiens inconditionnels du régime sont montés au créneau pour nous expliquer que le nouvel organisme ADC (Aéroports Des Comores) serait l’équivalent de l’ADP (Aéroports De Paris) chargé de la gestion, notamment logistique, des aéroports parisiens. Cette explication ne tient pas. Puisqu’il existe déjà aux Comores un organisme équivalent, COM’AIR ASSISTANCE, créé il y a une quinzaine d’années.

Pour mettre un terme à cette confusion, Ortega a réinvité le directeur de l’aéroport AIMPSI à son journal du lundi 23/09/18. Ce dernier a réitéré son propos de vendredi 21/09/18 au soir. Je n’ose croire que ce directeur serait analphabète au point de mal interpréter le décret en question. Ayons l’humilité de reconnaître que ce dernier est mieux informé des intentions du président Azaly qu’un simple employé de l’aéroport ou un Saïd Hilali. De plus, face à ce tollé général, aucun démenti n’est venu du gouvernement pour réfuter cette information.

Devrions nous nous étonner de cette dernière indignité du président ?

Comme l’a rappelé l’ex-vice-président Mohamed Ali Soilihi alias Mamadou sur la chaîne de Ortega le lundi 23/09/18, Azaly ne cesse d’inaugurer avec un faste ridicule des tronçons de routes sans jamais rendre hommage à son prédécesseur, l’ex-président Ikililou Dhoinine, qui en a obtenu les financements.

De même, il a inauguré en août 2017 « l’hôpital » de Bambao Mtsanga à Anjouan sans avoir la courtoisie d’inviter l’initiateur de ce projet, l’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Je tiens à rappeler que la Chine a livré ces bâtiments vides sous le mandat de l’ex-président Ikililou. Mais ce dernier a eu la sagesse de ne pas l’inaugurer, estimant, avec raison, que l’hôpital ne sera achevé que lorsqu’il sera doté de tous les équipements nécessaires. Azaly s’est précipité pour s’approprier l’oeuvre de M. Sambi en pensant ainsi leurrer les Comoriens. Azaly s’est dupé lui-même. Puisque tout le monde constate que cet « hôpital » est jusqu’aujourd’hui non fonctionnel.

Il est à noter que ces actes discourtois ne sont pas nouveaux. A l’inauguration de notre premier aéroport international, l’ex-président Ahmed Abdallah n’avait pas invité le prince Saïd Ibrahim, le promoteur de cette infrastructure. L’ironie de l’histoire est que ceux-là mêmes qui y fanfaronnaient étaient les premiers à s’opposer farouchement à ce projet. Ils estimaient que l’aérodrome de Moroni-Iconi était largement suffisant. Les arguments avancés étaient d’une bassesse telle que je n’oserais les répéter ici de peur d’être accusé de calomnie. J’invite les lecteurs à écouter ces discours. Les bandes sonores étaient conservées aux archives de Radio-Comores jusque dans les années 1990. J’espère que depuis, on ne les a pas fait disparaître.

Les Comoriens doivent savoir que le projet initial que le Prince Saïd Ibrahim avait négocié avec son ami, gaulliste comme lui, le président Georges Pompidou, était bien plus ambitieux. C’est à cause de l’opposition de notre classe politique de l’époque qu’il a du se résigner à arracher difficilement ce projet a minima.

Cependant, pour ma part, cette histoire de débaptisation de l’aéroport est anecdotique. Puisque nous sommes tous de passage ici-bas, tout règne a une fin, et surtout l’Erreur est destinée à disparaître, comme nous le rappelle Allah (swt) dans le Saint Qur’an (S17V81).

La question essentielle qui mérite d’être posée est celle-ci : est-il possible de bâtir un pays dans un environnement aussi malsain basé sur la haine et le mensonge généralisés ?

A un certain moment de notre histoire, deux adversaires politiques, le prince Saïd Ibrahim et le Dr Saïd Mohamed Cheikh ont su former une union sacrée pour défendre au mieux les intérêts des Comores auprès des autorités françaises. A la mort de son prédécesseur, le Prince ne pouvait évoquer le nom de celui-ci sans blêmir. Parce qu’au-delà de leurs divergences de vue, ils se savaient complémentaires. Ils avaient en commun l’intégrité et l’amour sincère pour la Patrie.

En 1995-96, mon propre père Si Mohammed Naçr-Ed-Dine s’est battu contre vents et marées lors des négociations de Tananarive pour le retour d’exil de l’ex-président Saïd Mohamed Djohar déporté à la Réunion à la suite d’un coup d’Etat perpétré par l’affreux Bob Denard. Son objectif était d’offrir à notre pays une passation de pouvoir en bonne et due forme entre deux présidents, pour la première fois de notre histoire.

Aujourd’hui, M. A A. Sambi, à qui Azaly doit la victoire, est traité comme un simple délinquant en violation de toutes les règles judiciaires et sans le moindre respect du rang qui lui est dû en tant qu’ancien chef d’Etat… Au moment même où des dignitaires et autres proches du régime n’ont jamais été inquiétés par une justice aux ordres ; alors qu’ils sont eux-mêmes impliqués dans les faits qui sont reprochés à A A. Sambi. Des personnes non encore jugées, donc présumées innocentes, croupissent dans des cachots insalubres, traitées comme des criminels, sans le moindre respect de leurs droits humains. Sans préjuger de la culpabilité ou non des uns et des autres, face à l’arbitraire, nous sommes en droit, nous simples citoyens, de douter de la volonté affichée du président de lutter contre la corruption. Cette instrumentalisation de la « Justice » n’est-elle pas destinée à neutraliser des opposants embarrassants ?

Qu’Allah (swt) préserve notre chère Patrie en y ramenant la paix, la justice, la fraternité, la tolérance, le respect, etc. ! Car ce sont ces valeurs qui ont forgé notre société depuis des millénaires.

M. Barakat Naçr-Ed-Dine

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