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Vers un duel Bersani-Renzi au second tour des primaires de la gauche italienne

ROME (correspondant) – Le duel annoncé aura bien lieu. Pierluigi Bersani, 61 ans, secrétaire général du Parti Démocrate (PD, gauche), retrouvera Matteo Renzi au second tour des primaires qui, le 2 décembre, désigneront le candidat de la gauche aux élections générales du printemps 2013.

Le premier obtiendrait environ 44,5 % des voix, selon des résultats partiels publiés à 23 heures. Son jeune dauphin, Matteo Renzi, 37 ans, recueillerait aux alentours de 36,5 % des suffrages. Le gouverneur des Pouilles, Nichi Vendola, était lui crédité de 14 % des votes. Les deux autres candidats, Laura Puppatto et Bruno Tabacci, se partageant des miettes.

Une fois encore les Italiens ont répondu présent à une consultation politique. Malgré vingt ans de populisme berlusconiste et la montée inexorable du Mouvement 5 Etoiles – le parti « anti-politique » du blogueur et comique Beppe Grillo -, prés de 4 millions d’Italiens se sont rendus aux urnes. Moins qu’en 2006 pour porter Romano Prodi à la tête de la coalition de gauche, plus qu’en 2010 pour élire Pierluigi Bersani à la tête du PD.

Pour le politologue et spécialiste de l’Italie Marc Lazar, cette consultation est un « démenti, peut-être provisoire, à la défiance vis-à-vis des partis politiques qui, en Italie, jouissent d’un cote de confiance de seulement 4 %. » « Les gens se mobilisent », poursuit le professeur à Sciences-Po et à l’université romaine de la Luiss. Selon lui, la figure nouvelle de M. Renzi explique cette forte participation : « Il a su mettre le doigt là où cela fait mal, à savoir la gérontocratie, le véritable mal de l’Italie. »

UNE ÉTOILE EST NÉE DIMANCHE

En se qualifiant pour le second tour, M. Renzi ne fait pas que confirmer son statut de « chouchou des médias« , il démontre qu’il a su traduire une partie du malaise italien. « Il y a bien sur une part de démagogie dans son positionnement, explique M. Lazar. Son appel à la « rottamazione » (la mise à la casse) de la veille garde du parti peut apparaître démagogique, mais les « renzistes » aujourd’hui existent et l’oligarchie du PD devra en tenir compte dans le futur. »

Autre enseignement : alors que la loi électorale, qui devra régir les élections du printemps, et la question des alliances à gauche ne sont toujours pas tranchées, les Italiens se sont rués vers les urnes. La parenthèse démocratique ouverte à la suite de la désignation, sans vote, de Mario Monti au poste de président du conseil, semble se refermer quand bien même les centristes, les milieux d’affaires et catholiques voudraient la prolonger.

« Ce n’est pas à proprement parler un vote anti-Monti, explique M. Lazar, mais l’expression d’une volonté de s’emparer à nouveau de la politique et de ne pas laisser la main mise sur la Péninsule aux seuls technocrates. »

Mais au-delà de la gauche et du sort de M. Monti, ce scrutin est également riche d’enseignements pour la droite italienne. A l’heure où M. Berlusconi, éternel cheval de retour, tente de faire accréditer l’idée qu’il pourrait, une nouvelle fois, conduire une partie de la droite aux élections malgré son fiasco politique et privé comme président du conseil, le succès des primaires semblent condamner son initiative. Le Cavaliere a 15 ans de plus que M. Bersani, 40 ans de plus que M. Renzi qui se départageront dans une semaine. Presque une génération. Un gouffre.

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