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Violents heurts en Thaïlande pendant une manifestation de royalistes

La police thaïlandaise a tiré samedi des grenades lacrymogènes et arrêté des dizaines de personnes lors d'un rassemblement contre le gouvernement à Bangkok, le 24 novembre.

La police thaïlandaise a tiré samedi des grenades lacrymogènes et arrêté des dizaines de personnes lors d’un rassemblement tendu contre le gouvernement à Bangkok. Quelque 17 000 policiers étaient déployés pour encadrer cette manifestation organisée par le groupe ultra-royaliste Pitak Siam (« Protéger le Siam », ancien nom de la Thaïlande), qui milite pour la chute du gouvernement de Yingluck Shinawatra.

Environ 20 000 personnes selon la police, dont des membres du mouvement royaliste des « chemises jaunes » qui ont fait tomber plusieurs cabinets, participaient à ce rassemblement, le plus important contre le gouvernement de Yingluck depuis son arrivée au pouvoir à l’été 2011. Un chiffre bien loin du demi-million espéré par les organisateurs qui avaient envisagé de rester jusqu’à dimanche mais ont finalement appelé les participants à rentrer chez eux samedi en fin d’après-midi. « Je ne peux pas perdre une seule vie, alors je déclare la manifestation terminée », a annoncé le chef du mouvement, le général à la retraite Boonlert Kaewprasite.

Samedi matin, la police a tiré des grenades lacrymogènes vers un groupe de manifestants qui tentaient de traverser des barrières et des barbelés près du site du rassemblement, Royal Plaza.  Une centaine de participants ont été interpellés et des couteaux et des balles confisqués, a indiqué un porte-parole de la police. Selon le centre de secours Erawan, plus de 40 personnes, dont des policiers, ont été soignées pour des coupures et autres blessures.

Lors d’une intervention télévisée il y a quelques jours, Yingluck, sœur de l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, avait craint que les organisateurs ne veuillent « renverser un gouvernement élu », en étant « prêts à utiliser la violence ». Dans cette perspective, le gouvernement avait accru le pouvoir des forces de l’ordre en faisant appel à une loi d’exception. Cette Loi de sécurité intérieure (ISA), imposée sur trois districts du centre historique de la capitale, permet notamment l’instauration d’un couvre-feu, la fouille de bâtiments et la censure des médias.

UN ROYAUME DIVISÉ

La Thaïlande vit depuis des années au rythme d’immenses mouvements de rues, dont plusieurs sont parvenus à faire chuter des gouvernements en dépit du résultat des urnes. Le royaume est profondément divisé entre les populations rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est du pays, fidèles à Thaksin, et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal.

Certains des manifestants de samedi appartenaient néanmoins aux classes défavorisées, où certains considèrent Thaksin comme une menace pour la monarchie. « Je suis venu ici pour (protéger) notre nation, notre religion et le roi. Je ne supporte pas qu’ils manquent de respect au roi. Je veux que le gouvernement démissionne », a ainsi déclaré Namsai Jantarat, paysanne venue de Chiang Mai, dans le nord.

La famille royale n’a aucun rôle politique officiel mais son image est protégée par l’une des lois les plus sévères du monde. Les condamnations pour lèse-majesté se sont multipliées depuis 2006, souvent à l’encontre de militants proches des « chemises rouges » pro-Thaksin.

L’ancien magnat des télécommunications, renversé par un coup d’Etat militaire en 2006, vit en exil pour échapper à une peine de prison pour malversations financières. En 2010, les « chemises rouges » avaient occupé Bangkok pendant deux mois pour réclamer la chute du gouvernement de l’époque, avant un assaut de l’armée. La crise, la pire qu’ait connue la Thaïlande moderne, avait fait 90 morts et près de 2 000 blessés.

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