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Visite du Directeur pays de l’Unfpa : Un constat « alarmant » pour les infrastructures sanitaires

La délégation de l’Unfpa, qui a séjourné à Ndzuani du samedi au mardi dernier, a consacré la journée de lundi à des visites sur le terrain. Cette forte délégation a sillonné l’île pour voir dans quelles conditions fonctionnent les structures sanitaires bénéficiant des appuis de l’Unfpa. C’est ainsi que le représentant local de l’organisme a fait visiter son hôte, les districts de santé de Sima et Pomoni et le centre de santé de Mremani. Si Constant-Serge Bounda dit être «surpris de la recrudescence» des viols sur les jeunes filles, il n’en est pas moins pour les mariages et grossesses précoces enregistrés dans l’île.

A la veille, alors qu’il visitait la cellule d’écoute de Mutsamudu, le directeur pays a appris le cas d’une mineur de 16 ans violée et engrossée et qui attendait d’être césarisée. Il a dû voler à son secours à l’hôpital de Hombo où il découvrira un autre cas d’une autre mineur, d’une famille précaire, abandonnée par les sages-femmes. Un cas parmi plusieurs autres qu’il découvrira pendant sa visite.

Dans ces structures visitées, les conditions de travail sont les mêmes comme dans les districts sanitaires des autres îles. Absence de plateau technique adéquat, bâtiments délabrés, un personnel insuffisant, un taux élevé de sages-femmes qui travaillent dans le bénévolat, instruments rouillés, manque d’échographie, entre autres. Au district de santé de Sima, où la maternité enregistre 60 accouchements en moyenne par mois, seulement 2 sur les 12 sages-femmes y exerçant sont des fonctionnaires de l’Etat. Le projet Pasco prend en charge les analyses médicales des femmes enceintes, les accouchements et les césariennes, comme dans d’autres districts. De 2015 à 2018, aucun décès maternel n’a été enregistré. On apprendra ici que les Comores enregistrent cette année 16 décès maternels dont 8 à Ndzuani : quatre sont « des décès communautaires» et quatre autres en milieu hospitalier.

Le district de santé de Pomoni

En ce qui concerne le district de santé de Pomoni, qui couvre 42.165 habitants avec ses 15 localités, 55 accouchements sont enregistrés par mois. Les cas les plus compliqués sont transférés à Hombo, selon les responsables de ce district et ce pour 1h 30 mn de trajet. Pour le centre de santé de Mremani, dans la région Numakele, qui couvre 75.585 habitants, il est servi par 19 sages-femmes, dont 3 seulement sont des employées de l’Etat. Les autres sont des bénévoles.

La pauvreté est de plus en plus perceptible dans cette région où le taux d’alphabétisation laisse à desirer. Le taux de grossesse est également élevé, le centre effectue 10 évacuations par mois. C’est la région la plus surpeuplée de l’île. Ce centre de santé, qui effectue 70 accouchements par mois, déplore une salle d’accouchement trop exiguë par rapport aux besoins. Cette salle est équipée de trois lits d’accouchements rouillés, une toiture en très mauvais état, une couveuse qui ne fonctionne pas. Il y manque de lits de repos, de tables de consultations, de kits d’urgence et d’anesthésistes. On note, en outre, un bloc opératoire sous équipé.

Le dynamisme des sages-femmes

Ce centre manque de tout. Il reflète l’image de la pauvreté même, et comptabilise à lui seul, 50% des décès maternels enregistrés dans l’île. Seule source de réconfort : le dynamisme des sages-femmes. «Nous accueillons les femmes enceintes et si l’une n’est pas venue pour la visite, nous partons à sa recherche», témoigne une sage-femme. L’investissement de l’Unfpa a été fortement salué par la population. Le consultant du projet Pasco, Khaled Bessaoud, «salue la stabilité dans cette structure». «Depuis quatre ans que je suis là, chaque fois que je me trouve ici, je vois les mêmes têtes, il y a une stabilité et un engagement important du personnel de la santé», dit-il avant de faire l’éloge des volontaires, surtout des sages-femmes qui travaillent dans les structures sanitaires.

Abouhariat Said Abdallah / Alwatwan

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