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17 étudiants comoriens au Maroc portés disparus. Lettre à Azali Assoumani

Monsieur Azali Assoumani, Président de la République,
Monsieur Soeuf Mohamed El-Amine, Ministre des Affaires étrangères,
Monsieur Salime Mohamed Abderemane, Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement et de la recherche

Paris, le 11 décembre 2017

Entre le 15 et le 18 novembre 2015, 17 étudiants comoriens au Maroc sont portés disparus dans une embarcation clandestine à destination des Îles Canaries.

Anziz Mlamali Djoumoi (Male Mbadjini), Azali Soudjay (Mwadja Hamahamet), Fahiam Nourou (Foumbouni), Hamada Mmadi (Nyoumamilima Mbadjini), Idriss Youssouf (Mboude Bambao), Loutfiat Saandi (Dzahani Latsidje), Maoulida (Ouzio), Mhamadi Saandi (Dzahani Latsidje), Mhamadi Saandi (Maweni Mbude), Moussa Mbaé (Mbeni), Nadjim Ahamada (Iconi), Nasrat Ahamada (Itsoundzou Mbadjini), Nasser Youssouf (Mboude Bambao), Nazlati Salim (Djongwe Mbude), Polina Moutou (Male), Saîd Hamidou (Mbeni), Yahaya Abdou (Maweni Mbude).

Ces jeunes ont risqué leur vie en payant des dizaines de milliers d’euros (des millions de francs comoriens) pour un eldorado imaginaire parce que, vue la précarité et les difficultés d’insertion sociale et professionnelle qui frappent les jeunes diplômés aux Comores, leur retour au pays ne leur semblait pas envisageable. Une réaction de la part des autorités du pays serait, peut-être, une façon de montrer à la jeunesse comorienne que son épanouissement social et professionnel fait partie des priorités de l’État. Nous constatons, malheureusement, que vous, Monsieur le président, Messieurs les ministres, ainsi que le gouvernement précédent, avez fait le choix de vous terrer dans le silence. Mais comme le silence est un message, les jeunes Comoriens diplômés et non diplômés se sentent naturellement ignorés, oubliés par les autorités de leur pays; ce qui augure mal de leur avenir.

À ce jour, la Communauté Comorienne des Sciences, les signataires de cette lettre, ainsi que, comme nous le croyons, beaucoup d’autres citoyens comoriens s’interrogent profondément sur votre mutisme et votre inaction face à ce drame.

Monsieur le président, Messieurs les ministres, nul ne peut douter que vous soyez au courant de cette affaire. Quand pensez-vous sortir de ce silence? Permettez-nous de vous rappeler que quelques soient les motifs de leur voyage, ils sont d’abord des citoyens comoriens. Et derrière ces 17 âmes sans nouvelles, il y a des pères, des mères, des frères, des soeurs, des cousins et amis, tous enfermés dans l’attente, l’angoisse, et l’espoir.

Nous déplorons votre indifférence et votre absence sur ce drame national. Aussi, nous vous adressons cette lettre espérant ainsi que le gouvernement comorien prenne ses responsabilités. Vous seuls avez le pouvoir d’informer avec précision et de rassurer les familles des disparus. En effet, il se peut que certains soient encore en vie, pris en otage ou vendus comme esclaves. L’abominable et récente affaire d’esclavage en Libye nous le rappelle.

Monsieur le Président, messieurs les Ministres, nous vous demandons de décréter un plan d’urgence, une cellule de crise et de suivi sur cette affaire.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Messieurs les Ministres, l’expression de notre haute considération.
Communauté Comorienne des Sciences (2Cos)

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