A l’attention du Chef de l’état le Col Azali Assoumani.
A la fin de l’interrogatoire que j’ai subi à Kandaani dans le cadre des évènements de 1985, le Capitaine Laurent, le mercenaire qui menait l’enquête, me disait ceci: » nous savons que nous ne pouvons pas continuer comme ça et nous allons en faire part au Président . C’est à lui de voir s’il démocratise ou pas « . C’est pour vous dire que même les mercenaires en ont fini par se dire que la situation s’avère intenable pour eux sans une démocratisation.
Comment est-il concevable que vous puissiez ordonner une expédition punitive contre tout un village , au seul motif qu’il y ait eu lieu une manifestation interdite ? C’EST VOTRE PEUPLE!
Monsieur le Président , vous êtes un haut gradé de l’armée . Permettez-moi de vous rappeler quelques faits historiques :
1/ face à la détermination croissante des Portugais contre la dictature de Salazar , l’armée a fini par refuser de réprimer . Elle s’est sympathisée avec son peuple en accrochant une fleur d’oeillets au bout de leur fusil . D’où le nom de » révolution des œillets » qui a mis fin à la dictature au Portugal en 1974.
2/ Au cours du processus de la révolution islamique en Iran, face à la détermination du peuple iranien, l’armée du Shah d’Iran, et plus particulièrement la fameuse unité d’élite connue sous l’appellation de » les immortels » a fini par cesser de combattre et s’est sympathisée avec le peuple iranien jusqu’à la victoire en 1979.
3/ lors de la » révolution du jasmin » en 2011 en Tunisie , le Général Rachid Ammar , Chef d’état-major des armées , en est arrivé à refuser d’obéir à la hiérarchie, en déclarant qu’il est là pour assurer la sécurité pour le peuple .
4/ Au cours de la récente révolution égyptienne , le Maréchal Tantaoui n’a cessé de recommander aux forces militaires de ne pas se livrer à des exactions en direction des manifestants.
5/ Vous même , Monsieur le Président , en tant que chef d’état-major , vous avez refusé de donner une suite favorable à la demande de feu Abbas Djoussouf, Premier Ministre, en Mars 1999 consistant à mater le mouvement
» Ndimu, ndimu « .
Tout ça pour vous rappeler, Monsieur le Président , que la mission d’une armée qui se veut républicaine , n’est pas de réprimer la population mais de défendre le pays et sa constitution .
Il n’y a rien d’anti- constitutionnel dans le fait que des leaders politiques , accompagnés de certains partisans, honorent le 6 juillet dans la paix . Aucun acte d’incivilité n’est à mettre à leur actif.
Monsieur le Président, pour bien de citoyens de notre pays , le sentiment unanime est que trop….c’est trop. La gouvernance doit changer .
Aboudou Soefo
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