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Ahmadinejad mis en garde sur le Golfe lors d’une visite inédite en Egypte

5 février 2013

Ahmadinejad mis en garde sur le Golfe lors d’une visite inédite en Egypte

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (G) et le chef d’Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayyeb (D), le 5 février 2013 au Caire ©AFP

LE CAIRE (AFP) – (AFP)

L’Iran a
été sommé mardi de ne pas menacer la
sécurité des monarchies du Golfe et de
« respecter » les sunnites, au début d’une visite
au Caire de Mahmoud Ahmadinejad, la première d’un
président iranien depuis plus de 30 ans en Egypte,
où il a appelé à une amélioration des liens.

« J’espère que cette visite sera un nouveau
départ pour la solidarité entre nos deux
peuples », a déclaré le président
Ahmadinejad au terme d’une réunion avec le chef
d’Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayyeb, au siège de cette
prestigieuse institution théologique de l’islam sunnite.

M. Ahmadinejad, qui doit assister mercredi et jeudi au 12e
sommet de l’Organisation de la coopération islamique
(OCI) au Caire, a eu peu après son arrivée un
entretien avec son homologue égyptien Mohamed Morsi sur
la guerre en Syrie et la normalisation entre les deux pays.

« Je suis venu d’Iran pour dire que l’Egypte et les
Egyptiens sont dans le coeur du peuple iranien », a
déclaré le président Ahmadinejad, en rendant
hommage à « l’Egypte, terre de culture et de civilisation ».

« Les avis entre l’Iran et Al-Azhar sont proches »,
a-t-il encore dit, en annonçant avoir invité des
oulémas d’Al-Azhar à visiter la République
islamique, le plus grand pays chiite.

Mais le chef d’Al-Azhar a indiqué dans un
communiqué avoir demandé au président iranien
de « respecter Bahreïn, un Etat arabe frère, et
de ne pas s’immiscer dans les affaires des pays (arabes) du Golfe ».

Il a
également souligné la nécessité de
donner aux sunnites d’Iran « leurs pleins droits en tant
que citoyens, conformément à la charia et à
toutes les lois et conventions internationales ».

En outre, le chef d’Al-Azhar a exprimé son « rejet
d’une expansion du chiisme dans les pays sunnites ». »Nous refusons totalement une infiltration chiite »,
a-t-il dit.

Les relations sont au plus bas entre les monarchies du Golfe
et Téhéran, soupçonné notamment de
soutenir en sous-main la contestation chiite à
Bahreïn contre la monarchie sunnite.

M. Ahmadinejad a semblé mal à l’aise lorsqu’un
responsable d’Al-Azhar a dénoncé certains propos
« inacceptables » de « chiites » envers les
compagnons du prophète Mahomet. »Cela nuit aux
relations entre les peuples », a ajouté le cheikh
Hassan al-Chafie, suscitant une visible réaction
d’agacement du président iranien et de sa délégation.

« Nous nous sommes entendus sur l’unité et la
fraternité », a fini par dire, en langue arabe, M.
Ahmadinejad qui, d’habitude, ne s’exprime en public qu’en persan.

Après sa visite à Al-Azhar, M. Ahmadinejad a
été hué par un homme, qui a tenté de
lancer une chaussure dans sa direction alors qu’il sortait
de la mosquée Al-Hussein au Caire, selon une vidéo
mise en ligne sur internet.

En face de la mosquée, quatre jeunes ont brandi des
pancartes portant des slogans hostiles à l’Iran pour
son soutien au régime syrien, selon un photographe de l’AFP.

« O Ahmadinejad, ne crois pas que le sang syrien sera
vain.Nous nous vengerons des chiites », lisait-on sur
l’une des pancartes.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères,
Mohamed Kamel Amr, a assuré de son côté mardi
qu’un rapprochement de son pays avec l’Iran ne se ferait pas
aux dépens de la sécurité des monarchies du
Golfe, qu’il a qualifiée de « ligne rouge »
à ne pas franchir.

L’Egypte et l’Iran, membres de l’OCI, n’entretiennent pas de
relations diplomatiques, rompues en 1980 par
Téhéran après les accords de paix
israélo-égyptiens conclus en 1979 par le
président égyptien de l’époque, Anouar al-Sadate.

Les deux pays ne disposent depuis que de sections
d’intérêts dans leurs capitales respectives.

A son départ de Téhéran, M. Ahmadinejad avait
émis l’espoir que sa visite ouvrirait la voie à
une reprise des relations bilatérales.

Ce déplacement va « sans conteste influencer les
liens bilatéraux », a-t-il estimé, ajoutant que
« si Téhéran et Le Caire se voient plus souvent
seul à seul sur les questions régionales et
internationales, beaucoup d’équations vont changer ».

L’Iran et l’Egypte s’opposent sur plusieurs dossiers
régionaux notamment la crise syrienne,
Téhéran soutenant le régime du président
Bachar al-Assad et le Caire appelant à son départ.

En août, M. Morsi s’était toutefois rendu à
Téhéran où il avait assisté à un
sommet des pays Non-alignés, effectuant alors la
première visite en Iran d’un chef d’Etat égyptien
depuis la révolution islamique iranienne de 1979.



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