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Air Darassa: pourquoi le débat sur ses fonds ne peut pas être inutile ?

En démocratie, si on peut considérer que Facebook est un espace démocratique, tous les débats ont une utilité. Car au bout du compte, chacun se fera son propre jugement par rapport aux arguments qu’il aura entendus ou formulés. Et peut-être qu’un jour là vérité viendra trancher une fois pour toute.

Cela fait plusieurs mois qu’Air Darassa et son fondateur Fundi Said Mohamed Djibrile agissent, notamment aux Comores avec des actions humanitaires parfois de grande envergure. Rappelons au passage que les Comoriens en ont absolument besoin au regard de la situation du pays qui se dégrade de jour en jour.
Mais ces actions poussent plus d’un à s’interroger sur l’origine des fonds engagés par cette structure domiciliée officiellement à Marseille, et son fondateur actuellement en lieu difficilement identifiable.
Ces interrogations, ces doutes sont souvent accompagnées d’arguments peu objectifs et parfois hostiles à la personne de Fundi Djibril. Ce qui peut les disqualifier à juste titre.
Et en face de cette cohorte, on trouve les partisans du jeune prêcheur qui se dressent avec toute leur véhémence contre ces détracteurs. Résultat: les pro-Djibril et les anti-Djibril se font une guerre sans merci. Et tant mieux que celle-ci reste jusqu’ici sur les réseaux sociaux.

Mais une chose paraît en tout cas logique : une association humanitaire qui paraît avoir des moyens colossaux doit être capable d’expliquer comment elle récolte ses fonds et comment elle les gère. C’est une question de droit, liée aussi à sa crédibilité et à son avenir.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde miné par les réseaux de trafiquants, de terroristes et de blanchiment d’argent. Cela inquiète les États, les organisations internationales et les communautés. Car les conséquences sont parfois dramatiques.

Personnellement, après avoir travaillé pour Bachar Kiwan en tant que journaliste à Albalad, je n’avais jamais pensé qu’il était impliqué dans un tel ou tel trafic. Le tableau qui nous a été fait sur ses holdings, ses titres de presse et ses réseaux au sein des gouvernements arabes ne pouvaient pas laisser croire qu’il bossait pour des investisseurs sulfureux. Et pourtant, la suite a donné raison à ses pourfendeurs.

Alors oui, Djibril et Air Darassa aident des personnes en difficulté. Oui, c’est un Fundi, oui il agit d’un Imam, peut-être. Il dit même vouloir aider l’Etat comorien, construire des cliniques gratuites aux Comores. Seulement, il faut accepter que cela n’a pas de force face au droit et aux usages de l’activité humanitaire. L’argent n’est pas quelque chose qui tombe du ciel. Sa provenance doit être connue et sa gestion transparente. Fundi Djibril et Air Darassa doivent comprendre que dans l’humanitaire, la fin ne justifie pas les moyens. On ne peut pas se cacher derrière la situation de détresse des destinataires et la finalité des actions pour échapper à tout débat et aux critiques en cas d’opacité sur la traçabilité des fonds, ou de gestion non transparente.

Ali Mmadi

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