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Azali Assoumani : « Je prends le risque de remettre en jeu mon mandat en 2019 »

Réélu en mai 2016 à la présidence de l’Union des Comores, après avoir effectué un premier mandat de 2002 à 2006, Azali Assoumani a accordé une interview à Jeune Afrique en marge du 31e sommet des chefs d’État de l’Union africaine (UA), qui se clôt ce 2 juillet dans la soirée à Nouakchott.

Référendum, élections anticipées, relations avec Paris… À l’occasion du sommet de l’Union africaine qui se tient au Palais des congrès Al Mourabitoune à Nouakchott les 1er et 2 juillet, le président des Comores, Azali Assoumani, a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Une mission de l’Union africaine, dirigée par Ramtane Lamamra, a quitté votre pays ce 27 juin après s’être entretenue avec vous-même, l’opposition et la société civile, sans qu’un large consensus ait été trouvé. Est-ce un échec ?

Azali Assoumani : Il s’agit d’une mauvaise interprétation. Cette mission est venue faire un état des lieux, suite aux délégations de l’opposition qu’elle a reçue à Addis-Abeba, ainsi qu’aux entretiens qu’ont eu le ministre des Affaires étrangères et le président de la Commission de l’organisation. C’était donc tout à fait normal qu’elle vienne prendre le pouls à Moroni et établir un compte-rendu. Elle n’est pas venue chercher un consensus.

Dès que la Constitution sera votée, les vice-présidents devront quitter le pouvoir

Le référendum du 30 juillet suscite beaucoup de crispations. Pourquoi voulez-vous réformer la présidence tournante des trois îles (Anjouan, Grande Comore et Mohéli) qui forment l’Union des Comores ?

Cette présidence tournante serait renforcée, puisqu’elle serait doublée. Il n’y aura plus un seul mandat présidentiel, mais un mandat renouvelable. Par ailleurs, il n’y aura pas de primaire dans une île, mais un premier et un second tour. L’île qui souhaitera accéder au pouvoir pendant dix ans devra avoir la confiance de tout le pays, ce qui renforcera l’unité nationale. Par ailleurs, dès qu’un président veut modifier une Constitution, c’est la levée de boucliers. On se moque du fond, on ne pense qu’à la forme. Avec un seul mandat de cinq ans, on n’a pas le temps de réaliser quelque chose. S’il est renouvelé, on doit exceller pour en briguer un second. Notre objectif, c’est l’émergence d’ici à 2030 et on a toutes les potentialités pour cela.

Vous avez évoqué la tenue d’élections anticipées. Confirmez-vous qu’un scrutin présidentiel sera organisé en 2019 ?

Parmi nos recommandations, figure la suppression des vice-présidents. Pensez-vous que je peux prendre une telle mesure et rester ? Cela n’a pas de sens. Dès que la Constitution sera votée, les vice-présidents devront quitter le pouvoir. À la limite, on pourrait mener une transition jusqu’en 2021, mais ce serait de la gourmandise. Je prends donc le risque de remettre en jeu mon mandat afin d’appliquer les recommandations des assises.

Quand l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi cessera-t-il d’être en résidence surveillée ?

Cela concerne la justice et ne me regarde pas.

Comment évolue l’enquête sur l’affaire dite de la « citoyenneté économique », dans laquelle ce dernier est par ailleurs cité ?

Une enquête parlementaire avait d’abord été réalisée, avant de m’être remise. Mais une fois élu, j’avais d’autres priorités que la chasse à l’homme, alors que depuis dix ans nous vivions à la lueur des bougies. Une fois l’enquête terminée, je n’ai même pas eu le temps de la soumettre à la justice, qu’une plainte de la société civile avait été déposée. Le dossier est chez le juge d’instruction et il doit être auditionné.

La France est allée jusqu’à nous empêcher d’obtenir un visa

Avec Paris, vos relations demeurent très tendues. En mai, le gouvernement français a même décidé de suspendre la délivrance de visas aux ressortissants comoriens, face à votre décision d’interdire les reconduites des Comoriens entrés illégalement à Mayotte. Comment espérez-vous aboutir à un accord d’ici à la fin de l’été, tel qu’annoncé ?

Malheureusement, mes prédécesseurs n’ont pas pu trouver une solution au problème de Mayotte, qui n’est plus un territoire d’outre-mer, mais un département. Ce problème doit pouvoir avoir une solution, c’est pourquoi nous pouvons convaincre les Français que nous sommes liés. Notre relation est en dents de scie mais cette fois-ci, la France est allée jusqu’à nous empêcher d’obtenir un visa.

Pourquoi ne pas aller jusqu’à couper les relations diplomatiques ? Malgré tout, nous irons quand même au dialogue, puisque c’est ce que j’ai toujours préconisé. Cet été nous serons disponibles et si l’on doit venir, on viendra.

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