La pandémie a révélé certaines faiblesses structurelles d’Israël, où le nombre de morts du coronavirus est soixante fois supérieur à celui des territoires palestiniens.
Nétanyahou est un redoutable communicant, doublé d’un excellent manoeuvrier. Il vante sur tous les tons son bilan dans la lutte contre le coronavirus, avec 266 morts au 15 mai en Israël pour une population de près de neuf millions d’habitants, soit un nombre de décès proportionnellement douze fois moins élevé qu’en France. C’est cependant oublier qu’Israël ne se trouve pas en Europe, mais au Moyen-Orient, où tous ses voisins arabes ont des bilans humains très sensiblement moins élevés. La comparaison avec le nombre de morts palestiniens (4 morts en Cisjordanie pour plus de trois millions d’habitants et aucun décès à Gaza pour environ deux millions), malgré la faiblesse du système de santé dans ces territoires, est accablante pour Israël. A défaut de pouvoir expliquer un tel différentiel, force est de constater que la crise sanitaire a révélé la profondeur de certains problèmes structurels de l’Etat hébreu.
LA CRISE DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES
La prestation de serment, ce 17 mai, d’un gouvernement israélien devrait enfin clore une suspension longue de seize mois du fonctionnement normal des institutions israélienne. Nétanyahou dirige en effet depuis janvier 2019 un gouvernement théoriquement chargé des seules affaires courantes, puisque trois élections successives n’avaient pas jusqu’alors permis de dégager une majorité claire pour un nouveau cabinet à la Knesset. Le Premier ministre, en fonction depuis déjà onze ans, après un mandat antérieur de trois années à la tête du gouvernement, est parvenu à s’accrocher à son poste au nom de l’unité nationale face à la crise sanitaire. Le chef de l’opposition, Benny Gantz, s’est rallié à un gouvernement d’union, après avoir longtemps juré que la triple mise en examen de Nétanyahou (pour fraude, corruption et abus de confiance) le disqualifiait comme Premier ministre. Un tel retournement a été condamné par la gauche israélienne, qui manifeste contre ces compromissions en respectant la distanciation sociale (photo ci-dessus). Ce retournement paraît d’autant moins justifiable que Nétanyahou a annoncé lui-même, dès le 4 mai, qu’Israël avait surmonté le pire de la crise sanitaire.
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