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Education : par où commencer !

Lundi 3 mars, deux événements se télescopent : pendant qu’une messe est tenue au Palais du Peuple sur l’adhésion des Comores au Partenariat Mondial pour l’Education (PME), les lycéens défilent dans les rues de Moroni pour défendre leur droit à l’éducation et subissent une répression ignoble qui a soulevé une vive réprobation des passants. Des dizaines d’arrestation sont opérées, un groupe est indexé comme meneur et devait passer devant les tribunaux. Deux événements qui méritent l’intérêt.


Le mouvement étudiant et lycéen dans notre pays a toujours joué un rôle éminemment important. Comment ne pas se rappeler que c’est la grève lycéenne de février-mars 1968 qui ébranla le système colonial, accélérant l’accès à l’indépendance. Assiste-t-on à un nouvel éveil ? Une reconstruction mature pour une défense conséquente de l’éducation comorienne. L’émergence d’une génération consciente capable de rompre avec l’irresponsabilité ambiante. Un vœu et un espoir.

Le pouvoir Ikililou-Bolero-Mamadou panique pour un rien. Tout le monde a été choqué par la brutalité des forces dites de l’ordre. Quelle disproportion entre des enfants défilant pacifiquement dans la rue et le déchaînement répressif. 

Et quelle appréciation portée sur la démission en la matière des pouvoirs successifs. Des sommes énormes sont déversées dans le secteur éducatif sans aucun résultat. Les projets se suivent et se ressemblent. Le PASEC, près de 10 ans d’activité, pour quel résultat. On va encore récolter des « aides » avec le PME. Mais où va donc tout cet argent ?

Peut-il y avoir un enseignement de qualité sans des salaires conséquents pour les enseignants ? Comment retenir les meilleurs éléments ? Comment susciter des vocations sérieuses ? Comment motiver réellement ? Est-il possible d’accepter qu’un Conseiller d’un Ministre ou autre dont le seul mérite est de soutenir un politique et qui ne fait rien de sa sainte journée soit payé quatre à cinq fois plus qu’un instituteur ?

Les problèmes dans l’éducation sont innombrables (salles, équipements, programmes, méthodes et outils, etc.) mais il est clair qu’ils ne trouveront pas de solution sans une implication forte des professionnels de l’enseignement, les enseignants ne premier lieu. Si les enseignants n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ils ne penseront, et on les comprend, qu’aux salaires ; leur préoccupation principale sera le quotidien alimentaire et non l’éducation nationale ni des idéaux avancés par des prédateurs de la chose publique. 

Le mouvement lycéen et les syndicats des enseignants doivent converger pour exiger de ceux qui se remplissent les poches en pillant le pays, des conditions décentes pour l’enseignement public. C’est une priorité pour ceux qui pensent encore qu’ils ont un pays.
Idriss Mohamed 


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