22 novembre 2012
Egypte : Mohamed Morsi renforce ses pouvoirs et limoge le procureur général
Le président égyptien Mohamed Morsi, le 21 novembre 2012 au Caire ©AFP
LE CAIRE (AFP) – (AFP)
Le
président islamiste égyptien Mohamed Morsi a pris
jeudi des dispositions à valeur constitutionnelle
élargissant ses pouvoirs, en particulier face à
l’appareil judiciaire au sein duquel il a limogé le
puissant procureur général.
« Le président peut prendre toute décision ou
mesure pour protéger la révolution », a
annoncé le porte-parole de la présidence, Yasser
Ali, donnant lecture d’une « déclaration
constitutionnelle » à la télévision.
« Les déclarations constitutionnelles, décisions
et lois émises par le président sont
définitives et ne sont pas sujettes à appel »,
a-t-il ajouté.
L’opposant Mohammed ElBaradei, ancien chef de l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prix
Nobel de la Paix, a accusé M. Morsi de se proclamer
« nouveau pharaon ».
« Aujourd’hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs et
s’est proclamé nouveau pharaon d’Egypte.Un énorme
coup porté à la révolution qui pourrait avoir
d’épouvantables conséquences », a écrit M.
ElBaradei sur Twitter.
M. Morsi a également décidé de limoger le
procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, qu’il
avait échoué à démettre de ses fonctions
le mois dernier, et a désigné Talaat Ibrahim
Abdallah pour le remplacer, pour une période de quatre ans.
M. Mahmoud a été nommé du temps du
président Hosni Moubarak renversé en février 2011.
M. Morsi, issu des Frères musulmans et élu en juin
dernier, avait dû renoncer à l’envoyer comme
ambassadeur au Vatican après que M. Mahmoud eut
fermement refusé cette nomination.
Cette volonté d’écarter le procureur avait
été dénoncée à l’époque par de
nombreux magistrats comme une ingérence de
l’exécutif dans les affaires de la justice, et avait
aggravé les relations déjà difficiles entre
la présidence et une grande partie du pouvoir judiciaire.
M. Morsi a également décidé qu’aucune instance
judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée
de rédiger la future Constitution, une instance cible
de nombreuses critiques de la part des milieux libéraux
et laïques ainsi que de l’église chrétienne
copte, qui l’accusent d’être dominée par les islamistes.
La composition de cette commission constituante fait
actuellement l’objet d’un recours devant la Haute cour constitutionnelle.
Le président Morsi dispose déjà du pouvoir
exécutif mais aussi du pouvoir législatif, qu’il
avait retiré en août dernier au Conseil
suprême des forces armées (CSFA).Le CSFA
s’était lui-même arrogé le pouvoir de
légiférer après la dissolution en juin de
l’Assemblée, dominée par les islamistes.
Sans députés depuis cette dissolution, l’Egypte est
également sans Constitution, celle en vigueur sous M.
Moubarak ayant été abrogée après sa
chute sous la pression d’une révolte populaire au
début de l’année dernière.
Une série de « déclarations
constitutionnelles » émises par le pouvoir militaire
de transition, puis par M. Morsi lui-même, tiennent
lieu de cadre institutionnel au pays.
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