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Egypte : Morsi abandonne ses pouvoirs renforcés, maintient le référendum

9 décembre 2012

Egypte : Morsi abandonne ses pouvoirs renforcés, maintient le référendum

Photo fournie le 8 décembre 2012 par la présidence égyptienne d’une réunion politique en présence du président Mohamed Morsi (4e d) ©AFP

LE CAIRE (AFP) – (AFP)

Le
président égyptien Mohamed Morsi a accepté
samedi soir d’abandonner ses pouvoirs renforcés pour
sortir de la plus grave crise depuis son élection, mais
a maintenu au 15 décembre un référendum sur
un projet très controversé de Constitution.

Ces décisions ont été annoncées à
l’issue d’une rencontre entre le chef de l’Etat islamiste et
des personnalités politiques, quelques heures
après que l’armée égyptienne eut appelé
au dialogue pour éviter que la crise ne débouche
sur un « désastre ».

« Le décret constitutionnel est annulé à
partir de maintenant », a déclaré Selim al-Awa,
homme politique islamiste et conseiller de M. Morsi, en
faisant le compte-rendu de la rencontre lors d’une
conférence de presse à la présidence, en
présence du porte-parole du chef de l’Etat.

 Ce décret qui plaçait les pouvoirs de M.
Morsi au-dessus de tout recours en justice avait
provoqué une tempête de protestations et
déclenché une fronde au sein de la magistrature.Un nouveau décret le remplace, qui ne comprend plus
cette clause.

L’opposition avait dénoncé une dérive
autoritaire, M. Morsi se défendant en faisant valoir
que la mesure ne durerait que jusqu’à l’entrée en
vigueur de la nouvelle Constitution.

M. Morsi a en revanche confirmé la date du 15
décembre pour la tenue du référendum sur le
projet de Constitution, car la modifier est juridiquement
impossible, a-t-il ajouté en présence du
porte-parole du chef de l’Etat.

Le
référendum doit légalement être
organisé deux semaines après la remise du projet
de loi fondamentale au chef de l’Etat, ce qui a
été fait le 1er décembre.

 L’opposition souhaite qu’un report permette
d’élaborer un texte plus consensuel.Elle accuse la
mouture actuelle d’ouvrir la voie à une islamisation
accrue de la législation et de manquer de garanties
pour les libertés, en particulier d’expression et de religion.

« Le président était présent pendant la
réunion et a affirmé qu’il acceptait et qu’il
s’engageait à respecter les décisions qui y ont
été prises », a rapporté M. Awa, un ancien
rival de M. Morsi à l’élection présidentielle
de juin dernier.

La principale formation de l’opposition, le Front du salut
national (FSN), ne participait pas à la rencontre.Il a
fait du report du référendum l’un de ses chevaux
de bataille, avec l’annulation du décret sur les
pouvoirs présidentiels.

« Sentier obscur »

Ces annonces ont été faites quelques heures
après que l’influente armée égyptienne eut
lancé un appel solennel au dialogue.

Dans son communiqué, l’armée a prévenu que,
faute de dialogue, l’Egypte emprunterait « un sentier
obscur qui déboucherait sur un désastre », ce
que l’institution militaire « ne saurait permettre ».

Ces derniers
jours, l’armée a assuré la protection du palais
présidentiel au Caire visé par des manifestations,
tout en faisant savoir qu’elle n’emploierait pas la violence.

L’armée joue traditionnellement un rôle important
en Egypte, même si M. Morsi, premier président
civil du pays, l’avait rendue moins présente en
août en mettant à la retraite son chef, le
maréchal Hussein Tantaoui.

Le Front du salut national a appelé dans la journée
à poursuivre le mouvement de protestation jusqu’à
ce que ses « revendications légitimes et pacifiques
se concrétisent ».

Le FSN a également laissé planer une menace de
grève générale pour faire plier M. Morsi,
dont elle avait la veille décliné une offre de
dialogue jugée « pas sérieuse ».

Les formations islamistes qui soutiennent M. Morsi, dont le
puissant mouvement des Frères musulmans dont est issu
le président, ont en revanche refusé
catégoriquement tout report du référendum constitutionnel.

De petits groupes de manifestants ont continué samedi de
se rassembler à proximité du palais
présidentiel, épicentre des manifestations
massives des pro et anti-Morsi ces derniers jours, et
désormais protégé par des soldats et des
chars qui en bloquent l’accès.

Des affrontements entre partisans et adversaires du
président mercredi soir avaient fait sept morts et des
centaines de blessés à proximité du palais.



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