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El-Maarouf : Le service de néonatologie victime des délestages ?

«Le service de néonatologie du Chn El-Maarouf est privé constamment d’oxygène». «Le service est handicapé.» «Le service de néonatologie du centre hospitalier national d’El-Maarouf serait victime des coupures intempestives de la société nationale de l’électricité ?». Telles sont quelques-unes des déclarations faites par nombreux des parents et garde-malades des enfants prématurés hospitalisés au service néonatologie du Chn El-Maarouf. Explications et réactions.

Mohamed Bahtine admis au service depuis le 11 janvier dernier avec son bébé relate les faits en ces termes. «Le problème que nous rencontrons, ce sont les coupures récurrentes et le manque d’oxygène, les bébés ont besoin d’oxygène mais il en manque constamment, beaucoup de bébés ont perdu leurs vies à cause du problème d’énergie et du manque d’oxygène. La semaine du 12 au 18 janvier, il y a eu au moins un mort en moyenne par jour et durant cette période, il n’y avait pas d’oxygène», a-t-il témoigné.

Les coupures récurrentes

Selon lui, la plupart de ces bébés ont besoin d’oxygène, et le service ne dispose que deux extracteurs d’oxygène et en cas d’urgence, ils enlèvent pour secourir l’autre bébé dont le cas s’avère urgent. Un autre handicap qui enfonce encore plus le service : les coupures récurrentes. «Parfois les coupures durent entre 30 et 60 mn», regrette-t-il. Même son de cloche pour Fatima Djoumoi, dont le bébé prématuré est admis au service de néonatologie depuis plus de 20 jours. Pour elle, «les coupures de courant sont récurrentes et on nous donne l’oxygène au compte goutte. La bouteille d’oxygène n’est pas suffisante pour une journée. Souvent, on appelle le responsable de la maintenance, mais ce dernier n’a aucun pourvoir».
Cette mère de famille ajoutera que les parents et les garde-malades paniquent à chaque fois qu’il y a une coupure. Certains vont même jusqu’à débrancher les appareils s’il y a une coupure. Fatima Djoumoi déplore le manque de communication entre le personnel soignant et les gardes malades estimant que ces agissements peuvent mettre en danger la vie des bébés patients. «On pensait sauver le bébé en débranchant l’appareil alors qu’on le met en danger», déplore-t-elle.
Le major Bounou Mohamed, puériculteur et réanimateur en néonatologie, avance que la question de l’énergie dépasse les compétences d’El-Maarouf, car c’est tout le pays qui est en tire les conséquences. Il souligne toutefois que le groupe électrogène de «Dubaï» (centre hospitalier Khalifa Al-Nahyane, Ndlr) assure l’alternance et alimente tout l’hôpital en cas de délestage.
Concernant l’oxygène, le médecin estime qu’il y a une «confusion», car le service accueille souvent des bébés de 26 semaines et ou qui pèsent 800 g. Ainsi, le réanimateur en néonatologie tient à clarifier que seulement le bébé de plus de six mois est viable, or le service de néonatologie d’El-Maarouf accueille, dans la plupart des cas, des bébés de moins de six mois, des prématurés de 900 g, et bon nombre d’entre eux sont sauvés.

«Des prématurés
de moins de six mois»

S’il ne nie pas qu’il y a des décès, comme c’est le cas dans tous les services. Major Bounou précise toutefois que «ce sont ces bébés prématurés de moins de six mois qu’on perd souvent ici. Et le décès peut être lié à l’état clinique ou physique, ou bien le bébé est un prématuré de haut niveau. Le cas des bébés décédés n’est pas forcément causé par le manque d’oxygène, c’est une exagération des parents».
Le puériculteur mentionne également des morts apparents engendrés par le temps de transfert de la maternité au service de néonatologie. «C’est difficile à gérer, vu que la maternité et le service de néonatologie ne sont pas dans le même bâtiment», regrette-t-il. Major Bounou indique, en outre, que le service consomme «beaucoup d’oxygène, un seul bébé consomme facilement deux bouteilles, et nous disposons d’un système de ramification de 5 bébés. Nous sommes équipés également de 3 extracteurs d’oxygène qui pallient et assurent le relais en cas de rupture d’oxygène en fonction du besoin».

Irruption des parents

Le service de néonatologie du Chn El-Maarouf a une capacité d’accueil de 40 lits. Lors de notre passage, lundi dernier, 16 bébés étaient hospitalisés. «C’est beaucoup pour un service de néonatologie surtout avec le nôtre avec un effectif de personnel limité, même si il s’y met 24 h sur 24», tentera d’expliquer le major qui déplore le fait que, par peur, les garde-malades s’introduisent et font des actions qui ne sont pas admises.

«Il y a irruption des parents et leur accompagnateurs qui peuvent entrer et ouvrir le sérum, par exemple, à l’insu du personnel soignant. Or, ce n’est pas parce qu’il y a rupture de courant qu’il y aurait forcement de décès, car ce ne sont pas de bébés intubés et qui respirent sous machine. Nous ne sommes pas arrivés à ce stade», a-t-il précisé.
«Nous demandons au gouvernement, plus particulièrement le ministère de la Santé, d’équiper le service de néonatologie en énergie solaire et équiper le service de plus d’extracteurs d’oxygène afin d’améliorer les conditions de travail, et assurer la prise en charge des patients pour les premiers soins», a sollicité Mohamed Bahtine.

Abouhariat Said Abdallah / Alwatwan

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