Prescillia, 15 ans. En tête de cortège, les deux amies tiennent une grande banderole « plus jamais ça ».
Inconnu des services de police
Les manifestants, vêtus d’un tee-shirt blanc siglé « Aman = paix », ont marché en silence de la mairie, à deux pas de l’immeuble HLM où habitait l’adolescent avec sa famille d’origine comorienne, jusqu’au quartier d’Orgemont. C’est dans cette cité, l’une des plus grandes du 93, qu’il a été tué par des tirs de fusil à canon scié dans la nuit du 5 au 6 juin, sur fond de rivalités avec le quartier voisin des Raguenets à Saint-Gratien (Val-d’Oise).
Le garçon, inconnu des services de police, n’était pas ciblé et n’avait rien à voir avec ces conflits. Il était juste là « au mauvais endroit au mauvais moment », selon les enquêteurs. Deux hommes de 18 et 19 ans ont été mis en examen et écroués pour « homicide en bande organisée ».
«Epinay c’est bien plus qu’une ville»
La mort d’Aman est d’autant plus frappante qu’il essayait « à son petit niveau » d’apaiser ces rivalités interquartiers, ont raconté ses proches à l’AFP. « Au moins aujourd’hui, le message de paix qu’il voulait porter est véhiculé par tous », glisse Naïma, la cousine d’Aman, les larmes aux yeux.
Après son décès, « des centaines de personnes sont passées à la maison, des petits, des anciens, des moyens, des mamans », a lancé son grand frère, dans un émouvant discours lu à la fin de la marche. « Des amis de la Source, des Presles, de Super M, d’Orgemont », a-t-il ajouté en listant les noms de toutes les cités de la ville, devant les jeunes ados en larmes. « Tout ça pour vous faire comprendre qu’Epinay c’est bien plus qu’une ville, c’est une famille. Aman = Paix et Epinay = famille », a-t-il encore dit.
Des rivalités aux origines obscures
La mère d’Aman, soutenue par sa famille, est ensuite allée déposer une gerbe de fleurs blanches sur le trottoir où il est mort. « Ceux qui veulent que ça s’arrête sont là aujourd’hui, mais il y a tous les autres », soupire de son côté Amine, 18 ans, ami d’Aman. Scolarisé dans un lycée du centre-ville, mais habitant Orgemont, il essaie lui aussi « d’esquiver les embrouilles ». « Il m’arrive d’attendre 1 ou 2 heures dans le lycée avant de sortir, quand je vois qu’il y a des gens du centre-ville. Je sais qu’ils pourraient me taper ou essayer de me voler mes affaires ».
Ces rivalités, aux origines obscures, « existaient avant qu’on soit nés », ajoute Boby, 18 ans. « Mais avant c’était juste avec les poings, maintenant il y a des armes ». Parmi les manifestants, des parents, comme Eric, 53 ans, dont le fils est aussi au lycée Louise Michel. « Il y a 20 ans, il y avait déjà eu un drame similaire. Un enfant qui jouait dans un bac à sable avait reçu une balle perdue. Il est resté paralysé à vie », raconte-t-il à l’AFP. « Aujourd’hui, je suis là pour dire qu’il faut que ça cesse ».
20minutes.fr
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