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Exclusivité. Amir Abdou se livre dans un entretien avant la rencontre contre le Togo

SEFRICK : Amir ABDOU, vous êtes nés à Marseille, vous avez choisi de prendre l’équipe nationale des Comores. Pourquoi ce choix ?


AMIR : En fait à l’époque, c’était HENRY STAMBOULI, un ancien joueur montpelliérain, celui qui devrait prendre l’équipe et moi son adjoint mais au final, il n’a pas accepté pour diverses raisons. Donc, j’étais le seul candidat potentiel, le seul diplômé au niveau comorien. Puis avec des échanges faites avec l’ancien président de la fédération comorienne TOURQUI SALIM à Amiens en France. Le fil est passé entre nous et j’ai pris la sélection en main.


SEFRICK : Quel diplôme avez-vous actuellement qui vous permet de prendre une sélection nationale ?


AMIR : Avant en France, on faisait le DEF mais après une réforme de la part de la fédération française, maintenant j’ai le GPS, DES qui sont des diplômes d’État. Je les ai passés en 2013 à Clairefontaine, le temple du football français.

SEFRICK : vous avez débuté à AGEN ou le rugby est roi. Pourquoi ce choix ?


AMIR : D’abord moi, je suis né à Marseille. Je suis arrivé aux Comores dans les années 90, j’ai vécu ici pendant un an et je suis reparti dans la région bordelaise. J’ai été opéré des ligaments croisés d’un genou, j’ai fait mes traitements, et je suis parti jouer en haute Garonne. Au final, j’ai eu un poste de formateur et éducateur. Certes, le rugby est roi dans cette région mais le football a toujours eu un petit espace. De plus, la région est très plaisante.


SEFRICK : Vous êtes l’un des sélectionneurs d’origine africaine qui dirige une sélection nationale africaine. Est-ce une fierté pour vous ? Comment ressentez-vous la pression des supporters et du peuple en général ?


AMIR: Oui bien sûr, c’est une fierté de représenter son pays. C’est dur en raison de l’engouement des supporters, les critiques. C’est difficile à encaisser. C’est un métier à risque. Dès qu’il y a un mauvais résultat, le sélectionneur est pointé du doigt mais lorsque les victoires s’enchaînent ce sont les joueurs. Nous faisons le maximum pour donner de la joie à notre pays. Le fait d’entendre l’hymne national, des émotions se dégagent en pensant nos parents et nos familles. Je pense que j’ai beaucoup apporté à l’équipe.


SEFRICK : Comment travaillez-vous actuellement avec une fédération malade qui n’existe quasiment pas ?


AMIR : D’abord, j’ai fait en sorte de venir au pays pour prendre la température. C’est compliqué de travailler dans des telles conditions. C’est une situation délicate, j’aurais préféré que ça se passe après les matchs à venir qui sont importants pour la sélection. Mais bon c’est comme ça. Les joueurs sont tous au courant de l’actualité grâce aux réseaux sociaux. Je pense que c’est très compliqué dans leurs têtes. Mais on va remettre la pendule à l’heure, réactiver les joueurs afin d’obtenir de bonnes résultats.


SEFRICK : Quelle est votre stratégie pour battre les Eperviers du Togo, une équipe que vous n’avez jamais battu cela fait déjà trois matchs ? Peut-on dire que c’est votre bête noire ?


AMIR : Je pense que nous avons une bonne équipe. Nous l’avons montré dans plusieurs fois avec de grosses équipes. En fait, non je ne pense pas que le Togo soit notre bête noire. Certes, nous avons perdu deux matchs à Lomé mais nous avons fait un bon match ici à Moroni. Le Togo a une bonne équipe avec des joueurs de qualités et un sélectionneur de grande expérience, mais on va essayer de faire notre match. Donc, la stratégie doit être sur l’état d’esprit des joueurs et la mentalité du groupe qui a battu la Guinée à Paris après notre stage en commun à Châteauroux.


SEFRICK : Comment jugez-vous l’évolution de l’équipe nationale car en trois ans, elle est passée de la 197ème à la 132ème au classement FIFA ?


AMIR : C’est une fierté. Cette équipe quand je l’ai prise, elle était en off. Mais on a dû batailler pour préparer une bonne équipe. Dès que je l’ai prise en main, j’ai eu un appel de l’ancien président de la fédération Salim Tourqui pour me dire que voilà on a organisé un match à Martigues contre le Burkina Faso, j’ai dit oh lala ce dernier était vice-champion d’Afrique à cette époque-là. Du coup, il fallait réunir l’équipe en trois semaines une chose qui était compliquée mais on a réussi à faire un bon match en concédant un match nul qui était une victoire pour nous. Aussi je remercie les joueurs car ils aiment revêtir le maillot. Quand ils sont sur le terrain, ils se donnent à 100%. C’est une motivation de plus de pouvoir compter sur eux. Dans le football, il faut de la vaillance, de l’expérience et un bon état d’esprit.


SEFRICK : Nous avons des jeunes prometteurs qui évoluent dans les clubs français et européens, je pense à MYZIANE,NAOUIR, LIHADJI, WESLEY…… « Avez-vous déjà approché ces jeunes talents ? »


AMIR : Oui bien sûr, je les ai contactés mais ce sont des joueurs qui ont une double nationalité. Ils sont nés en France. C’est un choix de cœur, personnel et sportif. Ce qu’on doit faire c’est de se manifester et leur donner envie de venir e sélection nationale. Il y a le cas de Wesley, il a une double nationalité voire triple nationalité car un papa comorien, une mère mauricienne et il est né e France. Ce sont des choses qu’on ne peut pas maitriser. Il y a des joueurs qu’on aimerait bien les avoir mais ce sont leurs choix. Il faut les accepter. En gain de cause, tous les joueurs qui ont mis le maillot de cœlacanthe se régalent. Ils sont tellement heureux de donner de la joie au peuple comorien.


SEFRICK : Quelles sont les stratégies que vous mettrez en place pour le développement du foot comorien ? »


AMIR : Avant on avait l’académie TWAMAYA que cela fait déjà trois ans qu’elle n’existe pas. On a aussi le stade de mitsamiouli qui est aux abois, la pelouse dure entre 8 à 10 ans. C’est un problème. Il faut redynamiser la formation de jeunes en leurs donnant le plaisir de jouer au football. Nouer des partenariats surtout avec les établissements privés ou publics car c’est là-bas ou on déniche les jeunes talents. Il faut aussi que les équipes soient structurées avec l’appui bien sûr de la fédération. Je suis formateur de base. Je pense que le football comorien doit se développer et j’y crois. Il ne faut pas penser que le football comorien va se développer avec une baguette magique. Il nous faut une bonne organisation et aussi une bonne gestion car la FIFA finance pour que le football se développe.

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