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Il y a un an, l’ambassade des Comores à Paris a été envahie. Récit…

Il était là, au cœur du mouvement, le 28 mars 2019. Un an après, Comores Mandza se remémore:

Ce jour où nous envahîmes l’Ambassade…

Il y a un an. Jour pour jour. C’était un jeudi. Le 28 mars 2019. Ce jour-là, quelques heures plus tard, j’allais fêter mon anniversaire. Ce jour-là, avec mes amis de toujours, nous prenions possession de l’Ambassade des Comores à Paris. Elle était tombée. Le peuple, excédé par la tyrannie d’Azali ASSOUMANI, à travers nous, l’avait dirigée durant plusieurs heures. Nous l’avons constaté à notre sortie, lorsque nous avons été libérés par la police qui nous a fouillés, plusieurs minutes durant. Des Comoriens, en foule, retenus par des policiers armés jusqu’aux dents, étaient venus nous acclamer.

Lorsque nous avons enfin été relâchés, mon frère Ghalil fut le premier à s’exprimer devant la foule. Il insista sur la portée de notre action. Je me rappelle les propos de Nourdine Mbae, qui s’est exprimé peu après Ghalil. Il disait, alors que nous venions d’échapper à une prison certaine, ou même à la mort, « je crois que ce jour est l’un des plus beaux de ma vie. »

Moi ? Je n’ai pas voulu m’exprimer. Sous la pression de la foule et de mes amis, je lancerai quelques remerciements à ces nombreux compatriotes venus nous soutenir. C’est que j’ai été, comme chargé du sacré devoir de tout faire, dès lors, avec mes amis engagés, pour dégager ce régime criminel et redonner le sourire à ces hommes et ces femmes rassemblés là, l’air grave, pour nous soutenir et voir qui sont ces jeunes qui ont défié le plus grand criminel que la terre comorienne ait eu à porter…

Ce jour-là, je fêtais donc mon anniversaire. Nourdine avait abandonné des enfants en bas âge. Mahafidh avait déserté de son lieu de travail. Hadji Mbae avait été humilié par un policier lors de fouilles corporelles interminables. Momo était prêt à mourir d’une balle dans la tête. Ghalil, dont le grand mariage avait été annoncé, savait pertinemment que dès lors, il allait faire face à des problèmes familiaux à n’en plus finir jusqu’au point où…

Je veux rendre un grand hommage ici à ces amis. Que dis-je à ces frères. Ce que Houmed Msaidie et Mlipva ont pu dire à notre sujet. Ce que Mouigni Abdou a pu fomenter contre nous… Nous avons tout assumé. Nous avons tout encaissé. Nous avons fait face sans jamais tergiverser. C’était au point où, me concernant, j’avais même accepté de mourir, le jour de mon anniversaire. A l’intérieur de ce bureau, à l’étage où je me trouvais, je verrai, pour la première fois de ma vie, un flingue. Il était braqué sur la fenêtre devant laquelle je me trouvais. Personne n’a reculé devant l’absolue nécessité de défendre notre pays…

Alors qu’il me soit permis, aujourd’hui, un an après, de dire ma fierté d’avoir été de ceux qui ont organisé cet acte, acte Ier de la Résistance contre la dictature aux Comores. Qu’il me soit permis de dire, aujourd’hui, un an après, mon attachement à cette équipe de « bonhommes » pour reprendre l’expression de mon frère Momo.

Alors qu’il me soit permis, aujourd’hui, un an après, d’avoir une pensée pour nos frères fusillés ce jour-là, alors que nous, à l’intérieur de cette maison, devant ces policiers qui menaçaient de faire un assaut, ne savions pas si nous allions nous sortir de là vivant…Un jour, cette histoire, je la raconterai à ma fille. Elle me jugera avec la lumière du temps passé. Pour dire à ceux qui nous traitent encore de terroristes, que nous croyons qu’un jour, le temps se chargera de mettre, de manière apodictique et absolue, chacun à sa place. Amitiés, à tous ceux qui, ce jour-là, furent à l’intérieur de ce bâtiment…#MpakaDaulaYaHaki.

Par Comores Mandza

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