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Journée internationale de la presse: déclaration du syndicat des journalistes des Comores

SYNDICAT NATIONAL DES JOURNALISTES AUX COMORES (SNJC)

 

3 mai 2020

DÉCLARATION DU SNJC

 

 Ce dimanche 3 mai 2020, nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse, une célébration exceptionnelle et inédite à la fois, au vu de la crise sanitaire mondiale de Covid-19  qui frappe la planète.

 

Notre pays n’en est pas épargné. Le journaliste est de plus en plus sollicité dans son travail. Il doit être vigilant, et accorder une attention particulière aux tentatives permanentes de certains acteurs qui tentent de s’accaparer, de détourner et d’intimider les médias afin d’entraver le  travail quotidien des journalistes, comme l’a constaté l’Unesco cette année.

 

C’est l’occasion pour le Syndicat national des journalistes aux Comores de rappeler que les conditions fondamentales de travail du journaliste comorien sont, depuis un certain temps, mises à rude épreuve.

Dans le classement mondial de la liberté de la presse édition 2020, réalisé chaque année par Reporters Sans Frontières, les Comores ont perdu 19 places, soit la plus grosse chute au niveau mondial après Haïti. C’est un constat alarmant pour les professionnels de la presse, et qui ne manquera pas, hélas, de réjouir les détracteurs de notre métier. Il est nécessaire de rappeler ici comment nous en sommes arrivés là.

 Les journalistes ont créé le Syndicat National des Journalistes aux Comores dont le bureau a été élu par l’ensemble des confrères le 17 février 2020. Devant l’impérieuse nécessité d’encadrer un maximum la profession afin, notamment, de la protéger des assauts répétés qu’elle a subis et qui expliquent cette chute vertigineuse au classement international, les professionnels des médias font désormais corps. Dès le début de cette année, des signes négatifs commencent à nous interpeller après une période d’accalmie. Le 11 janvier dernier, deux journalistes sont arbitrairement arrêtés et placés sous contrôle judiciaire pour « troubles à l’ordre public », alors qu’ils voulaient se rendre à Oichili pour couvrir un rassemblement de l’opposition. Ali Mbae (Masiwa) et Oubeidillah Mchangama (Rcm13) auront passé deux jours de garde à vue dans une cellule infecte du commissariat central de la police.

Faut-il aussi rappeler la suspension arbitraire de la rédactrice en chef de l’ORTC Moinadjoumoi Papa Ali et la directrice de l’information Binti Mhadjou, en février dernier, par le ministre en charge de l’information pour des raisons inacceptables: ces responsables de rédaction avaient donné trop de temps d’antenne à des critiques de l’exécutif.

 

Récemment, au début du mois d’avril notre consœur Andjouza Abouheir du quotidien indépendant La Gazette des Comores a été accusée de désinformation par les autorités et menacée de poursuites judiciaires par le porte-parole du gouvernement pour avoir émis des doutes sur la gestion de la crise sanitaire actuelle. La journaliste a été sommée par la direction générale de la santé à décliner ses sources à l’origine de son enquête.

 

Cette année le thème choisi par les nations unies est « le journalisme sans crainte, ni complaisance ». Débattons et faisons en sorte que cette devise soit une réalité, mais veillons d’abord à notre sécurité, à la sécurité de nos proches, à la sécurité de nos consœurs et confrères en faisant les gestes barrières contre le Covid-19, que ce soit sur le terrain, en Desks ou en famille. Sachons que nous sommes en première ligne d’une maladie invisible qui sévit en silence, et les acteurs politiques ne voient pas d’un bon œil notre implication constante à la recherche de la vérité. Soyons conscients et prudents en même temps. La prudence ne veut pas dire indifférence sur la vérité. Notre conscience doit tout de même nous guider à surmonter nos craintes et à nous abstenir de verser  dans la complaisance.

 

Comme chaque année, les journalistes comoriens renouvellent leur souhait d’un fond d’appui aux médias, pour faire face à la crise qui secoue la presse nationale, à cause de laquelle plusieurs médias ont fini par mettre les clés sous le paillasson. Malgré les multiples annonces du Chef de l’Etat dans ce sens, les médias ne se sont toujours pas vus allouer les crédits correspondants.

 

Le Syndicat national des journalistes aux Comores, nouvellement constitué, exhorte les autorités à mettre à la disposition de la commission nationale de distribution de la carte de presse, les moyens lui permettant de parachever la distribution de ce fameux sésame qui, conformément au code de l’information détermine le statut du journaliste comorien.

 

Fait à Moroni, le 03 mai 2020

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