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Justice musulmane à Mayotte : quel avenir pour les cadis ?

Le système cadial est en place aux Comores  depuis l’arrivée des Shiraziens entre le XIVème et le XVIème siècle.

Depuis cette époque, le cadi joue un rôle de juge, de médiateur et d’institution régulatrice de la vie sociale et familiale.
Les juridictions cadiales sont régies actuellement par le décret du 1er juin 1939 relatif à « l’organisation de la justice indigène dans l’archipel des Comores » et la délibération du 3 juin 1964 de l’assemblée territoriale portant « réorganisation de la procédure en matière de justice musulmane ».
Sur le papier, la disparition de la justice cadiale, mêlant droit musulman et coutumier, au profit de la seule justice de droit commun à Mayotte devait ébranler la société mahoraise mais la transition s’amorce finalement avec moins de heurts qu’escompté.
Ce saut culturel, dans une population à 95% musulmane, était une condition non négociable pour que Mayotte devienne 101e département français, de même que la fin de la polygamie.
« Notre justice de blancs est à des années lumière de leur culture, mais ils nous respectent et veulent voir la justice métropolitaine s’appliquer », affirme Paul Baudoin, dernier président du tribunal supérieur d’appel avant la départementalisation.
Pour Benali Manandzafy Tsontso, cadi de Mzamboro (nord), la suppression de la justice cadiale par ordonnance du 3 juin 2010 « ne remet pas en cause l’islam, c’est l’essentiel ». Il rappelle aussi que « Mayotte a choisi de rester française, c’est-à-dire libre » par rapport aux Comores, et « le reste, c’est du détail ».
A l’inverse, certains assurent qu’ils n’étaient « pas réellement au courant » et qu’ils « n’avaient pas pris ça au sérieux ».


« On affaiblit l’influence des cadis dans la société alors que c’était une autorité morale », déplore Ali Hamidi Kassim, greffier en chef du cadi de Mtsapéré, qui vitupère contre « la déstructuration des familles et du couple ».
Concrètement, la vingtaine de cadis, fonctionnaires et salariés du conseil général, faisaient office de maire, notaire, officier d’état civil, médiateur et conseiller conjugal. Des attributions qui leur ont donc été retirées, mais que certains continuent tout de même d’exercer.
Extrait du journal de Mayotte du 29 Aout 2012

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