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La révision de la Constitution: quelles devraient être nos limites infranchissables?

« Le Chef de l’Etat vient d’annoncer sa volonté de réviser la Constitution. C’est son droit le plus absolu. Le processus est déjà mis en marche avec la récente convocation du corps électoral. La question qui se pose est celle de savoir s’il est vraiment opportun et nécessaire de modifier notre loi fondamentale et ce maintenant?
Nous n’avons pas tous participé aux négociations ayant abouti aux accords de Fomboni de 2001 mais nous ne sommes pas sans savoir qu’il avait été convenu qu’à la suite du premier cycle de la tournante les parties prenantes se retrouveraient pour évaluer ce nouveau système et décider de la suite à lui donner.
Ce rendez-vous crucial, qui aurait dû avoir lieu en 2015, a été sciemment ignoré et catégoriquement rejeté par nos fameux politiciens qui n’avaient décidément pas les intérêts du pays en tête mais avaient plutôt les yeux rivés sur le fauteuil juteux et lucratif de Beït-salam pour servir leurs intérêts personnels comme à l’accoutumée.
Un second cycle de la tournante a ainsi été volontairement entamé et le pays est actuellement dirigé par un comorien de Ngazidja. Naturellement, Anjouan et Mohéli sont en droit d’attendre leurs tours respectifs cinq ans et dix ans plus tard.
Est-ce juste et sage d’opérer des changements, notamment des changements radicaux, avant la fin du cycle actuel qui doit intervenir en 2031?
Il faut rappeler que notre pays a connu par le passé de gros ennuis d’ordre politique et institutionnel. Nous ne devons jamais les oublier, encore moins les sous-estimer.
Toute décision prise par nos autorités aujourd’hui ou demain doit prendre ce passé douloureux en considération. Nous n’avons pas intérêt à réveiller les vieux démons ou à prétendre ne pas en avoir peur.
Toute modification de la Constitution doit préserver les véritables valeurs de notre pays, celles dictées par notre histoire commune et non des valeurs venant d’ ailleurs. Il sera donc inacceptable de mettre fin à l’autonomie des îles et à la tournante avant au moins 2031. Ce sont là deux valeurs sacrées qui se sont logiquement imposées à notre pays et qui sont appelées à cimenter l’unité nationale et la stabilité politique.
Personne, je dis bien personne, quel que soit son titre, ne peut et ne doit menacer ces deux valeurs à moins qu’il ne veuille mettre ce pays à feu et à sang. La tournante et l’autonomie des îles constituent notre avenir, celui de notre pays. Les détruire équivaut à détruire l’avenir et l’unité de ce pays.
Les comoriens en tant que peuple ont un rôle à jouer dans ce pays. Ils ne doivent pas rester des observateurs passifs éternellement. Ils doivent se mobiliser pour sauver leur pays. Certes, c’est nous qui élisons ces Présidents mais il est de notre devoir de les surveiller et de les contrôler pour éviter des dérapages.
L’ordre constitutionnel est d’une importance capitale pour la stabilité d’un pays. Quand celui-ci est remis en cause, il y a lieu de s’inquiéter.
Nos autorités doivent toujours s’évertuer à donner l’exemple, le bon exemple, en respectant les lois en vigueur. Si elles sont les premières à les fouler aux pieds, c’est le désordre qui s’en suivra.
Nous savons tous qu’en matière de droit il y a ce que l’on appelle la hiérarchie des normes. C’est un principe de droit qui s’impose à tous qu’on le veuille ou non au nom de la paix et de la stabilité. Le mépris ne nous menera nulle part.
Nous pouvons tous être des dictateurs. Mais cela ne construira pas le pays. Au contraire, il le détruira. Soyons donc vigilants et respectons ce peuple souffrant qui nous donne des ailes et des rêves que nous n’avions pas jadis. Aidons à développer les Comores. Et ne soyons pas de ceux qui les font regresser. Imitons ce qui est positif et non ce qui est négatif sous prétexte que les prédécesseurs ont fait pareil. »
Babayou Houmadi
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