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L’Afrique : Esclave un jour, esclave pour toujours

​« Notre opiniâtre maintien en Indochine nuit à notre perspective africaine, la seule valable. […] La possession du sous-sol, le développement de l’enseignement, la définition de la monnaie, le contrôle du crédit, l’occupation des zones stratégiques, l’armée et la diplomatie en bloc, voilà l’essentiel négligé, menacé. […] La sécurité, la protection, la défense de l’Afrique nous créent des obligations ; la paix civique et la paix sociale ne sont pas les moindres conditions de la présence française. Dire à nos alliés que là est notre domaine réservé et dire aux populations d’Afrique que ce domaine est aussi et surtout le leur, c’est, je le crois, commencer par le commencement. » François Mitterrand, aux frontières de l’Union Française, éditions Julliard, 1953.
Depuis plus d’un millénaire l’Afrique se meurt sous les restes des pillages impérialistes. De nos jours l’africain dit être indépendant, mais sous quelles conditions ? L’Afrique, un continent qui déborde de tellement de ressources, doté d’une richesse minérale inexploitée immense. Elle possède 40 % du potentiel hydro-électrique mondial, le gros des ressources mondiales de diamant et de chrome, 50% de tout l’or du monde, 90% du cobalt, 50% des phosphates, 40% du platine, 8% des réserves connues de pétrole et des millions et des millions d’hectares de terres arables inexploitées. L’on peut se demander s’ils ne parviendraient pas à se détacher mieux de la pauvreté que l’Europe tout entière. On le sait tous, mais les colonisations multiples ont transformé notre continent si riche en décharge à ciel ouvert, et ce n’est que le commencement ! À tous les crédules qui pensent que les pays africains sont libres et indépendants, vous vous trompez lourdement : ces pays, dans leur quasi-totalité, sont encore sous influence coloniale, principalement par les anciens colonisateurs dont la France et la Grande-Bretagne, mais aussi par tous les pays déguisés en sauveur qui ne sont que des néo-colonisateurs à l’exemple des Etats-Unis et de la Chine.

Le maintien des forces armées néocoloniales en Afrique
Aujourd’hui, plus d’une dizaine de bases militaires étrangères sont installées en Afrique, plus de 20 000 militaires de forces étrangères sont actuellement déployés en Afrique. Près de la moitié appartient aux forces militaires françaises qui restent la puissante force armée en Afrique, les autres provenant des soit disant soldat de la paix des différentes institutions comme les Nation Unis (où l’on trouve aucune nation africaine dans le cercle décisionnaire) l’OTAN,… Pour des raisons dites de maintien de la paix, de la cohésion social, de la démocratie et tous les autres motifs qu’on nous sort pour masquer la guerre des matières premières, qui tue plus de 1000 africains par mois, en ‘dommages collatéraux’.

Afin d’éviter cette invasion étrangère, les pays africains doivent travailler ensemble afin d’assurer la sécurité à l’intérieur des frontières de l’Afrique et prendre des mesures permanentes notamment: adapter la formation des militaires à la diversité et à la complexité des menaces sécuritaires dans le continent ; renégocier la coopération avec les puissances intervenant dans le pays afin d’harmoniser la formation des militaires et rendre pertinente la lutte contre les menaces nationales et transfrontalières ; établir la cartographie des zones de tensions et y poster des forces spéciales bien formées et aguerries, capables d’intervenir et d’anticiper la résurgence des conflits armés et ainsi accélérer l’établissement de « African Standby Force » pour des interventions rapides, mais aussi la prévention des crises en Afrique.

Ces forces armées en Afrique sont-elles vraiment là pour la paix ou pour le pillage et la redistribution des biens et services africains ?
Une voix décisive sur les décisions étatiques
En plus de l’installation de bases militaires et des interventions armées, chaque chef d’État africain est secondé par des responsables des différents services secrets et un conseiller juridique (souvent magistrat ou conseiller d’État) permettant, en cas de décisions majeures ou de crises, d’assister techniquement le pouvoir en matière de réforme constitutionnelle, ou de faire évoluer le système administratif pour écraser toute velléité d’opposition politique jugée trop nationaliste. Depuis la soit disant indépendance des pays africains, si l’on dresse le bilan des cinquante dernières années, il est choquant voir désastreux. 89 coups d’État depuis 1953, 22 présidents assassinés et 75 conflits armés depuis 1945. Des millions de morts et de déplacer, mais surtout des génocides oubliés ou avoués sur le bout des lèvres. Parmi eux, des célébrités, comme Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, Sylvanus Olympio, Anouar el-Sadate, Samuel Doe ou Laurent Désiré Kabila. Et d’autres, moins connus, comme le Nigérian Johnson Aguiyi-Ironsi, ou l’ex président des Comores Ahmed Abdallah parmi ceux qui ont eu la mal chance de connaitre le mercenaire Bob Denard et beaucoup d’autres que nous rendons hommage.

Jusqu’à quand va-t-on rester les marionnettes des puissances mondiales, l’Afrique ne mérite-t-elle pas de diriger lui-même son peuple vers l’accession ?
Un contrôle total dans l’impression des planches à billets
Dans le domaine économique, l’influence des multinationales étrangères déguisées par la mondialisation et le pouvoir des monnaies comme l’euro et le Franc CFA dans les anciennes colonies françaises joue un rôle décisif dans la prise de décision de la politique économique à suivre. Les dirigeants africains doivent accélérer les travaux que les chefs d’État avaient décidés en 1991 à Abuja notamment la création de trois principales institutions financières devant assurer l’intégration monétaire et financière du continent : à savoir le Fonds monétaire africain (FMA), la Banque centrale africaine (BCA) et la Banque africaine d’investissement (BAI). C’est dès le 25 mai 1963 que les chefs d’État des pays composants l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union Africaine (UA), demandaient la mise en place d’un comité économique en charge de produire des études sur les questions monétaires dans la perspective d’une monnaie unique africaine. Cette volonté des chefs d’État s’est traduite par la mise en place de l’Association des gouverneurs des banques centrales africaines (ABCA) et des comités sous régionaux de cette institution, laquelle compte à ce jour 39 Banques centrales, dont le président actuel Lucas Abaga Nchama affirme que : « Nous ne sommes pas les otages des Français [mais] des partenaires. Nous sommes libres […] S’il y a une intégration africaine avec une population jeune, avec tout ce dont regorge le continent africain, nous sommes capables de rêver qu’avant 2050, comme la Chine l’a montré au monde, l’Afrique est capable de devenir une puissance économique mondiale. C’est dans cette perspective que nous travaillons ».

Le monopole de la politique monétaire et budgétaire n’est-il pas nécessairement obligatoire avant de parler de développement économique ?
Les Inspecteurs, les juges et les bourreaux de l’Afrique
Les occidentaux sont devenues les juges et les bourreaux de l’Afrique, avec la Cour pénale Internationale qui pour ne pas se mentir ne juge que ’les sous-entendus crimes de guerre’ commis qu’en Afrique comme l’a souligné le numéro un mauritanien et actuel présidant en exercice de l’Union africaine (UA), Mohamed Ould Abdel Aziz qui s’offusque du double standard de la juridiction internationale : « C’est cela qui fait que les Africains pensent que c’est une cour spécialisée dans le jugement uniquement des Africains. Nous sommes en train de débattre de ce problème. Il est souhaitable quand même que les Africains, comme pour la sécurité, puissent se prendre en charge (…) je ne vois pas pourquoi on envoie nos ressortissants pour être jugés à l’extérieur. Nous avons la possibilité de les juger, nous avons la possibilité de les emprisonner, c’est un minimum quand même. Nous avons des magistrats très compétents qui peuvent le faire. » L’Afrique et les Africains se doivent de se libérer des chaînes ou des liens qui ne les élèvent pas, l’avènement d’une cours ou d’un tribunal exclusivement africain a besoin de voir le jour pour que tous ces chefs d’État africains puissent être jugés sur le sol africain.

Pourquoi ne traine-t-on pas en justice les dirigeants occidentaux comme George W.Buch et Tony Blair pour leur crime humanitaire en Irak ? Et les autres criminalités commises par plusieurs chefs d’État occidentaux ?
« L’esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces, d’indépendance et de lutte anti-impérialiste […] doit souffler du Nord au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières. D’autant plus que les peuples africains pâtissent des mêmes misères, nourrissent les mêmes sentiments, rêvent des mêmes lendemains meilleurs.» Thomas Sankara

Omar Ibn Abdillah 

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