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Le Boléro que je connais

Hamada Madi Bolero a ses tares, ses fautes, ses faiblesses, ses insuffisances. Parce qu’il est un être humain comme tous les autres. Mais je ne pense que c’est sur ses valeurs que s’est appuyé le président Ikililou pour le nommer à un poste qui, il y a vingt quatre heures, était classé presque insignifiant. Brusquement, après la passation, le poste prend une place prépondérante dans l’architecture du cadre institutionnel.

Parce que l’homme, qui a déjà occupé avec brio ce poste, sait qu’en l’absence de Premier ministre, il aura un rôle crucial à Jouer. Ses adversaires savent que Bolero n’est pas un figurant. Il ne va pas se contenter de régenter la présidence et administrer les forces armées. Tel que je le connais, il jouera un rôle central, voudra insuffler une autre politique, marquer ses empreintes. Loyal, il se fera bouclier pour protéger le président de toute éclaboussure provenant des faux pas de ses partisans qui pataugent encore dans la gadoue.
Avec Bolero, tout président peut dormir. Azali a passé des nuits tranquilles, parce que l’homme ne dort que rarement, avec son chocolat noir sur la table, son péché mignon, sa seule drogue. Bolero, est un homme qui n’aime pas être surpassé. Alors il épluche ses dossiers, cherche à comprendre les méandres juridiques, les teneurs des contrats et des programmes, les financements, les acteurs, leurs profils, leurs compétences. Quand il se présente à toute négociation, il a réponse à presque tout. Et quant il trouve plus fin que lui, il demande suspension, pour éviter de cautionner une bêtise. Il ne se pardonne pas une bévue.
Bolero est un fin politicien. Ses amis ont peur de son intelligence et de ses feintes tactiques. Si jusqu’ici, il n’a jamais trahi les siens, il inspire la crainte à beaucoup. Parce qu’il a cette manie à négocier dans la transparence totale, mais également cette propension, presque soviétique à jouer les Yevno Azév, espion du tsar, infiltrant les social-démocrates. « Clair obscure », est une démarche, une philosophie qu’il adule.
Bolero, a écrit ses mémoires Devoir de vérité. Sa part de vérité pour expliquer en quoi et sur quoi il était comptable dans sa gestion politique. Je n’ai pas de jugement de valeur sur ses écrits ni une critique à formuler sur la valeur artistique ou intellectuelle. Je remarque qu’il est le premier homme de ce rang à le faire.
Dès sa nomination, on a beaucoup parlé de politique, de majorité, et d’influence négative de la tournante. Je comprends et je partage. Mais depuis presque vingt ans, qu’elle est l’homme politique qui a pu se séparer des programmes du Fonds Monétaire International ou s’en éloigner de l’objectif du point d’achèvement. Azali a pondu le Dsrp, Sambi a relancé l’annulation de la dette et Ikililou est sommé de prendre les mesures structurelles, pour bénéficier de l’effacement total de la dette et de l’ouverture du guichet de crédit. Tout le monde s’aligne. Le reste n’est qu’élucubrations intellectuelles.
La politique, Bolero le conçoit comme un échiquier. Il aime avoir une vue d’ensemble et quand un pion lui échappe ou quand des postures des pièces mobiles ne sont pas lisibles ou visibles, il n’hésite pas à tout balayer pour recommencer un jeu franc. L’homme déteste regarder les cases noires et blanches alternées, sans en saisir d’un coup d’œil qui, de ses adversaires, ou de ses partenaires, prononcera « échec et mât ». Le président qui l’a nommé doit pouvoir suivre son rythme. Bolero est rapide, sans repos. Les défaites ne lui font pas peur. Ils l’inspirent.Ahmed Ali Amir

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