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Le bon Samaritain richissime des républicains

C’est l’homme de tous les records. Le magnat des casinos de Las Vegas, Sheldon Adelson, a d’ores et déjà versé plus de 70 millions de dollars aux républicains. Son objectif : battre Obama à plate couture. Portrait.

Le magnat des casinos Sheldon Adelson, qui pèse un peu plus de 21 milliards de dollars et se trouve dans le collimateur du ministère de la Justice américain et de la Securities and Exchange Commission [SEC, le gendarme de Wall Street], vient d’entrer dans l’Histoire : il a déjà injecté la somme record de 70 millions de dollars dans la campagne présidentielle républicaine. Et il envisage de donner encore davantage, jusqu’à 100 millions de dollars, d’ici au 6 novembre.

Adelson est la figure de proue de ces nouveaux bienfaiteurs de l’ère des « super-PAC » [ces comités d’action politique d’un nouveau genre qui peuvent recevoir des dons sans limites]. Il est de loin le plus gros donateur de ces supercomités qui ont apporté près de 1 milliard de dollars supplémentaires aux fonds de campagne traditionnels de Mitt Romney et du Comité national républicain.

Pourtant, malgré sa colossale force de frappe financière, Adelson fait très peu parler de lui et demeure un mystère, y compris pour de nombreux conservateurs.

Durant les deux heures qu’il nous a accordées dans sa suite de l’hôtel Venetian de Las Vegas, dont il est le propriétaire, Sheldon Adelson s’est montré dissert. Il va encore monter en puissance, assure-t-il, et il mettra « tout en œuvre » pour que Barack Obama soit battu.

« Je ne trouve pas bien qu’une élection soit influencée par des individus », commente-t-il devant son dîner, une serviette coincée dans son col au-dessus d’une cravate couleur lavande. « Vous allez donc me demander pourquoi, moi, je le fais. Eh bien, parce que d’autres individus exercent leur influence sur les élections. »

Il veut battre les démocrates – et les battre à la plate couture. « J’imagine qu’on peut dire que j’ai fait mienne la maxime de Vince Lombardi [célèbre entraîneur de football américain] : ‘La victoire n’est pas tout, elle est la seule chose qui vaille.’ Je mettrai donc tout en œuvre – dans les limites de la moralité, de l’éthique, de mes principes et de la légalité.« 

Capitaliste triomphant

Sheldon Adelson a déjà fait don d’une somme trois fois supérieure au précédent record, détenu par le milliardaire George Soros – ce dernier s’était délesté de 24 millions de dollars pour tenter de faire battre George W. Bush en 2004. Et les dons d’Adelson s’élèvaient déjà au tiers des fonds totaux dépensés par le candidat républicain John McCain durant toute sa campagne de 2008.

Tout le monde veut l’argent de Sheldon Adelson, qui sait parfaitement pourquoi il est tant courtisé. Mais être aimé pour son argent ne le dérange pas plus que ça.

« Je rencontre tout le monde, même ceux qui ne cherchent que de petits dons”, assure-t-il. Lorsqu’on l’interroge sur d’éventuelles demandes insolites, il rit : « Vous savez, l’argent, c’est de l’argent. Pour moi, toutes les demandes sont identiques : ce qu’ils veulent tous, c’est de l’argent. »

Nous sommes entrés dans l’ère de l’engagement individuel dans la vie politique, une ère où internet est censé avoir démocratisé campagnes et donations. Pourtant, par son influence et sa capacité à soutenir – pour ainsi dire à bout de bras – des candidats et des courants idéologiques, Adelson rappelle plutôt le temps des « barons voleurs » [ces richissimes industriels de la fin du XIXe siècle qui, grâce à leur fortune, exerçaient une énorme influence politique]. Autre paradoxe, le Parti républicain, où beaucoup sont scandalisés par le recul des valeurs traditionnelles, se voit aujourd’hui lourdement dépendant de fonds en provenance directe de Las Vegas, plus connue sous le nom de Sin City, la « ville du péché ».

Pour certains, Sheldon Adelson incarne le triomphe de l’initiative individuelle et du capitaliste omnipotent : un homme capable de réunir, quand bon lui semble, une assistance comptant quelques-unes des personnalités les plus importantes du pays. Pour d’autres, il est l’égal des méchants des films de James Bond, un manipulateur rusé et richissime.

Après McCain et Gingrich, Romney

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