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Le Défenseur des droits au secours des enfants

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Deux émissaires de Dominique Baudis viennent constater les manquements qui touchent aux droits de l’enfant à Mayotte mais aussi les paradoxes d’une Mayotte française si proche de l’Union des Comores.

«Catastrophe migratoire à Mayotte » titrait Elise Vincent la journaliste du Monde qui avait suivi en novembre Dominique Baudis, défenseur des droits, lors de sa visite mahoraise. Un très bon article sorti le 28 décembre 2012 qui dresse le constat accablant d’une île où chaque nuit, arrivent plusieurs dizaines d’habitants des îles voisines des Comores, à la recherche de soins ou d’une meilleure scolarisation pour leurs enfants qu’ils préfèrent laisser sur l’île lorsqu’ils sont expulsés. Des cousins, des frères de Mahorais restés français eux, et qui se placent de facto en situation irrégulière. Sans agressivité, la journaliste y parle d’épuisement humain, « d’abattement » autant du côté des associations que des fonctionnaires. Dominique Baudis assène : « on a créé un département, il faut assumer ». Car Mayotte représente un îlot de richesse dans un océan de pauvreté.

Son passage n’était pas « une mission de plus » alors qu’il avait installé deux représentantes à Mayotte. Mais c’est en se penchant plus particulièrement sur la situation des enfants que le défenseur des droits a décidé de dépêcher deux de ses ambassadeurs : Yvette Mathieu, ancienne préfète des Alpes de haute Provence et Didier Lefevre le représentant du Défenseur des Droits à La Réunion. « Notre mission est de noter l’application ou non du droit de l’enfant à Mayotte notamment au regard de l’article 4 de la Convention Internationale des droits de l’enfant ». Les Etats signataires s’y engagent à prendre toutes les mesures législatives et administratives pour appliquer les droits de l’enfant.

Discussions avec Hamida et Maïté la bénévole qui suit la famille

Discussions avec Hamida et Maïté la bénévole qui suit la famille

Ils rencontrent les institutionnels et les associations susceptibles de les éclairer. C’est dans cet esprit qu’ils se sont rendus avec Christophe Vénien, le délégué de Caritas Mayotte-Secours catholique dans les bangas abrités des regards, ceux qui sont régulièrement visités par la Police aux frontières (PAF) pour y abriter une population majoritairement en situation irrégulière. La saison des pluies n’aidant pas a escalader les sentiers pentus qui y accèdent, l’équipe arrive malgré tout à la case d’Echati, maman souriante de trois jeunes enfants handicapés par une maladie qui atteint peu à peu leurs muscles. Un seul des enfants est pris en charge depuis le mois de novembre avec une autorisation délivrée par la MDPH (Maison des personnes handicapées), mais qui n’a encore débouché sur aucun transport vers l’association Toioussi spécialisée dans le handicap. D’autre part, il s’agit de l’enfant le moins atteint qui peut rejoindre la route à pied.

Les deux représentants du défenseur des droits vont demander que la maman puisse obtenir un titre de séjour auquel elle a droit en raison du handicap de ses enfants. Cela lui permettrait de se déplacer pour faire des petits boulots, sans avoir peur d’être expulsée : sans revenu, elle doit néanmoins payer chaque mois 40 euros de loyer et 50 pour l’électricité… le montant exorbitant pour une case de deux pièces est versé à Noussouati, habitant de Tsararano qui collecte ainsi le prorata d’une facture qui se monte pour l’ensemble de 5 cases à 250 euros. Les Mahorais qui louent ainsi des cases de tôles aux étrangers en situation irrégulière sont légion et c’est bien le centre d’un paradoxe mahorais où les locaux prétendent vouloir expulser cette population qui (sur)peuple les écoles mais vivent d’une économie parallèle qui, il faut bien le dire, convient à tous… Echati est aidée par sa fille Hamida qui vend des samossas et autres confections maison qui leur permet de survivre. Ce que les journalistes envoyés de métropole ne décrivent jamais, c’est le sourire des habitants des lieux, aussi bien les enfants que les adultes, ancré dans une culture où le présent est prégnant, le lendemain c’est « Inch Allah ! ».

Les informations recueillies serviront à traiter les cas particulier, mais aussi à tirer des lignes de conduite pour que l’Etat français corrige ses erreurs, « et ce, sur tout le territoire français ». Dominique Baudis l’avait signalé, s’il n’a pas de pouvoir de contrainte, il utilise des moyens de pression ou de menaces pour arriver à ses fins.

Par Anne Lafond
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