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Le silence assourdissant d’Anisse, de Jaffar face à la présidence tournante soumise à contribution financière 

Les choses se précisent au fur et à mesure que le temps passe. C’est autour du gouverneur de Ngazidja de jouer sa partition dans des Assises jouées d’avance, et dont l’objectif est de servir la volonté d’éternisation au pouvoir de la CRC. 
La déclaration de Hassan hamada a surpris plus d’un et n’est pas passé inaperçue. Sa proposition de contribution financière à hauteur de 50% au budget national pour l’île qui exerce la présidence tournante est en effet constitutive d’un parjure politique. Le gouverneur de Ngazidja introduit dans les assises le sujet de la réforme constitutionnelle qui fâche. Pourtant, il n’y a pas longtemps, il avait déclaré à l’émissaire des Nations Unies en présence de ses pairs que les assises ne doivent pas toucher à la constitution du pays… Il avait plutôt privilégié des assises thématiques liées à des aspects concrets de la vie des comoriens susceptibles d’améliorer leur existence.

Au-delà de ce parjure politique, il y a lieu de relever l’aspect gravissime et inquiétant la déclaration du chef de l’exécutif de Ngazidja au cours de ce meeting de soutien aux assises. Le relent d’esprit séparatiste et d’hégémonie sous-jacent à cette déclaration relève du truisme. Cette notion de contribution financière d’une île rappelle ce que nous avons déjà entendu au début de la crise séparatiste anjouanaise. Les propos sont identiques et ce sont les auteurs qui changent pour la circonstance.

 En 1997, les maîtres séparatistes anjouanais ont sorti la calculette et chanté la même musique que le gouverneur actuel de Ngazidja : ce sont les recettes d’Anjouan qui font vivre Ngazidja ; les gens à la Grand-comore ne paient pas de douane ; ils sont mauvais payeurs ! C’est exactement la même littérature développée jusqu’ici par le célèbre chauvin séparatiste décomplexé Fahari Mougni, mais dans l’autre sens.  

En réalité, l’idée de contribution financière d’une île au budget national est une vieille idée séparatiste qui n’a de valeur que pour les gens qui ont un mauvais positionnement par rapport aux questions de l’Unité nationale. Les différentes taxes qui remplissent les caisses de l’Etat sont perçues au nom de et pour l’Etat comorien et les conditions de perception sont liées à des critères autres que l’insularité. 

C’est donc une énorme déception voire une désespérance nationale de voir que le gouverneur de Ngazidja ne pensait pas moins que les séparatistes anjouanais et l’idéologue séparatiste de Ngazidja, Fahari Mougni… En effet, c’est toute la question de l’opportunité de la relation de confiance mutuelle que les comoriens peuvent avoir entre eux dans un désir commun d’un vivre ensemble qui reste posée avec beaucoup d’acuité avec les propos de Hassan Hamada. Il est donc urgent que ceux qui portent sincèrement en eux, à Ngazidja, ce désir de vivre ensemble qui impose la confiance entre nous, le respect mutuel, le respect de la parole convenue, marquent leur distance de façon claire et sans équivoque par rapport à la proposition regrettable et dangereuse en termes de cohésion nationale de Hassan Hamada. 

Sans doute faut-il voir dans les propos du gouverneur l’effet assises d’Azali… La participation à ces dernières le met de facto dans une posture anti-tournante… Comment le gouverneur de Ngazidja pouvait-il plaider contre la Tournante anjouanaise en 2021, mohélienne en 2026 consacrée par un droit constitutionnel, renforcé par une jurisprudence vieille seulement de moins de 2 ans évoquant clairement une présidence tournante grand-comorienne en 2016 ouverte non ouverte à des ressortissants non grand-comoriens ? Il eut fallu que  la nature revienne au galop chez le gouverneur de Ngazidja pour être en phase avec la logique anti-tournante des assises mises en place par Azali. Mais la manière d’agir contre la Tournante réfère à un argument financier grossier sans aucune consistance.

Il reste la question de savoir pourquoi Anisse Chamsdine et A.Jaffar, qui ont juré de défendre le droit constitutionnel des comoriens d’Anjouan à la Tournante, ne réagissent-ils pas face aux propos au relent séparatiste et hégémonique du gouverneur de Ngazidja ? Sont-ils déjà sous l’effet des assises d’Azali avant même d’y participer, le même effet qui a conduit le gouverneur de Ngazidja à se parjurer et à dévoiler sa nature séparatiste et hégémonique ? Ou ne craignent-ils pas d’en faire les frais en cherchant à défendre la Tournante au sein d’une machine où tout est dirigé contre celle-ci ?

La grande connaissance que j’ai de ces deux individus me fait dire qu’ils jouent à l’hypocrisie face aux anjouanais, que leur silence assourdissant vaut approbation de la proposition du gouverneur de Ngazidja aux arrière-pensées séparatistes et hégémoniques… A quel prix ? Anisse Chamsidine ne va pas se vendre cher malgré les images d’un parti Soma plutôt fantomatique. Sans doute sous l’influence d’un Boléro, roublard, Anisse Chamsdine est-il en train de se faire anesthésier par la promesse d’un poste de vice-président d’Azali en 2020 en échange de l’acceptation du renouvellement du mandat de celui-ci,  et d’une promesse vague de soutien à sa candidature à la présidentielle de 2024, la même promesse vendue à d’autres politicards anjouanais à l’instar d’Abdou Ousséni.

 A.Jaffar ne peut défendre le droit constitutionnel à la Tournante des anjouanais. La défense de ce droit le met en porte à faux avec ses petits calculs personnels le conduisant à saper la Tournante anjouanaise de 2021 qui pourrait propulser son ennemi à la tête du pays… Il y a certes ses atermoiements et son silence habituel face aux dérives du pouvoir d’Azali et la dictature des assises qu’il exerce en permanence sur les gens, mais j’en veux surtout pour preuve une discussion que j’ai pu avoir avec l’intéressé sur le sujet. A. Jaffar ne dit ni ne pense moins que Hassan Hamada lorsqu’il m’a déclaré que ce n’est pas normal que les mohéliens dirigent les Comores compte tenu de leur taille… 

Ce n’est donc ni avec A.Jaffar ni avec Anisse Chamsdine ayant visiblement montré pattes blanches que nous allons défendre le droit constitutionnel à la Tournante des anjouanais et des mohéliens, renforcé par une jurisprudence de la Cour constitutionnelle des Comores. Ils sont atteints par l’effet assises d’Azali avant l’heure ; ils conjuguent les assises avec leurs petits intérêts personnels, claniques et partisans… Le jour venu, ils joueront leur partition à moins qu’ils ne le jouent déjà depuis un moment en appelant à des assises qui prennent de l’eau partout. Ils oublient juste une chose. Nous sommes dans le domaine du sable mouvant de la politique où rien ne peut être réglé et figé à l’avance comme du papier musique de façon parfaite, où seules la constance et la vérité paient malgré les apparences. 
Ahmed BOURHANE

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