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Législatives à Marseille: Saïd Ahamada est en bonne position pour l’emporter

 Circonscription arrivé derrière le FN, le candidat LREM accumule les soutiens plus ou moins francs… Saïd Ahamada vent dans le dos.

La vie politique est cruelle. Jusqu’à hier soir, dans son « fief » des quartiers Nord, longtemps réputé imprenable, on lui donnait affectueusement du « Henri » par ci, du « Henri  » par là, et régulièrement aussi, du « mon ami ! » avec l’accent qui brasse l’air et la bonne vieille tape dans le dos. Depuis ce matin, il est redevenu Jibrayel pour beaucoup, n’a plus grand-chose à promettre et doit, comme c’est la règle, se plier à parler des autres. Eux, les qualifiés du second tour : Sophie Grech pour le FN (23,06 %) et Saïd Ahamada pour La République en marche (19,86 %).
« J’appelle à faire barrage au Front national », se contente de réciter le candidat socialiste arrivé troisième (16,91 %), dimanche, d’une 7e circonscription qui aura atteint d’épouvantables pics d’abstention (67,39 %). Après une ruée Mélenchon au premier tour de la présidentielle (38,63 %), cette fois, les électeurs des cités sont majoritairement restés à la maison. Déçus et (ou) sûrs de la victoire promise au camp Macron. « J’ai fait le meilleur score PS du département », se console mollement le toujours conseiller départemental. Hors sujet. Désormais, l’heure est aux consignes. Barrage au FN, dit-il. Un appel clair et net à voter Saïd Ahamada ? « J’appelle à faire barrage à un parti aux idées xénophobes et racistes », s’accroche-t-il, pressé de passer à autre chose, « la recomposition du PS, je demande la démission de Jean-David Ciot »…
Car non, parbleu, il n’ira pas jusqu’à prononcer le nom de l’enfant surdiplômé de Félix-Pyat (3e), pondéré par nature et que peu appellent « Saïd ». Cet intrus qui le prive d’un mano à mano à coup sûr gagnant contre ce FN traditionnellement servi au second tour sur un plateau et en épouvantail. « Ahamada, c’est un feignant. Il n’a jamais travaillé pour ce secteur. Un candidat internet qui, comme 90 % de ceux d’En Marche !, vient de nulle part et repartira d’où il vient (…) », finit par se lâcher le sortant. Voilà qui soulage.
Des propos tenus, bien sûr, « sous le coup d’une déception qui se comprend », feint d’excuse Ahamada. Mais pas au point de tendre l’autre joue. « S’il avait si bien travaillé, il aurait passé la barre des 50 % », tacle-t-il.
Il peut se le permettre : hier, le haut fonctionnaire a accumulé les prises de position en sa faveur. Dans la foulée du communiste Jean-Marc Coppola (8 %) et des Insoumis (14,75 %) – qui ont appelé à « ne jamais faire élire un député FN » – la sénatrice-maire des 15e-16e, Samia Ghali, a clairement apporté « (son) total et entier soutien aux deux candidats En Marche !, Saïd Ahamada et Alexandra Louis (3e circonscription, Ndlr) », lancés dans des duels contre le FN. « À l’origine de mon engagement politique, il y a le combat contre l’extrême droite, sa violence, son rejet de l’autre et de ce qui constitue aussi, à titre personnel, une partie de ce que je suis », s’est-elle appesantie.



Un effort, là encore. En retrait stratégique ces derniers temps, l’élue socialiste, aux convergences timidement assumées avec En Marche !, a énergiquement soutenu son ancien ennemi intime, Henri Jibrayel. « Elle a été loyale. Je l’en remercie », confirme ce dernier. Qui sait bien que Samia Ghali redoutait, aussi, la présence sur ses terres d’élection d’Ahamada. Ce jeune et ambitieux conseiller d’arrondissements qu’elle ne porte pas dans son coeur. « Les deux ont fait campagne contre moi », note ce dernier, pas dupe.
« Nous sommes rentrés dans une grande période de recomposition politique en France et aussi à Marseille », anticipe-t-il, en ayant conscience, en cas de victoire dimanche, « du poids immense des responsabilités qui nous incombent ». « Dans ces quartiers, ça peut difficilement être pire, il faut tenter du nouveau. Mais si on échoue, c’est toute une génération qui sera grillée. »


À l’affût, son adversaire, Sophie Grech, 32 ans, veut elle aussi y croire : « Si on arrive à mobiliser les abstentionnistes, ce n’est pas impossible », estime cet agent de la police scientifique. Des abstentionnistes qui, dans le coin, en cas de danger, ont toujours majoritairement voté contre le FN. Une digue fragile. Construite sur un territoire symbolique. Là où, en 1995, Ibrahim Ali, d’origine comorienne, comme Ahamada, a été tué par des colleurs d’affiches du FN.


Inscrits : 65 450. Taux de participation : 32,61 %. Sophie Grech (FN) 23,06 % ; Saïd Ahamada (LREM) 19,86 % ; Henri Jibrayel (PS) 16,91 % ; Ouali Brinis (FI) 14,75 % ; Jean-Marc Coppola (PCF) 8 % ; Arlette Fructus (UDI) 5,40 % ; Lydia Frentzel (EELV) 2,65 % ; Haouaria Hadj Chikh (MdP) 2,57 % ; Jean-Marc Corteggiani (DLF) 1,74 % ; Nadia Zidane (UPR) 1,39 % ; Brigitte Vlaemynck Emea (Confédération animaliste) 1,13 %…
Laurent d’Ancona/ 

Laprovence.com

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