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Les victimes du bombardement de Bouake en 2004 attaquent Alliot-Marie en justice

21 novembre 2012

Les victimes du bombardement de Bouake en 2004 attaquent Alliot-Marie en justice

Michèle Alliot-Marie, le 13 juillet 2011 à l’Assemblée nationale à Paris ©AFP

PARIS (AFP) – (AFP)

L’ancien
ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, est
visé par une plainte pour « complicité
d’assassinats » de proches de militaires victimes du
bombardement du camp de Bouake en Côte d’Ivoire en
2004, les familles accusant le ministre d’entrave à la justice.

Cette plainte contre l’ex-ministre, en fonction au moment du
bombardement le 6 novembre 2004, a été
déposée auprès de la Cour de justice de la
République (CJR), compétente pour juger les crimes
et délits commis par des ministres dans l’exercice de
leurs fonctions, selon des sources proches du dossier.

L’avocat des familles de militaires, Me Jean Balan, n’a pas
souhaité commenter cette plainte.

Il a accusé à plusieurs reprises Mme Alliot-Marie
dans le passé d’avoir, « dès le début de
l’affaire », cherché à « saboter l’action de
la justice afin d’éviter, à tout prix, que la
vérité ne soit connue ».

Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces
loyalistes ivoiriennes bombardaient un camp de la force
« Licorne » à Bouaké (centre de la Côte
d’Ivoire), tuant neuf militaires français et un civil
américain, et blessant 38 soldats.

Immédiatement après le bombardement de Bouaké,
l’armée française avait détruit l’aviation
ivoirienne, provoquant une vague de manifestations
antifrançaises à Abidjan.

Deux ans plus tard, une polémique avait éclaté
quand avait été révélé que huit
Biélorusses, parmi lesquels se trouvaient deux pilotes,
avaient été arrêtés par les
autorités togolaises quelques jours après le
bombardement, puis mis à disposition des services
français avant d’être libérés.

Pressée de s’expliquer par la justice, Mme Alliot-Marie,
entendue comme témoin avait affirmé le 7 mai 2010
qu’il n’y avait alors « pas de base juridique puisque pas
de mandat d’arrêt international » pour les interroger.

Une information judiciaire pour assassinat et tentative
d’assassinats est ouverte depuis 2005, après une
plainte contre X des familles, dans laquelle l’ancien
ministre a été entendu.

 15 Slaves relâchés sans être entendus 

En outre, dès le lendemain du bombardement, quinze
personnes dont deux Biélorusses avaient été
arrêtées par les forces françaises avant
d’être relâchées et remises aux forces
russes.Des témoins avaient assuré que certains
étaient pilotes ou mécaniciens d’avions.

Le ministre avait également mis en avant
« l’impossibilité juridique » pour justifier
d’avoir remis aux autorités russes, sans les entendre,
ces 15 Slaves arrêtés à l’aéroport d’Abidjan.

« Il pouvait être intéressant de connaître
leur statut et leurs activités », a
concédé Mme Alliot-Marie mais « aucune base
juridique ne le permettait ».

De son côté, le général Poncet, qui
commandait la force Licorne en Côte d’Ivoire, avait
fait part à la justice de son incompréhension
devant l’ordre qu’il avait reçu de les libérer
sans les auditionner.

Interrogée sur sa connaissance de télégrammes
diplomatiques décrivant précisément l’action
des forces ivoiriennes les jours précédant
l’attaque contre le camp français, le ministre a
répondu avoir été informé avec retard.

De son côté, l’avocat des familles a plusieurs fois
demandé l’audition d’une dizaine de conseillers de
Michèle Alliot-Marie, de l’ex-président ivoirien
Laurent Gbagbo et du négociant d’armes Robert Montoya,
soupçonné d’avoir fait livrer à la Côte
d’Ivoire les deux avions qui ont servi au bombardement.

Egalement entendu comme témoin, l’ancien ministre des
Affaires étrangères Dominique de Villepin a pour
sa part affirmé en février 2008 n’avoir
« jamais été informé ni saisi de cette
affaire dans le cadre de (ses) fonctions ni même en
dehors de (ses) fonctions ».



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