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Ma-Mwe : “il faut changer de direction pour sortir du coma artificiel du docteur Etat”

Le nouveau directeur général de la société nationale d’eau et d’électricité a annoncé avoir mis en place une politique de rigueur afin de sortir Ma-mwe du coma artificiel que lui assure jusqu’à là, l’Etat. Dans la conférence de presse de samedi 27 octobre, Oumara Mgomri a affirmé avoir supprimé plusieurs dépenses “superflues“. Selon lui, la solution pour redresser la société consisterait à faire pencher la flèche des dépenses et accroitre les recettes propres, c’est-à-dire inverser la tendance actuelle. “Il fallait que nous donnions le bon exemple en nous serrant la ceinture.

Cette décision de réduire la masse salariale a été prise par une commission composée, entre autres, de membres du syndicat et du personnel“, rappelle-t-il, pour justifier une “décision concertée“ de réduire, dès ce mois d’octobre, la masse salariale de la société de 21% (lire notre édition du 18 octobre). Dans sa lancée, Oumara Mgomri a révélé que la masse salariale de Ma-mwe aurait augmenté de 40%, de juin à juillet 2012, en passant de 720 millions de francs annuels à 1,1 milliard. Pendant ce temps, le fossé des dettes astronomiques de l’entreprise publique n’a cessé de s’élargir.

D’abord envers la Société comorienne des hydrocarbures où les impayés survolent les 14 milliards de francs, dont 2,8 milliards rien que pour cette année 2012. Ensuite, se sont accumulées de petites dettes contractées auprès de divers fournisseurs qui auraient atteint 1,5 milliard de francs. “Aucun dirigeant qui a la tête sur les épaules ne peut se permettre de telles folies“.

Selon Mgomri, la direction sortante lui aurait laissé 12 millions de francs dans les comptes après avoir effectué ses dépenses mensuelles. “J’ai pu faire des économies de 90 à 100 millions en effectuant les mêmes dépenses“, se vantait-il. L’équation semblerait, cependant, extrêmement difficile à équilibrer pour l’ingénieur en Télécommunications. La balance commerciale serait, aujourd’hui, déficitaire de près de 5 milliards chaque année puisque Ma-mwe n’enregistrerait que 4,8 milliards de recettes propres contre près de 10 milliards de dépenses.

“Ma-mwe est cliniquement morte, mais l’Etat a décidé de la maintenir dans un coma artificiel“, a fait constater le directeur général de la société qui a regretté que la priorité ait été de payer les salaires des employés lorsque l’entreprise fonçait droit au mur. Le nouveau patron de Ma-mwe sait que ce n’est pas uniquement les économies sur les salaires qui pourront remonter la pente. Il dit, dans ce sens, avoir lancé plusieurs initiatives pour redresser la société, à commencer par réunir, autour d’une table, le gouvernement et la Sch pour discuter de la structure de prix du gasoil vendu à Ma-mwe.

“Le prix du litre de gasoil est passé de 250 à 475 francs, soit une hausse de 120%. Il faut que nous puissions baisser ce prix ou bien qu’il nous soit permis, à notre tour, le droit d’augmenter celui du kilowattheure au client”, soutenait-il en parlant des “problèmes structurels”. Aussi, il se dit prêt à exécuter le chantier titanesque de regrouper les compteurs par quartier à l’extérieur des foyers dans un coffre sécurisé où seuls les agents de la société pourront en avoir l’accès.

Oumara Mgomri entend, en outre, renégocier le contrat des compteurs à carte avec Leignon Synergie Comores (Lsc), filiale du groupe belge Semlex. “Il faut qu’ils acceptent de diminuer de moitié le prix de la location ou qu’ils nous vendent tout simplement ces compteurs“, insistait-il. Ces compteurs à carte de Lsc sont loués par Ma-mwe en raison de 23 francs pour chaque Kilowattheure vendu. La masse salariale pourrait aussi être retouchée le mois prochain, d’une part, pour rétablir le Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) à 54.000 francs et, de l’autre, pour se conformer au décret présidentiel qui a fixé le salaire des directeurs des sociétés d’Etat à 350.000 francs et 175.000 francs d’indemnités.

“Si le salaire du directeur diminue, ceux de ses subordonnées le suivent“, prévenait ainsi Oumara Mgomri. Par ailleurs, il a exprimé son souhait de mettre en place le conseil d’administration et de scinder, à moyen terme, Ma-mwe en deux entités, l’une consacrée à l’eau et l’autre à l’électricité.

Toyb Ahmed

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