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Mali : "accrochages" à Gao, une "vraie guerre" pour les 4.000 soldats français

7 février 2013

Mali : « accrochages » à Gao, une « vraie guerre » pour les 4.000 soldats français

Des troupes françaises sur la route de l’aéroport de Gao, le 4 février 2013 au Mali ©AFP

GAO (Mali) (AFP) – (AFP)

 Les
soldats français, qui sont désormais 4.000 au
Mali, mènent une « vraie guerre » dans ce pays,
selon Paris qui a reconnu mercredi des « accrochages »
avec des islamistes armés dans la région de Gao
(nord-est), tout en évoquant un début de retrait
de ses troupes en mars.

« Il y a eu des accrochages hier (mardi) dans les environs
de Gao » et des « tirs de lance-roquettes des groupes
jihadistes résiduels », a déclaré à
la radio Europe 1 à Paris Jean-Yves Le Drian, ministre
français de la Défense.

Occupée pendant des mois en 2012 par des islamistes
armés, Gao est la plus grande ville du nord du Mali et
la première à avoir été reprise par les
troupes françaises et maliennes, le 26 janvier,
après d’intenses bombardements aériens
français.Des soldats nigériens y sont
également présents.

« Lorsque
toutes les nuits, en ce moment, y compris la nuit
dernière, les forces aériennes françaises
ciblent et frappent des lieux de centres d’entraînement
ou de regroupement de pick-up des groupes jihadistes, c’est
de la guerre.C’est une vraie guerre contre les groupes
terroristes, c’est une guerre qui aujourd’hui nous a permis
de marquer des points contre ces groupes et nous allons
poursuivre », a insisté M. Le Drian.

 Mercredi, deux adolescents, armés d’un pistolet et
de deux grenades, ont été arrêtés au
marché de Gao par des soldats maliens.Les
hypothèses d’une tentative d’attentat ou de vol sont étudiées.

Le dispositif
de sécurité à Gao et dans sa région a
été renforcé, pour lutter contre
d’éventuelles infiltrations de combattants islamistes,
a indiqué une source au sein de l’armée malienne.Des hélicoptères français patrouillent sur
l’axe Douentza-Gao, selon des témoins.

Le ministre français de la Défense a par ailleurs
reconnu que depuis le lancement de l’intervention
française au Mali le 11 janvier, il y a eu
« quelques blessés français mais des
blessés relativement légers », outre un pilote
d’hélicoptère tué au début de l’intervention.

Les forces françaises totalisent aujourd’hui 4.000
hommes.Ce chiffre, qui équivaut au nombre de
militaires déployés en Afghanistan à son
maximum en 2010, n’augmentera plus, selon M. Le Drian.

Environ
2.000 soldats de la force ouest-africaine au Mali (Misma)
sont aussi présents dans le pays.

De son côté, le Portugal a décidé
mercredi d’envoyer sept formateurs militaires dans le cadre
d’une mission de soutien de l’Union européenne à
l’armée malienne.

La mission européenne de conseil et de formation des
forces armées maliennes (EUTM) pourrait être
pleinement opérationnelle à la mi-mars, ont
indiqué mardi des conseillers du ministère
français de la Défense.

Du côté des jihadistes, M. Le Drian a
évoqué « plusieurs centaines » de morts lors
de raids aériens sur des pick-up transportant des
hommes ou du matériel de guerre, et durant « des
combats directs, frontaux à Konna et Gao ».

Début de retrait français en mars

Une offensive surprise des islamistes armés le 10
janvier sur Konna, ville du centre du Mali, avait
déclenché l’entrée en guerre de la France
pour stopper leur avancée vers le Sud et Bamako.

Mercredi, le président français François
Hollande a confirmé à ses ministres que le
contingent français au Mali commencerait à se
retirer à partir du mois de mars, « si tout se passe
comme prévu ».

Les accrochages dans le secteur de Gao prouvent que les
groupes islamistes armés ne sont pas seulement
présents dans la seule région de Kidal
(extrême nord-est), mais qu’ils résistent aussi
ailleurs dans le nord du Mali.

Des journalistes ont ainsi pu constater que les quelque 400
km de route qui séparent les villes de Douentza et Gao
étaient truffés de mines.

 Kidal et sa région, notamment le massif des
Ifoghas situé au nord, près de la frontière
algérienne et où se sont retranchés une
partie des chefs et combattants des groupes islamistes
liés à Al-Qaïa, reste cependant la zone la
plus sensible et a été la cible de nombreux
bombardements de l’aviation française.

 La ville, qui est tenue par des rebelles touareg et
des islamistes s’affirmant « modérés » et
prêts « au dialogue » avec Bamako, est
« sécurisée » par quelque 1.800 soldats
tchadiens, les troupes françaises contrôlant,
elles, l’aéroport.

Les rebelles touareg du Mouvement national de libération
de l’Azawad (MNLA) ont affirmé qu’ils
« coordonnaient » leurs actions dans le nord du Mali
avec les forces françaises contre les
« terroristes » islamistes en fuite.

M. Le Drian a reconnu que
les soldats français avaient à Kidal « des
relations fonctionnelles avec le MNLA », mouvement qui
avait lancé l’offensive le 17 janvier 2012 dans le nord
du Mali avant de s’en faire évincer par les jihadistes
avec lesquels il était allié.

Sur le plan diplomatique, la France a demandé mercredi
au Conseil de sécurité des Nations unies de
préparer l’envoi d’une force de maintien de la paix au
Mali, « casque bleu », même si
l’ambassadeur français aux Nations unies, Gérard
Araud, a reconnu « certaines réticences » à
ce sujet du côté de Bamako.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a
indiqué mercredi que la France oeuvrait pour une mise
en place de cette opération de l’ONU en avril.

La France a aussi insisté auprès de l’ONU pour
accélérer le déploiement d’ »observateurs
sur les droits de l’homme » dans le pays, alors que des
ONG ont accusé les islamistes mais aussi les forces
gouvernementales maliennes d’avoir commis des exactions.

A Bamako comme à Douentza, les Maliens avaient mercredi
le coeur gros, après l’élimination de
l’équipe nationale en demi-finale de la Coupe d’Afrique
des Nations (CAN), sur le score sévère de 1-4 face
au Nigeria.

« On a voulu deux victoires, une pour la CAN, une pour la
reconquête du Nord.Et pour la CAN, franchement on a
perdu le moral, franchement on a essuyé ! » (perdu),
a expliqué Harouna Dolo, 43 ans.



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