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Mali : l’ONU craint une spirale de violence, vive tension à Gao

13 février 2013

Mali : l’ONU craint une spirale de violence, vive tension à Gao

Un soldat malien le 12 février 2013 à Gao ©AFP

GAO (Mali) (AFP) – (AFP)

L’ONU
redoute une spirale de « violence catastrophique » au
Mali où Gao, la plus grande ville du nord du pays,
était le théâtre ces derniers jours de
violences de la part des groupes islamistes armés qui
ont réussi à s’y infiltrer pour combattre « les mécréants ».

La Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi
Pillay a lancé mardi un appel solennel à tous les
protagonistes du conflit pour qu’ils « empêchent les
représailles », estimant que « les attaques et
les ripostes risquent d’entraîner le Mali dans une
spirale de violence catastrophique ».

Sur le terrain, les jihadistes du nord du Mali ont reçu
le soutien d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique
(Aqpa), basée au Yémen, qui a qualifié
« la croisade contre l’islam » menée par la
France de « déclaration de guerre contre l’islam et
les musulmans ».

« Soutenir les musulmans au Mali est un devoir pour tout
musulman capable de le faire », affirme un
communiqué d’Aqpa, précisant que les musulmans
peuvent « payer de leur vie ou contribuer
financièrement » au jihad (guerre sainte).

Une guerre
« plus obligatoire pour les musulmans les plus
proches » du théâtre des combats, « pour
ceux dont la France a utilisé le territoire pour
lancer » son opération et « pour les musulmans
vivant dans les pays qui aident la France dans cette
croisade », selon l’organisation.

A Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako, où ont eu
lieu vendredi et samedi les premiers attentats-suicide de
l’histoire du Mali, ainsi que des combats de rues opposant
dimanche des groupes de jihadistes à des soldats
maliens et français, la situation reste tendue.

Le principal marché de la ville était
quasi-désert, la majorité des boutiques
fermées, a constaté un journaliste de l’AFP.Des
patrouilles maliennes et nigériennes sillonnaient les rues.

 « Les gens ont peur, à cause de la
sécurité et parce qu’on procède à des
arrestations », a confié un officier malien.

Les soldats eux-mêmes étaient très nerveux, ne
quittant pas leurs armes, les Nigériens arborant casque
et gilet pare-balles.Quelques coups de feu ont
été entendus en milieu de matinée.

Des militaires patrouillaient également le long du
fleuve Niger. »On cherche des éléments
(islamistes) qui ont traversé en pirogue et se sont
infiltrés », a expliqué un soldat, tandis qu’au
sud de Gao, des soldats nigériens fortifiaient leur base.

Les forces de sécurité continuent par ailleurs de
découvrir quotidiennement à travers la ville des
stocks de munitions et d’explosifs.

« Les moujahidine resteront » à Gao

Lundi à
l’aube, un hélicoptère de l’armée
française avait bombardé le commissariat
principal, ancien siège de « la police
islamique » pendant l’occupation de la ville par les
jihadistes en 2012, où étaient retranchés
dimanche plusieurs d’entre eux tirant sur les soldats maliens.

Des témoins ont affirmé qu’un kamikaze s’était
également fait exploser dans le commissariat, sans
pouvoir dire si c’était avant ou pendant le bombardement.

Le ministre malien de la défense, Yamoussa Camara, a
fait état d’un bilan de trois islamistes tués et
onze capturés à l’issue des combats de dimanche,
au cours desquels trois soldats maliens ont aussi
été blessés.

 Un bilan de source hospitalière mentionnait au
moins trois civils tués. Le commissariat et le
marché principal de la ville, situé à
proximité, ont en outre été déminés
lundi par les soldats français

Les deux
attentats-suicide contre l’armée malienne à un
poste de contrôle à l’entrée nord de Gao et
les affrontements de dimanche sont dus au Mouvement pour
l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Ce groupe islamiste également dénoncé pour ses
activités criminelles, dont le trafic de drogue,
occupait totalement la ville depuis juin 2012 où, au
nom d’une interprétation rigoriste de la charia (loi
islamique), il a commis de nombreuses exactions avant
l’arrivée des troupes françaises et maliennes le
26 janvier.

En revendiquant ces actions, Abou Walid Sahraoui,
porte-parole du Mujao, avait affirmé qu’il les
poursuivrait « jusqu’à la victoire » contre
l’armée malienne et « les ennemis de l’islam ». »Les moujahidine sont dans la ville de Gao et y
resteront », avait-il ajouté.

L’armée malienne a par ailleurs repris, sans combat, le
contrôle de Ménaka (Nord), à 80 km de la
frontière nigérienne, où les rebelles touareg
du Mouvement national pour la libération de l’Azawad
(MNLA, l’Azawad étant le nom touareg de la région
du Nord du Mali) s’étaient installés depuis le 5 février.

Et l’Union
européenne a annoncé mardi la reprise de son aide
publique au Mali, gelée après le coup d’Etat de
mars 2012, qui pourrait atteindre 250 millions d’euros.La
France avait déjà fait part le 4 février de
la reprise progressive de son aide, après l’adoption
d’une feuille de route politique prévoyant notamment
des élections d’ici le 31 juillet.

De son côté, dans son discours annuel sur
l’état de l’Union, le président américain
Barack Obama a affirmé que les Etats-Unis devaient
« aider les pays comme le Yémen, la Libye et la
Somalie pour assurer leur propre sécurité et aider
les alliés qui combattent le terrorisme, comme nous le
faisons au Mali ».

Washington apporte un soutien logistique et fournit des
renseignements à l’armée française.



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