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Mozambique : dans le maquis, l’opposition se rebiffe, l’arme au poing

13 novembre 2012

Mozambique : dans le maquis, l’opposition se rebiffe, l’arme au poing

 

Des vétérans de la Renamo, la guérilla anti-communiste, suivent une formation militaire dans le massif du Gorongosa, au Mozambique, le 8 novembre 2012 ©AFP

 

GORONGOSA (Mozambique) (AFP) – (AFP)

Levés
à l’aube et sur le pied de guerre, quelques centaines
de vétérans de la guérilla anti-communiste
qui a ensanglanté le Mozambique jusqu’en 1992, ont
repris le maquis avec leur ancien chef, le leader de
l’opposition Afonso Dhlakama, se disant prêts à en
découdre pour obtenir un meilleur partage du pouvoir et
des richesses.

L’ex-commandant rebelle, quatre fois candidat malheureux
à la présidentielle depuis le retour de la paix il
y a vingt ans, s’est retranché depuis octobre dans sa
province natale de Sofala (centre), au pied du massif du Gorongosa.

Le campement est installé en pleine végétation
à proximité d’une ancienne base
désaffectée utilisée par son mouvement de
guérilla, la Renamo, durant la guerre civile qui
dévasta le pays pendant seize ans, faisant un million
de morts.

La capitale Maputo est à plus de 1.000 kilomètres
de là, mais c’est bien le coeur du pouvoir que visent
l’ancien commandant et la poignée d’hommes et de femmes
en manque d’action qui l’ont suivi en brousse, nostalgiques
d’une époque où la Renamo faisait trembler la population.

Pendant des
années, les contre-révolutionnaires dirigés
par Dhlakama ont terrorisé les civils, comptant
jusqu’à un tiers d’enfants-soldats dans leurs rangs,
réduisant des femmes en esclavage sexuel, et
forçant les habitants des zones contrôlées
à livrer de la nourriture, ou à assurer le
transport de vivres et de munitions.

Transformé en parti politique après la conclusion
de l’accord de Rome d’octobre 1992, la Renamo siège
aujourd’hui au Parlement, et a tout d’un mouvement
d’opposition respectable.

Sauf qu’elle est désormais incapable d’enrayer son
déclin dans les urnes, avec un score tombé à
16,5% aux élections présidentielles de 2009.

Jouant son va-tout, alors que le pays est travaillé par
les appétits suscités par l’arrivée en masse
d’investisseurs attirés par les réserves en
charbon et les énormes gisements gaziers off-shore
découverts au nord, Dhlakama menace.

« S’il le faut, nous détruirons le Mozambique »

« J’entraîne des hommes et, s’il le faut, nous
sortirons d’ici et nous détruirons le Mozambique »,
dit-il à l’AFP.

Autour de lui, la petite troupe des déçus de la
paix qu’il a réunie a une allure plutôt disparate.

En treillis
vert ou en civil, ils affichent une moyenne d’âge de 40
ans.Certains sont beaucoup plus âgés.Mais la
colère est palpable, tout comme l’envie d’appuyer sur
la gâchette.

Tous sont furieux et lassés de voir le parti au pouvoir,
le Frelimo, dominer sans partage la scène politique et l’économie.

« Il fallait que je vienne ici ! », lâche Pedro
Chichione, écoeuré de voir ses enfants
systématiquement mis sur la touche professionnellement
parce que leur père est l’un des 51 députés
de la Renamo (sur 250 siégeant au Parlement).

Nerveux, équipés de quelques fusils d’assaut AK-47,
ils s’exercent au maniement des armes, réalisent des
manoeuvres d’entraînement, transpirant sous les ordres
aboyés par d’anciens vétérans, tout en
assurant la garde rapprochée de leur chef.

« Un soldat ne peut pas rester trois jours sans courir
sinon il s’encroûte ou devient paresseux », explique
Amindo Milaco, 44 ans, recruté de force à
l’âge de 17 ans par la Renamo.

« On a besoin d’une petite révision de tout ce qu’on
utilisait durant la guerre mais c’est facile de se rappeler.On a ça dans le sang », ajoute-t-il.

Aujourd’hui bras droit de Dhlakama, Amindo est le seul
formellement habilité à parler à la presse.

Il assure pouvoir faire facilement venir davantage de
personnes pour forcer le camp adverse à céder.Et
affirme aussi que ce ne sont pas les armes qui manquent,
bazookas, mortiers, et même mines anti-personnelles,
même si les seules armes que l’on peut voir servent
à revoir des rudiments d’instruction militaire.

Le reste des armes est caché, selon Amindo qui assure
que chacun sait parfaitement où les trouver
« aussitôt que la fusillade aura commencé ».

Du côté des autorités, la prudence est de mise
et l’on semble convaincu que les déclarations va-t-en
guerre de Dhlakama resteront sans lendemain.

Mais on garde l’oeil ouvert.A quelques kilomètres, sur
la piste conduisant au camp, une voiture de l’unité
d’élite des forces anti-émeute a été garée.

« On ne veut pas de problèmes pour sa
sécurité ou sa santé, et si qui que ce soit
entreprend quelque chose contre lui, la force d’intervention
rapide interviendra pour l’aider », explique Pedro Cossa,
un porte-parole de la police nationale.



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