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«On ne peut pas empêcher des Comoriens d’aller chez eux à Mayotte»

Un quart de siècle après l’instauration du “Visa Balladur” qui a entrainé la mort de milliers de Comoriens, “l’Etat et le Comité Maore continuent de prôner le même discours : “Mayotte est comorienne et le restera à jamais”. Les enfants du Club Soirhane pronent pour un autre discours. Après avoir érigé une stèle en mémoire des victimes du dit Visa, ils projettent l’ouverture d’un Observatoire national “afin de donner des noms et un chiffre à ses victimes”. Nous avons interrogé Anissi Chamsidine qui donne son point de vue sur le projet de cette association de Mirontsi ya Ndzuani.

Le Comité Maore et le gouvernement central attendent toujours la célébration de la Journée Maore ou l’assemblée générale des Nations unies pour reprendre le même discours : “Mayotte est comorienne et le restera à jamais”. N’est-il pas temps de changer de discours?

Je pense que continuer à dire “Maore iyo yatru, Mayotte est comorienne”, ne suffit plus. On ne peut plus continue dans la même rengaine. Il faut des actions de part et d’autre. Pendant que l’Etat continue de se rendre à l’Onu, le citoyen ne cesse, quant à lui, de prendre le kwasa pour mourir en mer. Il faut autre chose désormais. L’Etat peut persister dans sa plaidoirie à l’Onu, mais les citoyens doivent prendre conscience. Tout le monde doit s’y mettre et trouver une solution à ce massacre. Aujourd’hui on nous parle de clandestin mais clandestin par rapport à quoi. Un Comorien clandestin à Mayotte? Pourquoi on a jamais vu des Comoriens refouler en France parce qu’ils sont clandestin dans ce pays? Mais à Mayotte chez eux ? Ce n’est pas correct !
Parallèlement, on nous parle de passeur. Mais chaque jour le bateau Mariagalanta fait la traversée, ce n’est pas un passeur? Manifestement il y’a des questions profondes sur lesquelles il faut se pencher. C’est pourquoi nous avons pensé que nous devons faire un effort pour connaître la réalité. Qui meurt dans ce bras de mer entre Ndzuani et Mayotte? Combien sont-ils? Non seulement c’est une tragédie, mais cette jeunesse qui part c’est notre richesse. Je ne suis jamais allé à Moyotte car jamais je ne prendrai un visa pour aller dans mon propre pays. Je préférerais y aller en kwasa plutôt que de prendre un visa.

Cette tragédie semble vous tenir à cœur et vous avez, d’ailleurs, déjà projeté de prendre un kwassa pour vous y rendre en hommage aux victimes. Ce projet est mort dans l’œuf. Que s’est-il qui passé?
La population n’a tout simplement pas compris le projet. Ça serait insignifiant que je prenne tout seul un kwassa pour Mayotte. Il faut qu’on se mobilise, que des milliers de Comoriens prennent un kwasa, qu’on les aligne par milliers vers Mayotte pour voir la réaction de la France. C’est sous cette forme que ce serait significatif.
J’ai déjà acheté mon kwasa mais il faut qu’il y ait de la mobilisation et qu’on se mette d’accord sur le jour du départ. Du président au gouverneur, du maire au chef du village en passant le citoyen lambda. Es-ce que la France va nous bombarder avec ses bateaux de guerre?

Vous-êtes le gouverneur de Ndzuani, principal point de départ vers ce cimetière. Quelle politique préconisez-vous pour mettre fin à ce massacre?

Nous n’avons pas les moyens d’empêcher ces gens-là de prendre des kwasa vers Mayotte. Même la puissance mondiale qu’est la France n’en a pas. Elle ne peut pas empêcher les Comoriens de se rendre chez eux, comme elle n’a pas, d’ailleurs, les moyens d’empêcher les gens d’aller en France. Comment peut-elle arrêter les Comoriens de circuler librement sur leur territoire?
Ce que je préconise, c’est que nous prenons conscients de ce qui nous arrive. Ces passeurs qui entassent des gens dans une petite embarcation de fortune sans sécurité, ce n’est pas correct. Je ne peux pas empêcher les gens d’aller à Mayotte. Mais, si j’ai un mot à dire, c’est juste que ceux qui partent soient conscients du risque qu’ils prennent et se dotent de moyen de sauvetage. On donne cent à deux cent mille franc pour une place sur un kwasa mais on n’est pas capable de s’acheter un gilet de sauvetage à sept mille cinq cent francs?
Si on faisait plus attention aux questions de sécurité, les drames seraient plus limités. Mais, une chose est sûre : quels que soient les moyens qu’on mettrait en place, on ne peut pas empêcher des Comoriens d’aller chez eux à Mayotte.

Après cette première stèle érigée par le Club Soirhane en mémoire aux milliers de victimes du Visa Balladur, est née du même club, l’idée de la création d’un Observatoire national qui saura fixer un nom à chaque victime et un chiffre exact à ces Comoriens morts pour cause de Visa Balladur. Que pensez-vous de ce projet et quel pourrait être votre contribution?

Le projet est intéressant, très ambitieux mais c’est un défi difficile à relever. Pour y parvenir, il faudrait que tous les Comoriens participent à sa réalisation. Car c’est vrai qu’il est absurde depuis des années, “plus de 20.000 morts” sans arriver à donner un chiffre exact alors que nous avons la possibilité de le faire en menant des enquêtes.
Lors des élections, nous sommes capables de recenser notre population et surtout nos électeurs du fait que nous avons besoin de les utiliser, pourquoi ne pas essayer de recenser ces victimes du visa Balladur? N’ont-ils pas au minimum droit à un certificat de décès.
Il est de notre devoir de réaliser cela. Ce projet d’observatoire national, doit impliquer tout le monde et surtout les maires et les préfets. Ils doivent être capables d’enregistrer leurs enfants décédés au village comme ceux qui périssent en mer. Pour l’instant, ma contribution à ce projet reste ma caution assurée.

Propos recueillis par
Mahdawi b. Ali / Alwatwan

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2 commentaires sur «On ne peut pas empêcher des Comoriens d’aller chez eux à Mayotte»

  1. Tu te pose beaucoup de question dont tu connais très bien la réponse même si tu ne veux pas l’admettre. je trouve cet article complètement irresponsable surtout venant de la tête d’un individu qui prétend vouloir faire une démarche plutôt louable.

    je cite:
    Quelle politique préconisez-vous pour mettre fin à ce massacre?

    Tu proposes que tous les comoriens achètent un kwassa et organisent un caravane de kwassa vers Mayotte. ceci est donc ta solution aux problèmes? Pathétique.
    vos élus doivent en réalité offrir une meilleur vie à son peuple parce que ses gens ne partent pas à mayotte parce qu’ils croient allez chez eux ou partir pour la tarte à la crème que la France leur offrira de l’autre coté, mais en réalité ils partent pour fuir la misère que le gouvernement comorien successifs les a apportés depuis 1975.

    c’est cette misère chronique qui pousse ces gens à partir mon ami. mettez vos élus devant leurs responsabilités.

    ces voyages en kwassa ne datent pas d’aujourdh’ui et le visa balladur n’y est pour rien dans ce massacre.

    commençons par dénoncer ces pilotes de kwassa qui surcharge leur bateau jusquà 30 personnes pour un gain maximum d’argent. si ses passeurs effecteur ces traversées avec 4 ou 5 personnes, il y’aurai moins de naufrage et donc moins de mort. comment le gouvernement comorien et les intellectuels comorien peuvent fermer les yeux devant une telle massacre de leur peuple. ces organisateurs de la traversée tout le monde les connait mais personne ne dit rien. nombreux de Vos élus ou de vos intellectuels tirent profits de ce business de la mort de votre peuple.

    Anjouan est entrain de devenir une ville fantome car beaucoup de gens sont déjà parti à Mayotte. La richesse d’un pays c’est sa population sa jeunesse donc j’ai du mal à comprendre votre analyse.
    je tient une boutique dans une village au nord de mayotte. 99% de mes clients sont comoriens parce que ces gens vivent ici et consomme ici. mon business fonctionne plutot bien je dirais même très bien. donc plus il y’a de consommateur je gagne de l’argent. et maintenant si tout le monde part qui va faire tourner votre économie à anjouan. tu préfererais envoyer un comorien à mayotte se faire humilier plutôt que de trouver une solution pour eux chez eux afin qu’ils puissent s’épanouir chez eux. j’ai du mal à comprendre ton analyse. c’est lamentable.

    En tant que mahorais je pense que ces usines de fabrication de kwassa doivent être bruler et même s’il faut envoyer des mercenaire pour faire ce travail.
    bob denard a assasiné ahmed abdallah, la garde présidentielle n’a vu que du vent. donc bruler une usine de fabrique de kwassa doivent être un jeu d’enfant avec leur militaire incompétent.

    • Les français se tirent de mayotte on vous le dit mais quand mayotte sera comorienne vous croyez quoi avoir de plus. Mayotte c est de la terre rouge y a rien de plus sans l argent de la France, mayotte est comme le reste des comores pauvres avec une elites qui tirent les ficelles sur les plus pauvres aussi voleurs que les votres et après vous serez bien tous embarrassé avec vos 4 îles, si vous n arrivez pas.a.nourrir tous.le.monde vous irez ou? Cessez l hipocrisie de l unité qui n existe qu à vos yeux.

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