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Opération Riyali : 74 millions de francs comoriens détournés sans laisser de trace

74 millions de francs comoriens détournés
Le 19 novembre 2011, lorsque l’opération Riyali, parrainée par l’épouse du président de la République, a été lancée à Moroni, elle s’était fixé comme objectif de soutenir la lutte contre la maltraitance des enfants et accompagner les populations vulnérables, notamment les femmes et les handicapés. Plusieurs organisations de la société civile, dont le Réseau Amani, l’Ascobef, l’associationdes médias audiovisuels, le mouvement Ngo’shawo et l’Unicef, ont été associées à l’Opération. Au final, à Mwali et à Ngazidja, 98,564 millions de francs auraient été collectés. A Ndzuwani, plus de 49 millions récoltés, n’ont pas été versés dans le compte du comité de pilotage qui avait initié ce programme. La contribution anjouanaise repose loin des yeux dans un compte spécial ouvert à la Société Nationale des Postes et des Services Financiers (SNPSF), et non à la banque centrale, dans le compte officiel de cette organisation nationale qui prendra par la suite le nom de l’Organisation Riyali.
 74 millions de francs comoriens détournés
Les organisateurs de la collecte à Anjouan indexaient à l’époque le manque de garantie de transparence des fonds, une fois dans le compte commun de la banque centrale. Il faut rappeler que les relations en dents de scie entre le gouvernement de l’Union et l’exécutif de l’île d’Anjouan y étaient pour beaucoup dans l’histoire.
Bientôt deux ans, aucune information rassurante n’est donnée par ceux qui sont censés gérer les fonds collectés à Anjouan. Un comité local est pourtant mis en place, deux ordonnateurs désignés et depuis, rien. Motus et bouche cousue. L’Inquisiteur s’est battu toute la semaine pour décrocher un entretien avec les deux cosignataires du compte SNPSF de la collecte anjouanaise, mais en vain.
Et pourtant, à Moroni, le Conseil d’Administration de l’organisation Riyali, réuni le11 mai dernier, a examiné et approuvé quatre projets à vocation sociale et humanitaire, qui lui étaient soumises pour financement conformément aux objectifs fixés lors du lancement de l’Opération et à l’appel à proposition qui a été formulée par l’Organisation il y a plusieurs mois à Ngazidja et à Mwali. Il s’agit de deux projets des services d’écoute et de prise en charge des enfants victimes de maltraitance de Ngazidja et de Mwali, d’un projet de l’Association SHIWE au profit des handicapés de Ngazidja, et un projet de l’Association AHAM au profit des handicapés de Mohéli. Le montant total global de ces notes conceptuelles éligibles aux financements de l’Organisation Riyali s’élèverait à 74 111 055 francs comoriens. En l’absence d’un personnel permanent, le Conseil national d’administration a aussi décidé, lors de cette réunion du 11 mai, de recruter un consultant pour une période d’un mois, chargé d’accompagner les structures bénéficiaires et l’Organisation Riyali, dans la rédaction et la signature des conventions de financement. L’absence très remarquée de la contribution et des projets de l’île d’Anjouan dans le bilan et l’affectation des fonds par l’Organisation Riyali, confirme la mésentente qui règne encore dans ce dossier entre l’organisation nationale et le comité anjouanais. De toutes manières, le comité de pilotage patronné par Dar Nadjah n’a jamais vu de bon oeil la fusion des deux structures de pilotage (nationale et locale), en émettant des doutes sur la transparence de la gestion et de l’affectation des fonds récoltés. D’autant plus qu’à l’époque une grande partie des contribuables exigeaient que les fonds récoltés à Ndzuwani soient affectés à des projets exclusivement anjouanais. Les passes d’armes qui ont suivi entre le comité de pilotage national et le comité local de Ndzuwani, polluées par les interventions des politiques, ont scellées la rupture entre les deux structures. Un projet de recours en justice avait même été avancé par l’Organisation Riyali, pour dissuader Ndzuwani à verser les fonds collectés dans le compte commun à la banque centrale. La démarche est abandonnée, on ne sait pour quelles raisons et le flou artistique entretenu dans ce dossier reste entier. Mais aujourd’hui, les donnes ont changé. Les hésitations du comité de pilotage de Ndzuwani sont elles encore justifiées? Fatima Bacar, l’animatrice principale du service d’écoute d’Anjouan a déclaré à L’Inquisiteur que « ce ne sont pas les projets urgents et sensibles qui nous manquent à Anjouan plus qu’ailleurs. Bientôt deux ans depuis la collecte, je ne suis au courant de rien.» Et pourtant, Fatima Bacar a été l’une des activistes de première heure de cette opération à Ndzuwani. Pourquoi Ndzuwani s’abstient-elle de communiquer sur ce sujet ? Où est passée la monnaie ? Qu’est-ce qu’on en a fait ? Qui seront les bénéficiaires ? Des questions que Dar Nadjah devrait répondre pour lever les doutes et les spéculations de la rue.
 
Kamal Ali Yahoudha
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