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« Pas un mot sur les expulsions illégales depuis le début de l’année 2016 à Mayotte »

​Francois Hollande et les Comores

Le 21 juin 2013,à l’occasion de la visite de l’ancien président de l’Union des Comores en France, Ikililou Dhoinine, le président français, François Hollande, avait botté en touche le la question de Mayotte qui empoisonne les relations entre le deux pays depuis l’accession inachevée des Comores à l’indépendance en juillet 1975. Il avait poussé son arrogance jusqu’à son paroxysme en refusant de discuter de ce point avec son homologue comorien lors de cette rencontre. Il avait déclaré, à l’issue de sa rencontre avec son homologue comorien à l’Elysée, en présence d’élus mahorais, que les deux pays travaillaient pour une coopération régionale entre la France, Mayotte et la Réunion comprises et les Comores.
 
Lors de sa visite à Mayotte en aout 2014, dans une interview accordée aux chaines de télévision  de cette ile, Francois Hollande avait fait des raccourcis hasardeux entre « immigration et insécurité  »  et entre  » immigration clandestine et immigration légale « . Il avant réaffirmé sa volonté de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte et de « forcer » les autorités comoriennes à participer à cette lutte.


Le 23 aout 2014, le Président Francois Hollande qui s’était rendu à Moroni pour participer au 4e sommet des Chefs de l’Etat et de Gouvernement de la Commission de l’Océan Indien s’était montré intraitable sur la question de l’ile de Mayotte. Dans ses propos tenus à Moroni, il avait encore parlé de « lutte contre l’immigration clandestine » à Mayotte et de l’impossibilité de faciliter la liberté de circulation entre Mayotte et les autres iles de l’archipel, en présence des élus mahorais ( un député et un sénateur de l’île de Mayotte) intégrés dans sa délégation alors qu’il représentait  dans le sommet de Moroni, le département de la Réunion qui est l’unique entité qui fait partie de la COI selon le protocole additionnel à l’accord général de coopération entre les Etats de la COI, signé à Victoria aux Seychelles, le 14 avril 1989, ratifié par son parlement.
Ce 4 octobre 2016, lors de sa rencontre avec le Président Azali Assoumani, François Hollande a «  marqué la volonté de la France de lutter plus efficacement contre les migrations illégales ». Pas un mot sur les expulsions illégales depuis le début de l’année 2016 à Mayotte, de plusieurs milliers de Comoriens, sous l’œil docile des forces de l’ordre par des « collectifs d’habitants ».
En marquant encore une fois sa volonté de «  lutter plus efficacement contre les migrations illégales »  en présence de sa ministre des outre-mer, Francois Hollande ne tire pas les leçons de l’échec des  luttes contre «  les migrations illégales » engagées depuis deux décennies par le gouvernement français à Mayotte. Un échec cuisant, un non-sens qui n’a fait que favoriser « l’immigration dite clandestine » et engendrer la mort de plusieurs milliers de personnes. Les chiffres parlent d’eux même : la population de Mayotte est passée de 130.000 habitants en 1997 à près 212 600 en 2012 en dépit de l’expulsion en moyenne de près de 20 000 personnes par an. Cette population a ainsi augmenté de 26 200 habitants depuis 2007, soit 5 240 habitants de plus en moyenne chaque année. Elle a presque triplé depuis 1985.  Depuis l’instauration du visa d’entrée a Mayotte des Comoriens en 1995, la plupart des autres habitants de l’archipel qui arrivent à Mayotte, ne retournent plus dans leur île d’origine comme auparavant. Ce visa malgré son échec, est défendu bec et ongles par les gouvernements successifs de la France. Alain CHRISTNACHT, Conseiller d’État français chargé par le gouvernement français d’évaluer et de faire des propositions sur les règles applicables à l’entrée et le séjour des étrangers à Mayotte a suggéré le maintien de ce visa en septembre 2012. Il avait affirmé après sa visite dans l’archipel des Comores que l’abrogation du « visa Balladur » n’était pas la solution pour lutter contre l’immigration clandestine dans l’ile de Mayotte. Et pourtant la délégation de la commission des lois du Senat français qui s’était rendue à Mayotte en mars 2012 avait dans ses conclusions, constaté l’échec de la politique de la reconduite à la frontière pratiquée à Mayotte et avait préconisé la révision pure et simple du « visa Balladur » qui limite la circulation des personnes entre Mayotte et les trois autres iles de l’archipel des Comores.
La «  lutte efficace contre les migrations illégales »  passe nécessairement par la libéralisation de la circulation des biens et des personnes entre l’île de Mayotte et ses îles sœurs de l’archipel des Comores et le renforcement des liens politiques et économiques entre les iles. C’est une évidence qui saute aux yeux. Mais, Francois Hollande, s’entête et s’enlise dans sa politique répressive, qui, en dépit de la multiplication des mesures de contrôle, d’expulsion, de refoulement, de la multiplication des moyens de la Police de l’Air et des Frontières, de la multiplication des radars, enfonce l’ile de Mayotte dans son lagon.

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