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Petits meurtres entre amis aux Comores

comores-politiqueRèglements de comptes entre amis. Ainsi pourrait-on intituler le feuilleton tragi-comique qui se déroule actuellement dans les allées du pouvoir. D’une part, des proches (ou supposés tels) de Beit-salam qui cherchent à fusionner plus d’une quarantaine (oui vous avez bien lu !) de groupuscules politiques pour fonder un grand parti présidentiel ; d’autre part, des leaders politiques ayant soutenu le candidat Ikililou qui refusent de dissoudre leurs formations dans un rassemblement improbable qui risque – comme c’est toujours le cas – de ne pas survivre au régime en place.

Deux logiques inconciliables qui s’affrontent autour du partage du pouvoir, car c’est bien l’enjeu majeur de cette guerre de positionnement. Plus Ikililouiste que moi, tu meurs !
Les uns font prévaloir la nécessité de créer une dynamique forte et unitaire pour accompagner les reformes gouvernementales. Ils estiment que la mouvance présidentielle, telle qu’elle est, n’est pas en mesure d’impulser, d’animer et de défendre le pouvoir. Les autres mettent en garde contre une ‘‘intrumentalisation du président’’ qui ne saurait être associé à un camp. Pour ces derniers, le passé est tellement truffé d’exemples de ces fusions politiques éphémères pour se permettre de tomber dans les mêmes travers.

Ce triste spectacle semble montrer que le président n’a jusqu’ici aucun support sur lequel il peut s’appuyer, ni un bras politique assez puissant pour non seulement contenir les assauts d’une opposition de plus en plus virulente (Shuma a déjà sévi), mais aussi constituer une force de propositions. Ainsi, au lieu de renforcer le chef de l’Etat, ce vaudeville qui se joue à l’intérieur même du pouvoir le fragilise davantage et pourrait, si rien n’est fait pour apaiser la situation, porter préjudice à l’action présidentielle.

Aujourd’hui, le danger ne vient pas de l’opposition, qui se délecte de cette cassure du camp d’en face, mais de ceux-là même qui devraient être les remparts du pouvoir. Quand les deux camps invitent la presse le même jour et au même moment pour s’envoyer des invectives, ce que l’on a atteint le point de non-retour.

Il est tout de même curieux qu’au sein de la majorité présidentielle, il n’y ait pas de personnalité consensuelle, qui ne se situe donc dans aucune des deux chapelles, capable de sonner la fin de cette récréation et de réconcilier les ‘‘frères ennemis’’. Si l’on attend un geste de la part du chef de l’Etat avant de ranger les armes, on risque d’être déçus, car ses fonctions de président de la République lui interdisent de s’ingérer dans les affaires d’un parti politique quel qu’il soit.

Pendant ce temps, on oublie de parler des vrais sujets qui intéressent les Comoriens, notamment de la crise de l’école publique, de la chute du pouvoir d’achat de la population, du fonctionnement (ou plutôt du dysfonctionnement) de la justice, de la corruption qui gangrène aujourd’hui tous les étages de l’administration,…

En voyant ceux qui sont censés aider le gouvernement à mettre en musique le programme politique du chef de l’Etat se disputer comme des chiffonniers, les Comoriens perdent espoir. Pas impossible qu’ils se détournent de la politique. La fracture entre le peuple et l’élite politique va encore se creuser. Et il ne faudrait pas s’étonner si demain le taux d’abstention aux élections atteignait des chiffres records. Pour l’amour de Dieu, soyez dignes de vos responsabilités !

Mohamed Inoussa  Source: autre média

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