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Présidentielles 2016 : La position du président pourrait accélérer les choses

Le clan Sambi, qui avait d’abord fait d’Ikililou Dhoinine «le relais qui rassure» avant de se voir éjecter du bateau, est le seul à ne pas attendre un quelconque appui de Beit-Salam. Les autres forces politiques quémandent sinon un soutien affiché, du moins, une neutralité bienveillante.

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L’information court et court  toujours. Sans démenti officiel, elle devient «information» avec des sources authentifiées et dignes de foi.  Le président de la République, Ikililou Dhoinine, aurait lâché le mot devant ses partenaires politiques : il soutiendrait son vice-président Mohamed Ali Soilihi à la présidentielle de 2016. Ce soutien surprise et précoce a créé une onde de choc. Il impose surtout une nouvelle distribution des cartes et une recomposition des alliances.

Ce positionnement, s’il venait à se confirmer, aurait l’avantage  de relancer le jeu. A l’issue des dernières élections législatives, des alliances circonstancielles ont été tissées avec le pouvoir dans l’espoir de les faire perdurer au-delà des travaux des groupes parlementaires. La nouvelle donne met un frein à d’autres pactes stratégiques ultérieurs pour la conquête du pouvoir.
Certains hommes politiques, qui pensaient jouer aux échecs en se rapprochant du pouvoir, se retrouvent aujourd’hui pris au piège, incapables de bouger leurs pions sur l’échiquier. Le vice-président le plus proche du Raïs devient pour eux une sérieuse menace.
Le clan Sambi, qui avait d’abord fait d’Ikililou Dhoinine «le relais qui rassure» avant de se voir éjecter du bateau, est le seul à ne pas attendre un quelconque appui de Beit-Salam. Les autres forces politiques quémendent sinon un soutien affiché, du moins, une neutralité bienveillante.

Parce que l’Etat et le gouvernement restent encore, dans l’imaginaire populaire, une valeur sûre de la campagne électorale. En raison surtout des moyens colossaux dont peut disposer son candidat (la machine administrative est souvent mise à contribution) et des sponsors les plus variés, de l’intérieur et surtout de l’extérieur, qui sont toujours tentés de se rapprocher du pouvoir.
Il y a d’abord le parti Crc (Convention pour le renouveau des Comores) qui a réalisé un score honorable aux dernières élections malgré son éclatement en deux clans. On imaginait des alliances avec le pouvoir en jouant sur l’isolement de Mohamed Ali Soilihi, comptable à leurs yeux de tous les déboires du régime. Les éclaboussures des fantasques politiques et des scandales financiers constituaient l’argument fort pour obtenir les faveurs de Beit-Salam.

Le directeur de cabinet du président, membre de ce parti, ne s’avoue pas vaincu, même si le ralliement de Houmed Msaidié avec l’Updc assombrit son jeu. Le rapprochement tant rêvé entre le colonel Azali Assoumani et Houmed Msaidié n’est pas encore à l’ordre du jour tant que les ambitions des deux hommes s’équilibrent.
Msaidié, que les militants de Radhi poussent à se présenter aux présidentielles, n’a pas encore franchi le pas. A Beit-Salam, l’ambition de la première dame de jouer un rôle politique de premier plan, les prochaines années, est à la base de ces clins d’œil entre le vice-président Mamadou, la Crc et le président Ikililou.
Au niveau du clan Sambi, le suspens reste entier. La volonté du président Sambi de se présenter candidat de son mouvement est clairement affiché, avec les risques potentiels de se voir éjecter par la Cour constitutionnelle.  L’ancien président dispose pourtant de dauphins qu’il peut éventuellement positionner, à l’exemple de Fahmi Said Ibrahim, même s’il se refuse à donner des indications claires.

L’ambigüité du jeu politique de Juwa permet à des électrons libres, proches amis de Sambi,  comme l’ancien président de l’Assemblée nationale Bourhane Hamidou, de se déclarer candidats.

D’autres candidatures sérieuses sont annoncées, à l’exemple de celles de Said Ali Kémal, d’Ali Nassor, de Mahmoud Wadaane, ou encore de Hachim Said Hassane. Reste que l’entrée en scène du trio Mamadou-Azali-Sambi risque de bousculer les choses.

Ces trois candidats sont supposés disposer d’assez de moyens pour soutenir une campagne coûteuse. Il existe encore des mouvements (Orange, Mouroi..) qui n’ont pas encore dit leur dernier mot. Mais, le choix du président Ikililou de soutenir son vice-président risque d’accélérer les choses ; il permet aux analystes de voir un peu plus clair dans ce capharnaüm politique.
Ahmed Ali Amir

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