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« Si une radio n’a pas les autorisations requises pour émettre, alors elle doit être fermée… »

Discours vœux du président Azali Assoumani à la presse comorienne. 

Monsieur le Président du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel
Chères dirigeantes et dirigeants des organes de presse comoriens,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Honorable assistance,
السلام عليكم ورحمة الله وبركاته،،،
Permettez-moi tout d’abord d’adresser à chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos familles respectives, à tous ceux qui vous sont chers et aux organes de presse que vous représentez, des vœux de bonne et heureuse année 2018.
Puisse cette nouvelle année être prospère pour vos structures respectives et pour le pays tout entier.
Je voudrais, de prime abord, vous dire que les Comores ont un grand besoin de vous, un grand besoin d’une presse libre et indépendante.
C’est pourquoi, je souhaite remercier chacune et chacun d’entre vous pour votre présence nombreuse, et saisir cette opportunité pour saluer le travail que vous accomplissez au quotidien, en vue d’informer au mieux les comoriens.
Mesdames et Messieurs,
Je me joins à vous pour exprimer ma peine quant à la disparition de vos deux confrères l’année écoulée. Ce sont incontestablement deux personnalités qui ont marquées le monde de la presse comorienne, des personnalités qui ont toujours cru et défendu la liberté de la presse, qui se sont battues pour la structuration et la professionnalisation de vos métiers. Je veux, bien sûr, parler de Madame  Saminya BOUNOU et Monsieur Hadji HASSANALY.
C’est donc avec émotion que je profite de cette tribune pour leur rendre encore une fois un hommage bien mérité et joindre ma prière aux vôtres, pour qu’Allah leur accorde Sa miséricorde.
Mesdames, Messieurs,
Vous avez, à travers Mme Hadidja Charif, la Directrice de l’ORTN, posé  un ensemble de questions auxquelles je ne vais pas me soustraire. Je me soustrairai d’autant moins à ces questions que je les trouve cruciales pour l’avenir de votre profession et l’avenir notre pays.
Une démocratie digne de ce nom ne peut fonctionner sans pluralisme médiatique ni liberté d’expression. Je partage sans ambiguïté ces valeurs que je voudrais inébranlables pour notre pays.
Toutefois, liberté d’expression ne signifie pas liberté d’invective, ne signifie pas atteinte à la dignité humaine, ne signifie pas diffamation.
Je sais que vous avez la volonté d’informer le mieux possible les comoriens, parce que vous avez le goût de la vérité et l’attention portée aux mots justes.
Je ne suis pas journaliste mais je crois, modestement, que lorsqu’on tient une information, la règle c’est de la vérifier, d’appeler les différents interlocuteurs et acteurs, pour rendre au public la version la plus fidèle à la réalité.
Alors oui vous avez des droits, mais vous avez aussi et avant tout des devoirs. Un devoir de responsabilité, un devoir d’objectivité et un devoir de transmission de la réalité.
Je ne suis pas en train de vous faire une leçon de journalisme, mais vous êtes un contre-pouvoir et devez être capable, même au sein de votre profession, de vous élever contre des agissements qui ne sont pas dignes des professionnels que vous êtes.
Votre rôle et votre existence sont indispensables. La presse, y compris la presse d’opinion, doit exister pour faire vivre la démocratie.
Cependant, à l’heure du buzz, des blogs, des réseaux sociaux, à l’heure où tout le monde peut s’improviser journaliste en un simple clic, vous devez être les garde-fous de votre profession. Et je crois qu’il en va de la survie de celle-ci et de sa crédibilité.
La fermeture d’une entreprise de presse telle qu’une radio est une décision difficile et lourde de conséquence pour une démocratie. Mais dans une démocratie il y a des lois et ces lois s’appliquent à tous.
Si une radio n’a pas les autorisations requises pour émettre, alors elle doit être fermée. Ce n’est pas moi qui le dit c’est la loi.
Sur un autre sujet, nous devons faire vivre la CNPA dont le rôle de régulation s’avère cruciale dans notre pays, aussi bien pour faire respecter les règles qui régissent les organes de presse, les médias et les métiers qui s’y rattachent, mais aussi pour sanctionner le cas échéant, les fautes professionnelles graves. Il ne s’agit pas de censure, mais tout simplement de la responsabilité et du respect de la loi.
La liberté d’expression et le droit à l’information ont été consacrés par notre Constitution. Toutefois ils sont encadrés par la Loi. Ainsi, autant les autorités ne peuvent abuser de leur pouvoir pour censurer les médias, autant ces derniers doivent respecter la Loi, autant chaque citoyen a le droit de pouvoir se défendre lorsqu’il s’estime avoir été lésé par un média.
Mesdames et Messieurs,
Vous avez salué les réformes dans le secteur de la presse notamment la réactualisation du code de l’information et de la communication. Ces réformes ne sont que le point de départ, je l’espère, de la grande réforme de la presse que je souhaite tant.
Vous avez souligné avec justesse que les Comores sont classées 5ème en Afrique en 2017 en matière de liberté de presse. C’est bien mais combien sommes-nous classés dans le monde ? Nous devons aller plus haut, nous réformer d’avantage et nous remettre sans cesse en question en vue de nous améliorer.
Je pris bonne note de votre souci de voir la carte de presse avoir son décret et votre préoccupation relative à la précarité des métiers de la presse.
Le seul cadre d’une cérémonie de vœux ne permet pas de tout régler en une ou plusieurs phrases. Toutefois, prenons rendez-vous, pour qu’à notre prochaine rencontre de ce genre, nous puissions dire, que ces problèmes sont derrière nous.
Mesdames et Messieurs,
Plus que jamais, nous avons besoin de comprendre que le monde est devenu un grand village, qu’il change, bouge, innove et invente. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de demeurer immobiles.
Nous devrons alors travailler davantage ensemble, nous  réformer davantage, innover davantage, nous ouvrir davantage pour enclencher et gagner la course au développement. Le risque ce n’est pas d’oser, le risque c’est de penser que l’on peut continuer à survivre ainsi sans nous réformer, sans fournir les mêmes efforts que les autres.
Sans sous-estimer les accomplissements de l’année précédente en termes d’énergie, d’infrastructures routières, de santé, nul ne peut contester que nous sommes encore très loin de là où nous voulons aller.
Ce n’est pas en restant immobile que les choses vont changer, d’autant que l’effort doit être collectif. Chaque comorien à son niveau doit apporter sa pierre au développement.
Et cela commencera par les assises nationales du 22 janvier prochain.
Aujourd’hui, les comoriens aspirent à un nouvel espoir qui naitra des débats nombreux, approfondis et sans tabou que je souhaite lors de ces assises nationales pour que notre démocratie soit vivante et pour que la voix des comoriens soit entendue.
Je vous souhaite encore une fois à toutes et à tous une bonne et heureuse année 2018.
Je vous remercie.

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