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Tunisie : fronde des médias et de l’opposition après une interview censurée du gendre de Ben Ali

Slim Chiboub, gendre de l'ex président tunisien Ben Ali, le 19 janvier 2004 à Tunis.

Des figures politiques et médiatiques tunisiennes ont dénoncé vendredi 23 novembre un acte de « censure » après l’interdiction faite à la chaîne Ettounsiya TV de diffuser un entretien avec Slim Chiboub, un gendre du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

« RETOUR À LA CENSURE »

« On est revenu à la censure, c’est pire qu’avant » la chute de Ben Ali en janvier 2011, a jugé Tahar Ben Hassine, patron de la chaîne satellitaire El Hiwar El Tounsi, à l’antenne de la radio Mosaïque FM. Ce dernier a indiqué être prêt à diffuser l’interview de Slim Chiboub à la place d’Ettounsiya TV dès vendredi 21 heures (20 heures GMT). « Nos acquis sont menacés, s’ils (les islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement) veulent me poursuivre, qu’ils le fassent », a-t-il dit.

M. Ben Hassine a souligné qu’Ettounsiya TV ne pouvait pas passer outre la décision d’un tribunal d’interdire la diffusion de l’entretien, relevant que la chaîne est dans une situation compliquée depuis le placement en détention provisoire de son patron, Sami Fehri. « Nos collègues sont dans une situation délicate, leur patron est en prison, ils ne peuvent pas défier l’arbitraire du pouvoir », a-t-il estimé.

« PRÉLUDE À UNE ‘NORMALISATION’ PLANIFIÉE DES SYMBOLES DE L’ANCIEN RÉGIME »

Des députés se sont joints à ces critiques, jusqu’au sein du Congrès pour la République (CPR), un parti laïc allié à Ennahda. « C’est une erreur. Cela peut conduire à bien des spéculations et des condamnations », a relevé à l’antenne de Mosaïque la député Samia Abbou, ajoutant : « il n’y a pas de base légale pour empêcher la diffusion de cette émission ».

Le premier ministre, Hamadi Jebali, un des dirigeants d’Ennahda, a justifié cette décision jeudi soir, estimant selon l’agence officielle TAP que cette interview « est un prélude pour une ‘normalisation’ planifiée des symboles de l’ancien régime ». « Nous ne tolérerons pas ce plan machiavélique », a ajouté le chef du gouvernement.

Ennahda a été accusé à plusieurs reprises de chercher à contrôler la ligne éditoriale de plusieurs médias à qui le parti reproche d’être au service des tenants du régime déchu.

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