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Une jeune comorienne crée une batterie solaire à grande autonomie

Elle s’appelle Elodie Said-Ahmed. Elle vit en France. Le premier prototype, Elodie souhaite la lancer d’ici la fin de l’année. Cette batterie externe rechargeable grâce à l’énergie solaire permettra de recharger plus rapidement un smartphone que les supports solaires déjà développés. «Nous comptons se lancer dans un premier temps en Afrique de l’Est dans 3 pays pour le début : Tanzanie, Comores et Maurice. Dans cette région orientale du continent, on retrouve le Swahili, l’une des langues les plus parlées d’Afrique. Et Djua signifie soleil en Swahili», a-t-elle expliqué dans un entretien avec Al-watwan.

Qui n’a jamais vu le monde s’écrouler sur sa tête si la batterie de son smartphone s’approchait de la barre des 10%. De ce moment où l’on commence à entrer dans le fond de la discussion à travers un appel Voip ou encore lorsqu’on voit impuissant l’extinction du téléphone juste quand on s’apprête à décrocher un appel qu’on attendait depuis des heures. Oups. La panique. Le plus souvent le premier réflexe qui passe par la tête est de rechercher une prise électrique pour brancher le smartphone. Mais pour cela, il faut donc se retrouver dans un endroit où l’électricité est disponible à tout moment. Ce qui n’est pas évident aux Comores, en raison d’interminables délestages et où de nombreuses localités reculées comptent au mieux 10h, parfois des jours avant d’espérer un retour de l’électricité. Souvent confrontée à cela, Elodie Saïd-Ahmed, réfléchit déjà à une solution.

Aider les communautés

A seulement 23 ans, cette jeune d’origine comorienne, a eu en effet l’ingénieuse idée de se lancer dans l’entreprenariat avec un projet précis : développer une batterie externe rechargeable solaire pour aider les gens à recharger leurs smartphones. C’est donc après plusieurs vacances passées au pays, qu’elle s’en est rendu compte du calvaire de ses compatriotes. «Je viens au pays tous les ans. Et les problèmes de délestages ont toujours été au rendez-vous. Même si je passe mon temps à Ngazidja, mais les autres habitants des autres îles sont logés à la même enseigne. Pourtant tout le monde a besoin de son téléphone pour surfer sur les réseaux sociaux ou recevoir des appels. Certes, certains possèdent des power bank mais lorsque ceux-ci se déchargent, on se retrouve tous dans le même bateau. En Afrique, par exemple des localités passent des semaines sans électricité. Ayant constaté cela, j’ai décidé de trouver un moyen pour aider ces communautés à recharger leurs smartphones. D’où l’idée de concevoir une batterie solaire», a confié la jeune entrepreneure qui réside dans la capitale française depuis maintenant 14 ans.

Plus d’autonome

Cette batterie solaire externe a déjà un nom : Djua. Un choix qui n’est pas tombé du ciel selon elle. «Nous comptons se lancer dans un premier temps en Afrique de l’Est dans 3 pays pour le début : Tanzanie, Comores et Maurice. Dans cette région orientale du continent, on retrouve le Swahili, l’une des langues les plus parlées d’Afrique. Et Djua signifie soleil en Swahili», a-t-elle expliqué. Le produit est pour l’instant dans le stade d’optimisation.
Une phase qui consiste à déterminer précisément ses capacités, les fonctionnalité et attributs afin de le rendre efficace. «Djua» sera capable de charger un téléphone à une vitesse plus rapide que les chargeurs solaires habituels. «D’abord, notre batterie se distinguera en termes d’autonomie. Elle sera capable de recharger au minimum deux fois le téléphone. Et contrairement aux concurrents, la vente ne se focalisera pas seulement sur internet. Voilà pourquoi nous avons choisi trois pays où nous avons des contacts», a-t-elle promis.

Concernant la production, elle sera assurée par des entreprises de sous-traitance. Le premier prototype devrait sortir avant la fin de l’année 2020. Si la pandémie du coronavirus disparaisse bien sûr. L’idée est née en 2018 après un séjour dans le pays à en croire la jeune entrepreneure. «Lorsque j’ai demandé à mes parents de m’aider à trouver un nom ils hésitaient», se remémore-t-elle. Ce n’est que l’année suivante que le projet a commencé et à prendre son envol. Alors qu’elle était stagiaire à l’Uccia, Elodie rencontre un investisseur Tanzanien connu sous le nom de James Humbo, Pdg d’Everths group, une entreprise de conseil.

Une rencontre B to B

C’est donc pendant une rencontre BtoB, organisée en 2019 à l’Union des chambres des commerces et d’industrie d’agriculture que la jeune fera connaissance avec cet homme d’affaires devenu depuis son collaborateur. Une rencontre qui changera tout. «On collabore en tant qu’entreprise», a-t-elle précisé lors d’un entretien qu’elle a accordé à Al-watwan, la semaine dernière. «Je ne veux pas que le projet m’appartienne seulement en tant que propriétaire d’une idée. D’où ma participation au concours Moovjee», devait-elle ajouter.
Il s’agit d’un concours destiné aux entrepreneurs français. Pour postuler, il faut avoir entre 18 et 30 ans.
Ce concours est composé de trois catégories. Elodie vise le «prix 100 jours». Celui-ci est réservé aux porteurs de projets et auto-entrepreneurs souhaitant créer une entreprise sur le territoire français d’ici la fin de l’année et qui par ailleurs envisage de détenir au minimum 20% des parts du capital de la future entreprise.

Accessible à tous

Pendant la première phase, chaque candidat tournait une vidéo pour expliquer son projet. Seuls 30 vidéos sur 180 ayant récolté le plus de like avaient été retenues dont celle d’Elodie. Les 15 parmi ces 30 qui auront recueilli le plus de votes sur leurs vidéos et les 5 candidats les mieux notés par le comité de lecture devraient être invités à pitcher devant le jury le 23 mars. Mais la cérémonie a été reportée sine die sur fond du Covid-19. Les lauréats auront droit à un financement et autres avantages, des spaces coworking, des prêts à des taux préférentiels pour ne citer que ceux-là. Installée en France depuis 2006, Elodie Saïd-Ahmed est née aux Comores.

Fille de l’actuel secrétaire général de la Coi, Hamada Madi Bolero, elle est originaire de Shuani par sa mère. Actuellement inscrite en Master 1 dans une école de commerce, la jeune a déjà obtenu à Barcelone un double bachelor en business, administration avec un peu plus de finances. Dans son entreprise, elle travaille avec un jeune comorien dénommé Hachim Chanfi. Ils sont à la recherche d’autres jeunes pour compléter l’équipe qui doit avoir 10 personnes. Si «Djua» va révolutionner et conquérir le marché africain le marché des batteries externe solaires, il aura une autre particularité : il sera accessible par son prix, rassure-t-on.

Abdou Moustoifa/ Alwatwan

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